A quelques encablures du plein cœur de la ville de Bizerte, connue par ses côtes sublimes, on aperçoit une centaine de bateaux de couleurs vives et joyeuses, amarrés le long d’un quai millénaire que les longues années n’ont fait que consolider le charme.
Le Vieux port de Bizerte, ou son cœur battant qui divise la médina en deux longues rives dont les coins, les impasses et les vieux murs témoignent de l’ère carthaginoise, andalouse, ottomane et de l’occupation française
Ces deux rives où s’entremêlent l’architecture traditionnelle et l’art de la graffiti regroupent les activités touristiques, artisanales et marines.
Malgré sa valeur historique et patrimoniale, il se voit à l’œil nu que l’abri des milliers de navires revendique, aujourd’hui, sa lueur d’antan. Il est, selon les habitants et les professionnels de la région, le théâtre de “crimes environnementaux” qui le mettent en péril.
La société civile se mobilise
Les façades colorées de la première rive, avoisinant le vieux rempart de la médina historique, évoquent les maisons colorées qui se dressent au sommet des falaises Valparaso, ville portuaire au Chili, ou encore celles du quartier malais de la ville du Cap, en Afrique du Sud.
Nous avons rencontré Ahmed Hamdoun, membre et ancien président de l’association qui nous a fait savoir que la rénovation des façades des maisons et la réfection des couleurs, du quartier “Ksiba” n’est qu’un projet piloté par l’association depuis 2011.
L’objectif principal de ce projet, d’une valeur de 250 mille dinars, est de créer à Bizerte une ville de couleur et de redonner éclat à ce port pour qu’il redevienne une destination touristique imposante à l’échelle méditerranéenne, a-t-il lancé.
Pour l’évolution du projet, l’activiste de la société civile a pointé le problème de la pollution des eaux portuaires qui représente, désormais, le principal l’obstacle qui entrave la renaissance de ce site touristique et culturel.
Ahmed Hamdoun dit regretter l’absence de toute coopération avec les structures de l’Etat pour sauver cette partie indissociable du patrimoine de la ville de Bizerte.
Pour lui, les efforts consentis par les composantes de la société civile pour la mobilisation des ressources financières et la réalisation du “rêve” de toute une région sont à saluer.
Le patrimoine marin menacé
Du retour de son escapade de pêche de tous les jours, Othman Jerbi, un pêcheur fidèle au vieux port de Bizerte, s’apprêtait à accoster son bateau. Nous l’avons interrogé sur la situation des ressources halieutiques et les problèmes auxquels sont confrontés les pêcheurs de la région.
Ici, le nombre des navires de pêche est sans cesse croissant alors que l’infrastructure du port n’a point évolué depuis l’époque coloniale, a-t-il dit.
” A Bizerte, le patrimoine marin présente un enjeu important pour le développement de la région, a-t-il affirmé, jugeant indispensable une mobilisation de l’Etat pour préserver la faune marine et les pêcheurs.
Préserver cette fortune menacée passe obligatoirement par la résolution définitive de la question de pollution de la mer et des eaux portuaires, a-t-il soutenu.