L’Etat tunisien a échoué à garantir le droit constitutionnel d’accès à l’eau pour tous les citoyens, ce qui explique la recrudescence des mouvements sociaux revendiquant l’accès à cette ressource vitale, estime le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES).
Lors d’une conférence de presse consacrée à présenter les recommandations du Forum concernant le projet du nouveau Code des eaux en cours d’examen par la Commission parlementaire de l’agriculture, de la sécurité alimentaire, du commerce et des services annexes, la coordinatrice du projet de justice environnementale au FTDES, Ines Labyedh, a expliqué que la Tunisie est classée parmi les pays qui connaissent un stress hydrique, ce qui exige des efforts supplémentaires pour rationaliser l’utilisation de cette ressource, améliorer sa gestion et garantir un accès équitable à l’eau d’autant plus que les politiques testées jusque-là ont fait preuves d’échec.
Pour ce faire, l’Etat tunisien doit, selon le FTDES, adopter une stratégie claire et qui engage toutes les parties prenantes en matière de gestion des ressources en eau afin de préserver cette ressource de plus en plus rare.
Il doit, par ailleurs, impliquer la société civile dans l’élaboration des plans nationaux et régionaux visant à faire face à la sécheresse et à la rareté des ressources en eau et mettre en place des politiques hydrauliques qui prennent en considération la situation de stress hydrique que connait le pays et instaurent des mécanismes de sanctions fermes contre le gaspillage de cette ressource en veillant au partage équitable des responsabilités entre les différents consommateurs (citoyens, opérateurs privés, structures étatiques).
Labyedh a également estimé que la stratégie à mettre en place devrait favoriser le stockage des eaux de pluies pour renforcer les ressources disponibles et la publication des informations et des statiques actualisées régulièrement concernant les ressources en eau dans le pays.
Elle a, en outre, appelé à arrêter la marchandisation de la ressource eau et à mettre davantage en valeur ses aspects sociaux, à excepter le secteur des eaux des contrats de partenariat public-privé, à annuler les contrats de concession et à arrêter d’accorder de nouvelles autorisations aux sociétés de conditionnement des eaux.
Elle a aussi souligné l’importance d’assurer l’égalité entre les citoyens en matière d’accès à l’eau potable et à l’assainissement conformément aux principes des droits de l’homme et aux standards internationaux, considérant que l’actuel Code des eaux datant de 1975 n’est plus en phase avec les dispositions de la Constitution de 2014 qui consacre le droit à l’eau.