Les structures d’appui à l’investissement et à l’exportation en Tunisie (APII, FIPA, CEPEX, APIA, UTICA, CONECT, UTAP, IACE…) ont été fortement critiquées, dernièrement, par l’ancien ambassadeur de Corée du Sud en Tunisie, Cho Koo Rae.

Evaluant son mandat au terme de sa mission en Tunisie, le diplomate sud-coréen a reproché à ces structures de n’avoir rien fait pour exploiter à bon escient le fort potentiel d’échanges commerciaux entre la Tunisie et son pays, et surtout pour n’avoir pas donné plus d’intérêt à des entreprises sud-coréennes venues présenter, en Tunisie, des projets d’investissement à haute valeur technologique et commerciale.

Des frustrations et des ratages

Concernant les échanges commerciaux, Cho Koo-Rae, qui s’exprimait dans une interview accordée à un magazine de la place, trouve incohérent et inadmissible que des structures tunisiennes de promotion à l’exportation (officielles et privées) n’aient rien fait, jusqu’à ce jour, pour conquérir, dans le cadre de la globalisation, le marché coréen, un marché de plus de 50 millions de consommateurs.

Selon lui, des produits du terroir de grande qualité comme l’huile d’olive et le vin tunisiens ont de grandes chances de s’imposer au goût des gourmets sud-coréens.

Il rappellera à ce sujet que la Corée est un des plus grands pays importateurs d’huile d’olive et de vin dans le monde. Actuellement, pour subvenir à ces besoins en ces deux produits, il les importe d’Australie et d’autres pays dans le cadre du libre-échange. « Membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la Tunisie peut faire autant », a-t-il relevé.

S’agissant du peu d’intérêt accordé aux entreprises sud-coréennes venues en Tunisie présenter leurs projets, l’ancien ambassadeur de Corée a cité deux exemples.

Il s’agit d’une entreprise coréenne venue suggérer au business tunisien un projet à forte valeur technologique en matière de construction d’autoroutes. Cette entreprise n’a trouvé aucun écho de la part des entreprises tunisiennes et des structures d’appui à l’investissement étranger publiques et privées. « C’est vraiment dommage », se désole-t-il.

Le second exemple porte sur un projet d’investissement dans la fabrication de prothèses médiales, appareils artificiels pour remplacer des membres et organes du corps mutilés lors d’affrontements armés ou autres. Ce qui a été le cas en Libye. Ce pays voisin de la Tunisie a connu –et connaît encore – une guerre civile avec un lot important de personnes blessées et amputées des jambes ou des mains. La disponibilité de prothèses en Tunisie aurait pu rendre d’éminents services aux Libyens.

Il estime, à ce sujet, que le site Tunisie de production internationale aurait pu renforcer sa notoriété avec un tel investissement dans la mesure où le marché des prothèses médicales a une clientèle sûre, les institutions internationales chargées d’apporter une aide humanitaire sous forme de fourniture de prothèses aux pays qui connaissent des conflits armés comme la Libye.

A son tour et présenté par une entreprise sud-coréenne, ce projet n’a suscité aucun intérêt auprès des entreprises tunisiennes et de leurs représentants syndicaux.

L’homme d’affaires tunisien adepte des gains faciles

Abstraction faite des frustrations du diplomate sud-coréen, les experts qui se sont penchés sur l’étude des relations entre la Tunisie et les pays du sud-est asiatique en général expliquent cette tendance à négliger les offres d’investissement en provenance de ces pays par trois facteurs.

Le premier consiste en le pli qu’ont pris les structures tunisiennes de promotion des IDE à composer exclusivement avec un grand marché de proximité, en l’occurrence l’Union européenne.

Le second facteur a trait à la tendance des chefs d’entreprise tunisiens et à leurs représentants (officiels et privés) à ne pas prendre des risques et à privilégier l’investissement à court terme, à rentabilité immédiate et de souvent de petite taille.

Le troisième facteur serait la non disposition des entreprises tunisiennes à accepter de nouvelles technologies de pointe auxquelles elles ne seraient pas adaptées et initiées.

Néanmoins, rien n’explique l’incompétence, l’irresponsabilité et la bureaucratie qui prévalent au sein de certaines structures d’appui à l’exportation et à l’investissement en Tunisie. Ce sont ces mêmes tares qui expliquent la décision des ministres à penser, dès leur nomination, à créer de nouvelles structures en charge des mêmes fonctions et des mêmes missions.

C’est surtout le cas de la création du Fonds tunisien de l’investissement (FTI) qui fait double emploi avec d’autres structures d’appui à l’investissement et d’accompagnement des entreprises. Il s’agit entre autres de l’Agence de promotion de l’investissement et de l’innovation (APII), de l’Agence de promotion des investissements extérieurs (FIPA), de l’Agence de promotion des investissements agricoles (APIA).