La corruption et la criminalité financière au continent africain ont été centre d’un débat tenu, jeudi 24 juin 2021 à Tunis, en présence d’experts en la matière et des représentants d’organisations de la société civile, actives dans le domaine de la lutte contre la corruption.
Placé sous le thème “Corruption, adieu les tabous en Afrique ! ” cet événement a été organisé par des associations de la société civile à l’instar de “Mourakiboun” et l’Association tunisienne des contrôleurs de gestion et responsables financiers, en partenariat avec l’ambassade du Canada en Tunisie et l’Association internationale des maires francophones.
Intervenant au premier panel intitulé “Corruption, entre préventif et curatif”, le président du Haut comité de contrôle administratif et financier, Imed Hazgui, a fait observer que le processus de la lutte contre la corruption en Tunisie est passé de la mise en place d’un cadre juridique “efficace” à l’application de cet arsenal juridique.
Selon lui, la guerre contre la corruption réunit les deux aspects préventif et curatif, citant les lois adoptées à cette fin dont la loi relative au signalement des faits de corruption et à la protection des lanceurs d’alertes.
Et de conclure : la lutte contre la corruption en Tunisie est une responsabilité commune qui doit être soutenue par une “vraie” volonté politique.
Pour sa part, l’ambassadeur du Canada à Tunis, Patrice Cousineau, a fait référence à l’expérience de son pays dans la lutte contre la corruption, soulignant dans ce sens l’importance du rôle de la société civile et des médias.
“Le gouvernement canadien protège les médias qui dénoncent les faits de corruption d’où le seuil de tolérance face à ce phénomène qui est de plus en plus bas”, a-t-il ajouté.
Les intervenants au deuxième panel sur la digitalisation comme étant un mécanisme de lutte contre les crimes financiers ont été unanimes à souligner la nécessité de la digitalisation des services financiers en Afrique afin d’endiguer le fléau de criminalité financière, qui représente l’un des principaux défis auxquels fait face le développement en Afrique.
Ils ont estimé, dans ce contexte, que la digitalisation, en particulier des services financiers, constitue une solution aux faiblesses bureaucratiques d’un Etat et qui sont “à l’origine de la création d’un climat favorable à la corruption et à la criminalité financière”.
Alors que l’Union Africaine avait ratifié en 2003 la convention sur la prévention et la lutte contre la corruption, aux côtés de 44 Etats sur un total de 55 , le rapport de l’Organisation internationale “Transparency International” classe l’Afrique comme “le continent le plus corrompu au monde”.
Selon le dernier rapport de la Banque mondiale sur le développement en Afrique, les sommes d’argent transférées de l’Afrique vers l’étranger s’élève à 1,8 billion de dollars sous forme de comptes secrets et investissements privés.