Le président de la République, Kaïs Saïed, a annoncé, lors d’une audience accordée mercredi 28 juillet 2021 à Samir Majoul, président de l’UTICA, l’élaboration d’une proposition de loi d’arrangement judiciaire pour permettre aux hommes d’affaires ayant abusé de l’argent public de régulariser leurs situations, en contrepartie d’un engagement de chacun d’entre eux à financer des projets dans toutes les délégations de la Tunisie qui seront classées par ordre décroissant de la plus pauvre à la moins pauvre.
Saïed a précisé que 460 dossiers avaient été remis à la justice par la Commission de Abdelfettah Amor et que des hommes d’affaires sont impliqués dans la spoliation de l’argent public et seraient redevables d’un montant de 13,500 milliards de dinars, selon les estimations de la Commission nationale sur la corruption et la malversation de 2011.
Pour mémoire, le Rapport de la Commission nationale sur la corruption et la malversation de 2011, appelée souvent “Rapport Abdelfattah Amor” – juriste et militant des droits de l’Homme (décédé en janvier 2012), qui occupait le poste de président de la Commission- n’a pas rendu publics les noms des hommes d’affaires, des personnes et des entreprises impliquées dans des affaires de corruption et de malversation.
Mais, il a fait état d’environ 5 000 requêtes instruites sur 11 000 déposées au bureau d’ordre de la Commission jusqu’à fin 2011, par des personnes physiques et morales et de plus de 400 dossiers transmis à la justice.
Ce rapport avait comporté, à travers des centaines de dossiers, pièces à l’appui, des illustrations des abus et contournements des deniers et octroi de faveurs indues au profit du cercle familial de l’ancien président et de ses serviteurs.
Dans le milieu des affaires, le rapport a fait état de montages juridiques et financiers mis en œuvre par des spécialistes pour faciliter les fraudes massives à la législation en vigueur.
“Les marchés publics, les privatisations, le changement de vocation des terres agricoles, l’octroi d’autorisations d’importation ou de commercialisation (voitures, alcool…), ou d’exportation de certains produits ou encore l’attribution de lots de terrains à construire dans certaines zones étaient devenus l’apanage de la présidence au détriment des services légalement compétents “.
La privatisation des entreprises n’a pas préservé, dans divers cas, les intérêts du trésor public. La procédure a été plutôt déviée de manière à permettre aux proches de l’ancien président et certains hommes d’affaires privilégiés d’accéder à ces entreprises avec des prix inférieurs à leur valeur marchande.
La Commission avait donné la priorité à des dossiers, selon l’ampleur de la corruption et la malversation et aussi les montants de ces malversations.