Abdelhamid SARRAJ est décédé le lundi 12 juillet 2021, à l’âge de 79 ans. Il était l’un des bâtisseurs et développeurs de ce pays qu’il aimait tant.
Un financier avant tout
Né le 23 janvier 1942 à Jammel (gouvernorat de Monastir), Abdelhamid SARRAJ a fait de brillantes études de finances, après avoir obtenu un bac maths au lycée de Sousse. Il était diplômé de l’IHEC Carthage et titulaire d’un DEA en gestion économique et bancaire de l’Université de Paris.
De retour à Tunis, il intégra en 1968 la STB pour y réussir une brillante carrière bancaire, notamment comme premier directeur régional à Sfax et puis premier directeur commercial.
La saga touristique
La découverte du secteur touristique commença en 1977, quand il fut nommé PDG de la société Tourgueness, propriétaire du méga complexe hôtelier Dar Jerba, à Djerba.
Après avoir mis de l’ordre dans l’entreprise, et devoir accompli, Abdelhamid SARRAJ décida de voler de ses propres ailes et de se lancer à son compte dans le tourisme.
A l’âge de 39 ans, en 1981, il devint promoteur hôtelier et construisit son premier établissement : l’hôtel Abou Sofiane (du nom de son fils), inauguré le 6 juin1983 par le Premier ministre de l’époque, Mohamed Mzali.
De catégorie 3 étoiles (puis reclassé 4), les pieds dans l’eau, dans la nouvelle station en vogue de Port El Kantaoui, Abou Sofiane était un fleuron et un must de l’hôtellerie tunisienne.
Encouragé par cette première expérience brillamment réussie, et toujours aussi entreprenant, il bâtit, 10 ans plus tard, en 1994, son 2ème hôtel, « Riviera », derrière le 1er, un 4 étoiles de 500 lits, d’une grande classe.
Toujours aussi entreprenant et développeur, Abdelhamid SARRAJ racheta, le 8 septembre 2001, « Festival », un hôtel de catégorie 4 étoiles, à Skanès Monastir, qu’il rebaptisa « Continental » et puis « Bella Vista ».
Et toujours aussi convaincu et déterminé, il fit l’extension de ses trois unités hôtelières, pour finir à la tête d’un pôle de l’ordre de 3000 lits tous des standing 4 étoiles, très prisés par les tours opérateurs et la clientèle européenne.
Le « all inclusive », c’est lui
Visionnaire et innovant, Abdelhamid SARRAJ était le premier à introduire la formule « All Inclusive », alors très en vogue dans les Caraïbes, avec ses partenaires Continental.
Critiquée, décriée et contestée par ses pairs qu’ils considéraient comme un scandale, la formule « all In » a fini par s’imposer dans toute la Tunisie et par être adoptée par (presque) tous les hôtels balnéaires.
Et l’UNIH, c’est lui aussi
Son engagement et sa foi dans le secteur touristique étaient tels qu’il a veillé, en 2018, à fonder une nouvelle organisation patronale de propriétaires d’hôtels : l’Union Nationale de l’Industrie Hôtelière (UNIH), qu’il voulait comme une sorte de groupement d’intérêt économique.
Restaurateur aussi
Abdelhamid SARRAJ était connu pour être un bon vivant, un homme de goût, de plaisir et de loisirs. Il ne se contenta pas seulement de cette réputation ; mais il passa à l’acte et fit deux restaurants, des plus fréquentés à Sousse, le « Destino » en bord de mer et «Le Bristol » sur le grand boulevard de Kantaoui.
SARRAJ l’industriel…
Connaissant les effets d’entrainement du tourisme, moteur de l’économie tunisienne, SARRAJ s’est lancé dans l’industrie agro-alimentaire et construisit, en 2005, une usine de conditionnement de légumes « Cofagros ». En 2010, il se lança dans le commerce de gros, en créant la société « Smagros ».
… l’agriculteur et le promoteur immobilier
Il a aussi pratiqué l’agriculture, par plaisir, par passion et par défi. Il s’essaya aussi dans l’aqua et la pisciculture. Il a également été promoteur immobilier et il a réalisé des projets et des immeubles d’habitation.
Un homme de défis
Abdelhamid SARRAJ voulait montrer et se prouver qu’il était capable de faire tout ce qu’il voulait, de réussir dans tout ce qu’il entreprenait, qu’il pouvait relever tous les défis et challenges qu’il se lançait.
Fondateur du Rotary Club
L’une des satisfactions ludiques d’Abdelahmid SARRAJ était le Rotary Club de Sousse dont il était le fondateur en… 1986, avec son compagnon de toujours, ami et cousin, l’autre Grand Ridha MLAYAH.
Le patriarche
Dans son excellent livre « Figures de proue du tourisme tunisien », Mohamed Bergaoui a qualifié Abdelhamid SARRAJ de patriarche, un qualificatif qui n’est pas pour lui déplaire. En effet, il veille au petit soin sur toute sa famille : son épouse (et cousine) Nabiha, son fils Sofiène et sa fille Nadia, ainsi que ses petits-enfants qui lui vouent un amour, une adoration et une obéissance sans limite.
Ce n’est pas la mort qui l’a tuée
Certes, Abdelhamid SARRAJ est décédé d’une crise cardiaque, l’après-midi du 12 juillet 2021, après le déjeuner, en se promenant devant ses hôtels et le restaurant de son fils chéri Sofiène : de la plus belle mort pour un hôtelier.
Mais ce qui l’a tué, c’est la peine et la tristesse, l’amertume et la détresse, de voir la situation catastrophique de faillite dans laquelle se débat la Tunisie. Il ne pouvait plus supporter de voir sa chère patrie, son doux pays tomber si bas, par la faute de ses propres concitoyens.
Il a préféré, lui, partir que de voir partir en fumée, le secteur pour lequel, pendant plus d’un demi-siècle, il a travaillé et trimé, érigé et développé, milité et bataillé.
Il ne pouvait plus assister, impuissant et dépité (pourtant il a tout essayé), aux effets dévastateurs de dix ans de pseudo révolution, qui ont mené le pays au dénuement et au chaos, gouverné par des présidents impotents, des chefs de gouvernements apprentis et des ministres incompétents.
Seul le silence est grand !
Que Dieu, le Tout Puissant, lui accorde son infinie Miséricorde et l’accueille dans son Paradis Eternel !
Afif Kchouk