Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) lance un appel au gouvernement pour accorder plus d’attention au secteur des micro-entreprises, un secteur qui reste, selon lui, ” négligé ” par rapport à celui des petites et moyennes entreprises, alors que sa contribution à la création d’emploi ” n’est pas anodine “.
Dans une étude intitulée ” Impact attendu de l’ALECA sur les micro-entreprises dans les secteurs du commerce et des services en Tunisie ” publiée récemment, le forum a proposé une série de recommandations destinées à renforcer la compétitivité des micro-entreprises (ME) et à les protéger en perspective de la signature d’un ALECA et l’ouverture des marchés à la concurrence européenne.
Ainsi, l’organisation a jugé indispensable de mettre au point un cadre législatif et une politique publique exclusivement dédiée à la préservation et au renforcement de la compétitivité du secteur des ME de commerce et de service, tout en prenant en compte l’hétérogénéité de ce secteur.
” Les politiques publiques doivent assimiler le fait que les besoins des ME tunisiennes en matière de soutien, d’assistance et d’accompagnement sont spécifiques et ne ressemblent en rien aux besoins exprimés par les entreprises de plus grande taille “, a souligne le forum.
Il a, dans ce contexte, appelé à mieux cibler l’allocation des subventions et des aides publiques, faisant remarquer que le financement public ne doit pas se limiter à des objectifs de résorption du chômage ou de la réduction de la pauvreté mais englober aussi un objectif de promotion et valorisation de l’innovation.
Nécessité de mettre en place un cadre législatif pour protéger les ME opérant dans le commerce de la concurrence européenne
Le FTDES a, par ailleurs, estimé qu’il était impérieux de mettre en place un système de protection des ME en collaboration avec les parties prenantes et les experts en s’inspirant des clauses de l’Accord Général sur le Commerce des Services et qui soit en harmonie avec les clauses de l’ALECA. L’objectif étant de réduire les retombées négatives de l’ouverture sur le marché européen.
Il a, à ce titre, appelé à mettre en place un cadre législatif visant à protéger les ME opérant dans le commerce de gros et surtout le commerce de détail vis-à-vis de la concurrence et adopter des mesures concrètes afin de réduire la vulnérabilité des ME opérant dans les services face à la cette concurrence.
Volet infrastructure, l’organisation a mis l’accent sur l’impératif de faciliter le raccordement des ME aux réseaux d’eau, de gaz et de télécommunication (téléphone et Internet) et de créer de clusters ou zones industrielles accueillant qui puissent accueillir les micro-entreprises qui appartiennent à des domaines d’activité complémentaires (essentiellement les activités de service).
L’objectif étant de créer des externalités positives, des synergies productive (partage des intrants, du capital humain et de la technologie) et des économies de coûts liés à l’extension des réseaux d’infrastructure de base.
Sur le plan financier, le forum a souligné la nécessité de contribuer au développement d’un réseau associatif et coopératif spécifique aux micro-entrepreneurs et de sensibiliser ces derniers aux avantages que procurent le réseautage et l’adhésion aux associations professionnelles (meilleure connaissance du marché, soutien financier et social, formation et amélioration des compétences, etc.).
Il a également exhorté le gouvernement à encourager l’émergence et le développement des coopératives de crédits et des mutuelles d’assurance pour les différentes activités des ME et de mettre en place des initiatives de soutien financier dans les zones rurales et les régions intérieures, en collaboration avec la Banque Tunisienne de Solidarité et les organismes de microfinance.
En outre, il a appelé à développer et étendre des programmes de financement par capital-risque exclusivement dédiés aux ME en collaboration avec les établissements financiers publics et privés.
D’autre part, le FTDES exhorte, dans cette étude, le gouvernement à accroître la transparence et réduire les complications administratives et bureaucratiques qui touchent à l’enregistrement et la délivrance de permis d’activité pour les micro-entrepreneurs.
Il a , également, recommandé de simplifier le cadre législatif, la réglementation du travail et le système fiscal spécifiques aux ME, et de réduire l’opacité de l’information qui les caractérise et empêche les micro-entrepreneurs à accroître leur entreprise.
Selon les chiffres émanant de l’enquête de l’INS de 2016, les ME emploient un nombre estimé à 718 250 personne et génère une valeur ajoutée de 9,487 milliards de dinars (près de 9% du PIB).