Alors que la recrudescence de la pandémie de Covid-19 en Afrique dépasse le pic de la deuxième vague, le continent pourrait souffler un peu avec l’annonce d’une reprise des livraisons de vaccins anti-coronavirus.
L’annonce a été faite, jeudi 8 juillet 2021, par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
« Au moment où les cas de Covid-19 grimpent en flèche, on observe des signes de progrès dans la livraison de vaccins au continent », indique l’organisme onusien, qualifiant cette nouvelle « de signes encourageants », surtout que les livraisons de vaccins par le mécanisme COVAX s’étaient pratiquement arrêtées en mai et début juin.
Ainsi, durant les deux dernières semaines, plus de 1,6 million de doses ont été livrées en Afrique par le biais du COVAX. Plus de 20 millions de doses de vaccins Johnson & Johnson/Janssen et Pfizer-BioNTech devraient arriver prochainement des États-Unis en coordination avec l’Union africaine.
Quarante-neuf pays ont été informés des allocations qu’ils recevront. D’autres dons importants de la Norvège et de la Suède devraient également arriver dans les semaines à venir. Mais pour l’OMS, ces livraisons « n’arriveront jamais assez tôt car la troisième vague menace de déferler sur le continent ».
Seulement 66 millions de dosés livrées à l’Afrique
« Avec des livraisons de vaccins contre la Covid-19 beaucoup plus importantes attendues en juillet et août, les pays africains devraient utiliser cette période pour se préparer à étendre rapidement le déploiement », estime Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.
Elle explique : « Les gouvernements et les partenaires peuvent le faire en planifiant l’extension des sites de vaccination, en améliorant les capacités de la chaîne du froid au-delà des capitales, en sensibilisant les communautés pour renforcer la confiance et la demande de vaccins, et en veillant à ce que le financement opérationnel soit prêt à intervenir lorsqu’il est nécessaire ».
Jusqu’à présent, 66 millions de doses ont été livrées à l’Afrique, dont 40 millions de doses obtenues dans le cadre d’accords bilatéraux. Près de 25 millions de doses ont été fournies par le COVAX et 800 000 doses fournies par l’équipe spéciale d’acquisition de vaccins de l’Union africaine.
Moins de 2 % des Africains sont désormais entièrement vaccinés
Les 50 millions de doses administrées à ce jour ne représentent que 1,6% des trois milliards de sérums administrés dans le monde. Seize millions d’Africains, soit moins de 2%, sont désormais entièrement vaccinés. Dix-neuf pays ont utilisé plus de 80% des doses fournies par COVAX, tandis que 31 pays en ont utilisé plus de 50%.
Ces faibles taux de vaccination interviennent en pleine recrudescence de la pandémie du nouveau coronavirus. Selon la branche africaine de l’OMS, l’Afrique a connu la pire semaine pandémique de son histoire, dépassant le pic de la deuxième vague pendant les sept jours se terminant le 4 juillet 2021.
Depuis le début de la troisième vague le 3 mai 2021, les cas de Covid-19 ont ainsi augmenté pendant sept semaines consécutives. Au cours de la semaine se terminant le 4 juillet, plus de 251 000 nouveaux cas de Covid-19 ont été enregistrés sur le continent.
Les cas doublent maintenant tous les 18 jours
Il s’agit d’une augmentation de 20% par rapport à la semaine précédente et un bond de 12% par rapport au pic de janvier. Le Malawi et le Sénégal ont rejoint cette semaine 14 autres pays africains qui connaissent maintenant une résurgence du virus.
Le variant Delta a été détecté dans 10 de ces pays. « L’Afrique vient de connaître la semaine de pandémie la plus grave de son histoire. Mais le pire est encore à venir, car la troisième vague, qui se déplace rapidement, continue de prendre de la vitesse et de gagner du terrain », s’inquiète Dr Moeti.
Pour l’OMS, la fin de cette hausse précipitée n’est pas encore pour demain. Les cas doublent maintenant tous les 18 jours, alors qu’ils doublaient tous les 21 jours il y a seulement une semaine.
« Nous pouvons encore briser la chaîne de transmission en effectuant des tests, en isolant les contacts et les cas et en appliquant les principales mesures de santé publique », a conclu la Dr Moeti.