Pour que le 25 juillet 2021, qui a libéré une Tunisie martyrisée, marque l’entrée dans une ère pleinement démocratique, de prospérité et de justice.
Dans l’histoire contemporaine de notre pays, la date du 25 juillet 2021 sera gravée, après notre indépendance (20 mars 1956) et notre Révolution (14 janvier 2011), comme celle de sa troisième libération. Les centaines de milliers, voire les millions de Tunisiennes et de Tunisiens qui sont sortis, bravant le couvre-feu, dans les artères de toutes les villes, au son des youyous et des klaxons de voitures, exprimer leur joie et leur allégresse, en sont l’expression la plus vivante.
Elle marque la fin de la soumission de la Tunisie à un parti dominant antinational inscrit au cœur de la mouvance des Frères musulmans et dans la pleine allégeance à la Turquie de l’AKP et de son président Erdogan. Elle marque la fin de l’Assemblée de la honte, refuge des trafiquants et des contrebandiers, des députés voyous, auteurs effrontés d’agressions et de violences physiques à l’encontre de leurs collègues femmes de l’opposition.
Des députés bénéficiant d’une immunité totale, en amitié avec les terroristes, n’hésitant pas à accompagner des fichés S à l’aéroport et à sermonner et menacer les fonctionnaires de la police des frontières pour les obliger à les laisser quitter le territoire malgré l’interdiction.
Le 25 juillet 2021 marque la fin de la Tunisie comme “premier exportateur mondial de jihadistes”, terre d’accueil des grands prêcheurs du jihad venus d’Orient auxquels sont offerts tous les honneurs officiels et de grands stades pour inciter les jeunes à la haine de l’Occident, de ses alliés et des mécréants et les appeler à rejoindre les champs de combat et de sacrifice.
Il marque la fin d’une justice et d’une police aux ordres, qui ont soustrait plus de 6 268 dossiers de terrorisme et des dizaines de dossiers portant sur l’embrigadement des jeunes vers les zones de conflit.
Il marque la fin d’une justice qui ne donne pas suite aux rapports de la Cour des Comptes, rendant compte d’importants financements extérieurs qui auraient dû disqualifier les listes du parti Ennahdha et du parti Qalb Tounès.
Il marque la fin d’une caste dirigeante avide de pouvoir, opportuniste, cupide, rapidement enrichie et dont le train de vie et les signes extérieurs de richesse (voitures de grand luxe, villas cossues dans les quartiers les plus huppés) ne sont même pas dissimulés, pendant que le peuple souffre d’une grave détérioration de ses conditions quotidiennes d’existence et de tous les services sociaux, et pendant que la jeunesse et les régions délaissées – les vecteurs de la Révolution de la Dignité – sont vouées au désespoir et au sous-développement.
Un parti politique au pouvoir, promoteur d’un capitalisme de bazar, d’une nouvelle bourgeoisie compradore, composée de ses membres et de ses affidés ; destructeur des institutions de développement que la Tunisie a édifiées au cours d’un demi-siècle. Un parti politique qui a utilisé l’Administration et les entreprises publiques pour fournir emplois et privilèges à ses membres et sympathisants, faisant de la Tunisie le pays dont la masse salariale publique est l’une des plus importantes au monde.
La classe gouvernante, au visage de laquelle les Tunisiennes et les Tunisiens ont crié leur mépris et leur colère, est celle qui a conduit le pays à la plus grande crise de COVID-19 du monde et a fait exploser son système sanitaire malgré la générosité et la mobilisation jour et nuit de son corps médical et paramédical ; elle est celle qui a conduit le pays à la banqueroute, à la quasi-cessation de paiement, à la régression économique et sociale ; au désespoir de la jeunesse et de toutes les générations. Une œuvre de destruction massive, c’est ce qu’a subi sous son règne la Tunisie ; une Tunisie martyre.
De la démocratie, la Tunisie ne présentait que la façade. Un processus de régression généralisé, de chute dans les abîmes, de profond rejet de ce qui était présenté comme la «démocratie» était à l’œuvre, un lien étant tissé dans les esprits des gens entre démocratie, corruption et régression.
Le Cercle Kheireddine tient à rendre hommage au courage de toutes les personnes qui ont rendu cela possible et à la hardiesse du président de la République pour les mesures qu’il a prises pour le salut de la Tunisie. Un immense espoir est né ; les Tunisiennes et les Tunisiens reprennent goût à la vie ; ils croient possible un avenir meilleur. La démocratie n’est pas la cause de notre malheur ; elle est l’événement qui a fait de nous un peuple fier et libre ; elle nous donne des moyens plus grands pour accéder à la prospérité partagée.
Pour que ce 25 juillet ne soit pas une page sans lendemain, il faut que la démocratie tunisienne renaisse de ses cendres, qu’elle soit une démocratie vibrante, que les gouvernants deviennent au service des gouvernés, que le fossé, l’abîme, qui sépare la société de ses élites politiques soit rapidement comblé, que la justice sociale soit activée.
Les libertés, toutes les libertés publiques, individuelles et collectives, doivent être scrupuleusement respectées ; l’indépendance de la justice et l’Etat de droit doivent être restaurés ; la lumière doit être faite sur les assassinats des martyrs ; les procès doivent être des procès équitables et transparents.
La Tunisie ne doit pas rater ce nouveau rendez-vous avec l’histoire.
La confiance de nos investisseurs doit être restaurée ; nos partenaires internationaux doivent être rassurés : la Tunisie est un pays libre, accueillant et ouvert.
La sortie de la crise politique, sanitaire, économique, sociale et morale que traverse notre pays doit être une œuvre collective, à laquelle la société civile et la jeunesse au premier rang doivent être les agents, le levain.
Le travail, la lutte contre la rente et la corruption, les compétences et la créativité doivent être mobilisés afin de définir un nouveau contrat social basé sur la participation, l’excellence, la transparence et la dignité.
De nos échecs et de nos avancées, il nous faut tirer les leçons. Toute la vérité et toute la lumière doivent être faites sur les abus et les erreurs de cette dernière décennie. Quitte à condamner et par la suite, s’il le faut, pardonner. Ensemble, nous devons mettre les fondements de la IIIe République : une République démocratique, prospère et juste dans laquelle l’activité politique est soumise à la morale, et les gouvernants sont au service des gouvernés. Une République dotée d’une nouvelle Constitution fondée sur un équilibre des pouvoirs et un système de contre-pouvoirs à laquelle le peuple aura contribué à travers un référendum.
Vive la Tunisie libre et indépendante
DECLARATION DU CERCLE KHEREDDINE