Les pertes annuelles des éleveurs suite à l’acquisition du produit fourrager ” le son ” auprès des circuits non formels s’élèvent à 50 millions de dinars. C’est ce qu’a révélé, vendredi 4 juin 2021, le directeur de l’Unité de production animale au sein de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP), Mnawar Sghiri,
L’augmentation récente du prix du son a suscité la colère des agricultures. Décidée le 26 mai 2021 par le ministère du Commerce, cette hausse est estimée à 8 dinars par quintal d’orge fourragère, passant ainsi de 42 dinars le quintal à 50 dinars.
Sghiri souligne que l’UTAP n’accepte pas cette augmentation, notant que les pertes subies par les éleveurs sont importantes, d’autant plus que les quantités du son qui leur sont vendues au prix fixé par les autorités ne représentent que 35% des quantités nécessaires. Le reste est vendu sur le marché parallèle.
” Ceci est dû aux dépassements commis dans la distribution de cette matière dans les régions et la faiblesse du contrôle des ministères du Commerce et de l’Agriculture “, a-t-il dénoncé.
” Un sac du son de 50 kg est légalement vendu à 12,500 dinars, contre 30-35 dinars sur le marché parallèle”, sachant que la Tunisie importe une partie de ses besoins dans ce domaine. L’agriculteur a recours au son et et à l’orge en tant que produits subventionnés, compte tenu du problème structurel lié aux ressources fourragères composés.
Sghiri indique que cette mesure pèsera sur l’agriculteur, qui fait face à plusieurs difficultés, dont le coût élevé de la production. Il rappelle aussi que cette augmentation a coïncidé avec la période d’engraissement des moutons en prévision de l’Aïd Al-Idha (prévu le 21 juillet), ajoutant que l’orge est fortement demandé, surtout par les petits agriculteurs.
Le responsable a souligné que la hausse des prix des fourrages a entraîne une augmentation de coût de la production animalière, notamment celui du mouton qui a dépassé cette année les 12 dinars par kg/vif.
Dans un communiqué publié vendredi, l’UTAP a exprimé son soutien aux protestations menées par les agriculteurs pour protester contre cette augmentation qui va peser lourd sur leurs charges financières.
L’organisation a fait également part de son mécontentement, face à la non concrétisation de l’ensemble de mesures portant sur la filière des produits fourragers et qui ont été convenues dans le cadre de la commission mixte 5 + 5, notamment en ce qui concerne l’accroissement de 10% du quota de l’orge subventionné, mis à la disposition des éleveurs. Elle a rappelé l’impératif d’approfondir la concertation avec les structures de l’organisation agricole à propos de ce dossier.
Les mesures prévoient également, une meilleure maîtrise des prix des intrants des aliments de bétail, la fixation de leur structure tarifaire et des marges bénéficiaires et la formation d’un comité technique regroupant tous les intervenants pour le suivi des prix et de la qualité des fourrages.
Il est à noter que le pays importe annuellement entre 800 et 900 mille tonnes d’orge fourrager, sachant que les prix des fourrages ont augmenté sur les marchés internationaux où le prix du quintal de ce produit a atteint 80 dinars.
Les prix des aliments composés ont aussi évolué de 30% en Tunisie durant les 8 derniers mois, soit une hausse de 250 dinars/tonne en raison de la montée des prix des intrants sur les marchés internationaux (maïs, soja).
Selon le directeur de la production animale à l’UTAP, ” pour la première fois dans l’histoire de la Tunisie, les prix des ” fourrages volumineux ” tels que la paille et le foin ont enregistré une aussi forte hausse en triplant en 2021 par rapport à 2020, précisant que le prix d’une botte de foin a atteint 15 dinars contre 4 dinars en 2020, alors que celui d’une botte de paille a atteint 24 dinars contre 8 dinars en 2020.