Le Conseil de la Choura du mouvement Ennahdha, réuni depuis mercredi 4 août 2021, fait une déclaration qu’on pourrait qualifier de “révolutionnaire”.
En effet, l’instance suprême du parti islamiste estime nécessaire pour le mouvement d'”opérer une profonde autocritique de ses politiques, d’effectuer les révisions nécessaires et de rénover ses programmes en prévision du 11e congrès du parti prévu fin 2021″, pour mettre ses choix et son positionnement en phase avec les attentes de la rue tunisienne et les derniers développements dans le pays.
Le Conseil de la Choura, réuni sur fond de tensions et de retrait de plusieurs de ses membres, insiste sur l’attachement du parti à la voie du dialogue avec toutes les parties, dont la présidence de la République, pour sortir de la crise, réaliser la paix sociale et entreprendre les réformes nécessaires.
Des excuses !
Dans sa déclaration, le conseil dit comprendre la colère populaire croissante face à l’échec des politiques économiques et sociales, dix ans après la révolution. Il tient toute la classe politique responsable de la situation dans le pays, appelant à la nécessité de présenter des excuses sur les erreurs commises et à œuvrer à rectifier le rendement.
On est parti vite en besogne…
Après avoir dit ce qu’il fallait faire, le Conseil à ses tares en se disant préoccupé par “le vide institutionnel” qui dire depuis plus de 10 jours et le retard dans la nomination de la personnalité appelée à former une nouvelle équipe gouvernementale.
En plus, il a le culot de demander que le prochain gouvernement se soumette au vote de confiance du Parlement pour “se consacrer à la lutte contre la pandémie, la mobilisation des ressources du budget 2021 au titre des dépenses urgentes et l’élaboration du budget de l’Etat 2022″.
Le Conseil insiste aussi sur le besoin pressant d’un ” retour à une situation constitutionnelle normale “, appelant à lever le gel du Parlement pour lui permettre d’accomplir sa mission et redéfinir ses priorités, conformément aux exigences de la nouvelle étape.
Et de préciser que la réunion du Conseil de la Choura consacrée à la situation exceptionnelle que vit le pays suite aux mesures ” putschistes ” prises le 25 juillet dernier par le président de la République, s’est focalisée sur les origines de la colère populaire et des sentiments de déception exprimés par les jeunes.
Le mouvement Ennahdha vit une crise interne en raison des vifs désaccords entre ses membres dont certains ont annoncé leur retrait du Conseil de la Choura à l’instar des députées Yamina Zoghlami et Jamila Ksiksi.
Les dirigeants Abdellatif Mekki et Samir Dilou ont appelé, dans des publications sur leur page Facebook, à une révision profonde de la direction d’Ennahdha pour rectifier le processus.