Le long-métrage tunisien “Les silences du palais” de la réalisatrice disparue Moufida Tlatli a été classé première oeuvre sur la liste des 100 meilleurs films de femmes du cinéma arabe. Cette sélection a été faite par plus de 50 critiques de cinéma et dévoilée hier au festival international du film de femmes d’Aswan (Aswan international women film festival) qui se tient dans sa cinquième édition du 24 au 29 juin 2021.
Sorti en 1994, le film “Les silences du palais” a remporté plusieurs distinctions notamment la mention spéciale du jury de la Caméra d’or au festival de Cannes 1994, le prix Fipresci au festival international du film de Toronto 1994, le Tanit d’Or des JCC 1994, le prix du meilleur long métrage au festival du Cinéma d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine de Milan 1995, et la Tulipe d’Or au festival international du film d’Istanbul 1994 ainsi que le Prix de la Meilleure actrice pour Hend Sabry dont c’était le premier rôle.
Le film considéré comme étant une oeuvre culte du cinéma tunisien raconte l’histoire de Alia, 25 ans, qui n’en peut plus de chanter dans les mariages. Après l’humiliation de ce énième gala elle exprime le dégo t de sa vie et une révolte sourde contre Lotfi, qui partage sa vie depuis dix ans sans l’avoir jamais épousée et lui refuse, une fois encore, de garder l’enfant qu’elle porte.
L’annonce de la mort du prince Sid’Ali, un ex-Bey, la replonge brutalement dans son passé. A l’occasion des obsèques, elle retourne visiter le palais de son enfance et de son adolescence, où elle est née d’une mère servante et d’un père inconnu… qui pourrait être le prince. L’état du délabrement du palais, à l’image de Khalti Hadda, la vieille servante en chef devenue aveugle, accable Alia. En déambulant dans les couloirs déserts, lui reviennent les images fascinantes et cruelles qui furent celle de son enfance…
Née le 4 août 1947 à Sidi Bou Said et décédée le 7 février 2021, la réalisatrice, scénariste et monteuse Moufida Tlatli a étudié le cinéma dans la capitale française Paris avant de travailler dans la télévision française comme scénariste et directrice de production. Après cette expérience elle est est retournée en Tunisie en 1972, une année où elle a reçu une haute distinction de mérite dans le secteur cinématographique en sa qualité à l’époque de monteuse.
Son premier long-métrage en tant que réalisatrice ” Les silences du palais ” (1994) lui valent une série de distinctions et de prix. Ayant fait couler beaucoup d’encre, ce film est considéré un film culte qui ” lui ressemble tellement délicat, profond, juste et si triste aussi ” témoigne son amie Houria Abdelkafi.
En effet, après le montage, la défunte s’est orientée vers l’écriture et la réalisation en réalisant durant sa carrière trois films ” Les silence du palais “, (1994), ” La saison des hommes ” ( 2000) et ” Nadia et Sarra ” en 2004.
En tant que monteuse, elle a collaboré à plus d’une quinzaine de films de réalisateurs tunisiens et étrangers de renommée notamment Abdellatif Ben Ammar, Merzak Allouache, Taieb Louhichi, Férid Boughdir, Selma Baccar, Michel Khleifi , Nejia Ben Mabrouk etc.