Les autorités publiques africaines sont appelées à réagir avec la célérité et l’efficacité nécessaires pour mettre en œuvre les réformes urgentes en vue d’assainir et renforcer le climat des affaires et d’asseoir un environnement incitatif à l’investissement au diapason des exigences pour la création d’entreprises innovantes.
C’est ce qu’a souligné, jeudi 24 juin 2021, Marouane Abassi, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), dans son allocution prononcée au nom du président de la République, Kais Saïed, à l’ouverture de la conférence internationale “FINANCING INVESTMENT & TRADE IN AFRICA” FITA 2021 qui se tient les 25 et 26 juin à Tunis.
Les limites de la mondialisation
Abassi indique que la crise sanitaire COVID-19 et ses retombées néfastes sur l’économie mondiale en 2020 a montré les limites de la mondialisation, qui, en dépit de ses multiples apports à l’économie mondiale, a dévoilé des déficiences majeures, liées notamment à la rupture des chaines d’approvisionnements.
L’importance de la proximité…
Cette pandémie a ainsi mis en exergue l’importance vitale de la proximité, d’où l’impérieuse nécessité, pour les Africains, de se concentrer désormais sur l’importance à accorder au renforcement de la coopération régionale et sous régionale, a-t-il indiqué.
Les échanges inter-africains très faibles…
Il a, dans le même contexte, évoqué la faiblesse de la coopération panafricaine en matière d’échanges commerciaux (14,4 % en 2019), ajoutant que les échanges de biens sur le continent ne dépassent guère 2,5% du commerce mondial, outre la détérioration du ratio d’endettement, qui est de l’ordre de 70% du PIB.
Pour la Tunisie, les échanges avec le continent (hors pays arabes) continuent à représenter des parts minimes dans le commerce extérieur global, soit 2% des exportations et seulement 0,5% des importations.
Marouane Abassi a indiqué que des défis majeurs sont à relever par les pays africains pour raviver au plus vite le rythme de l’activité économique, maîtriser la dette et surtout dépasser les difficultés croissantes qui entravent l’accès aux marchés financiers internationaux, outre la garantie d’un financement stable et à des conditions abordables.
“A cet égard, le FMI estime à 285 milliards de dollars les financements supplémentaires nécessaires aux pays africains sur la période 2021-2025, dont près de la moitié doivent cibler les pays à faible revenu”, a-t-il dit.
Des opportunités…
“Néanmoins, et avec les perspectives de reprise de l’économie mondiale en 2021, (croissance de 5,6% et progression du commerce mondial de marchandises de 8%), de vastes opportunités s’offrent aux économies africaines qu’il faut exploiter à bon escient”.
“A cet effet, la coopération bilatérale et multilatérale constitue un tremplin idéal pour la relance de l’investissement et de la croissance dans nos pays, et là, le secteur privé, par son dynamisme et sa réactivité, constitue le fer de lance de cette reprise, au même titre que les initiatives non gouvernementales…, selon Abassi.
En Tunisie, la contribution du système financier a été déterminante
En Tunisie, face à la pandémie, et en appui aux mesures d’endiguement prises par les autorités publiques, la contribution du système financier a été déterminante dans la gestion de la crise par la mise en œuvre de mécanismes et actions non conventionnelles permettant d’alléger les charges financières des entreprises et des ménages, et de renflouer les liquidités des agents économiques, y compris l’Etat.
“Ce rôle doit être consolidé davantage sur l’ensemble du Continent, en vue d’accompagner efficacement la reprise de l’activité économique, par le renforcement des capacités du système, l’amélioration des services financiers basés sur le digital, au profit des entreprises aussi bien celles agissant dans les domaines conventionnels que les start-ups et les Finetech”, a-t-il estimé.
Rôle des Banques centrales dans la régulation…
Abassi a, par ailleurs, souligné que les autorités de régulation, notamment les Banques centrales, ont un rôle déterminant à jouer, non seulement en tant qu’institutions de stabilisation macroéconomique et de préservation des équilibres financiers, prérequis de la relance de l’investissement local et étranger, mais aussi en tant que pourvoyeur des agents économiques d’un outil fiable d’ancrage des anticipations et de la visibilité nécessaire dans un environnement entaché d’incertitude.
A cet égard, il a noté que la BCT travaille avec ses pairs et partenaires du Continent pour renforcer la coopération dans les domaines du financement, de l’intégration et la modernisation des systèmes de paiements africains, mais aussi sur l’élaboration des statuts de l’Institut Monétaire Africain devant conduire à terme à la création d’une Banque Centrale Africaine.
“Cela étant, les efforts conjugués des différentes parties prenantes dans un souci de réunir les conditions de reprise de la croissance économique, de l’emploi et du développement inclusif et durable, ne peuvent atteindre les objectifs escomptés sans la mise en œuvre de politiques structurelles communes qui requièrent la conjonction des efforts au niveau bilatéral et régional, et qui s’inscrivent dans le cadre de la promotion de l’économie numérique et du développement durable (économie verte), et ce, dans le cadre d’une politique globale de relance post-COVID”, a-t-il indiqué.
Mais d’abord vaincre la Covid-19
Selon Abassi, dans l’immédiat, la priorité absolue est de vaincre la pandémie, qui passe inéluctablement par une vaccination à une grande échelle des populations. Il s’agit, en outre, de choisir les projets prioritaires porteurs, de mobiliser le soutien international pour appuyer les vastes plans de relance des pays de l’Afrique, d’implémenter la transformation numérique en Afrique, de renforcer les investissements dans les secteurs visant l’inclusion financière, en l’occurrence, les fintechs et le commerce électronique, de résorber le déficit énergétique par le développement des secteurs des énergies traditionnelles et renouvelables, de renforcer les liaisons aériennes, terrestres et maritimes.
Il s’agit également de développer la présence bancaire, de favoriser la création de zones de libre-échange au niveau régional et à terme continental et de mettre en œuvre des mesures communes de facilitation du commerce visant à lever les freins bureaucratiques et à simplifier les procédures douanières.