Quelque 41 organisations nationales actives dans le domaine de la défense des droits et des libertés ont imputé au Chef du gouvernement Hichem Mechichi ” la responsabilité directe des dérives de l’institution sécuritaire “.

Elles dénoncent, dans un communiqué conjoint publié vendredi, ” les pratiques policières barbares qui ont franchi toutes les limites ” et constituent désormais un ” un point pivot conduisant à une remise en cause radicale de la notion de police républicaine en Tunisie et de la nature de la transition démocratique dans notre pays “.

Elles appellent le chef du gouvernement, qui assure l’intérim à la tête du ministère de l’Intérieur, à “prendre des mesures urgentes qui rendent justice et dignité aux victimes et à leurs familles, et à mettre fin à l’instrumentalisation de l’institution sécuritaire pour résoudre les crises sociales, économiques et politiques “.

Les représentants de la société civile s’indigent des récents événements ” choquants et criminels ” qui ont ” bouleversé l’opinion publique et rappelé l’oppression sauvage et systématique sous Ben Ali “, citant en particulier la ” mort suspecte ” du jeune Ahmed Ben Ammar après son arrestation le 8 juin, et ” l’agression policière contre un mineur du quartier Sidi Hassine-Sijoumi qui a été dépouillé de ses vêtements, trainé par terre et violemment battu sur la voie publique “.

Le communiqué conjoint souligne qu’il ne s’agit pas d’actes isolés mais de ” pratiques qui ont continué après la Révolution et connu une nette recrudescence ces deux dernières années “. Des pratiques qui, dénonce-t-il, se sont clairement illustrées lors de la violente répression policière des mouvements protestations de décembre 2020 et janvier 2021 ” couverte par l’autorité de tutelle en dépit des rapports accablants des organisations nationales et internationales “.

Les organisations nationales en garde contre ” toute tentative de banalisation de l’incident, qui constituerait la négation d’un crime évident et confirmé ” et ” conforterait le système d’impunité des crimes policiers, devenus systématiques et élevés au rang institutionnel ces dernière années “.

Les signataires du communiqué sont notamment le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), ‘l’Organisation tunisienne de lutte contre la torture, la Ligue tunisienne des droits de l’Homme, l’Association tunisienne des femmes démocrates, l’organisation al-Bawsala, le réseau euro-méditerranéen pour les libertés, le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux et l’Observatoire national pour la défense du caractère civil de l’Etat.