Dans une récente étude, le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) estime nécessaire d’accroître la résilience des micro-entreprises tunisiennes et du tissu entrepreneurial qu’il qualifie de “fragile” contre la concurrence européenne prévue dans le cadre de l’Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA).

Dans cette étude intitulée “Etude de l’impact attendu de l’ALECA sur les micro-entreprises dans les secteurs du commerce et des services en Tunisie”, le FTDES recommande d’orienter les programmes de développement et les soutiens budgétaires vers l’extension des réseaux d’eau, de gaz et de télécommunication (téléphone et Internet) et de faciliter le raccordement des moyennes entreprises à ces services de base.

Selon une enquête de l’INS datée de 2016, les moyennes entreprises emploient environ 718 250 personnes et génèrent une valeur ajoutée de 9,487 milliards de dinars, soit près de 9% du PIB.

Créer des externalités positives

L’ONG suggère de créer de clusters ou zones industrielles accueillant des entreprises de moyenne taille qui exercent dans des domaines d’activité complémentaires afin de créer des externalités positives, des synergies productives et des économies de coûts liés à l’extension des réseaux d’infrastructure de base.

En ce qui concerne le financement, le FTDES propose le développement d’un réseau associatif et coopératif spécifique aux micro-entrepreneurs et leur sensibilisation aux avantages que procurent le réseautage et l’adhésion aux associations professionnelles (meilleure connaissance du marché, soutien financier et social, formation et amélioration des compétences, etc.).

Créer des coopératives de crédits

Il plaide en faveur de l’émergence et du développement des coopératives de crédits et des mutuelles d’assurance pour les différentes activités des ME, de mettre en place des initiatives de soutien financier dans les zones rurales et les régions de l’intérieur en collaboration avec la BTS et un réseau d’Institutions de microfinance (microcrédit, micro-assurance et micro-épargne) en lançant des lignes de crédits et des programmes de subvention de taux d’intérêt.

Le développement des programmes de financement par capital-risque exclusivement dédiés aux moyennes entreprises en collaboration avec les établissements financiers publiques et privés et le lancement de compagnes de sensibilisation et des programmes de formation visant à répandre une certaine culture financière parmi les micro-entrepreneurs, figurent également parmi les recommandations du FTDES.

Renforcer la compétitivité des moyennes entreprises

En matière de politique concurrentielle et d’aide publique, les auteurs de l’étude soulignent l’importance de mettre en place un cadre législatif et une politique publique exclusivement dédiée à la préservation et au renforcement de la compétitivité des moyennes entreprises commerciales et de services.

Ils appellent, en outre, à prendre en considération l’hétérogénéité du secteur des moyennes entreprises et à mieux cibler l’allocation des subventions et des aides publiques. L’allocation des subventions, des aides et de toute forme de soutien financier doit privilégier les micro-entrepreneurs innovants.

Un système de protection des moyennes entreprises

L’étude recommande aussi la mise en place d’un système de protection des moyennes entreprises en s’inspirant des clauses de l’Accord général sur le commerce des services et qui soit en harmonie avec les clauses de l’ALECA afin de réduire les retombées négatives de l’ouverture sur le marché européen, ainsi que d’un cadre législatif visant à protéger les ME opérant dans le commerce de gros et surtout le commerce de détail vis-à-vis de la concurrence des grandes et moyennes entreprises européenne après la signature de l’ALECA.

Elle suggère d’adopter des mesures concrètes afin de réduire la vulnérabilité des moyennes entreprises opérant dans les services face à la concurrence européenne.

Transparence et encore la transparence

Pour ce qui est du climat des affaires, le FTDES estime important d’accroître la transparence, de réduire les complications administratives et bureaucratiques qui touchent à l’enregistrement et la délivrance de permis d’activité pour les micro-entrepreneurs et de simplifier le cadre législatif, la réglementation du travail et le système fiscal spécifiques aux moyennes entreprises.

La Tunisie et l’UE négocient, depuis 2016, un Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) qui se base sur l’Accord d’association signé en 1995 et entré en vigueur en 1998 entre la Tunisie et l’UE et qui vise à en augmenter la portée et la profondeur à travers la libéralisation des secteurs de l’agriculture et des services.