Le nouveau rapport « Implications of the African Continental Free Trade Area for Trade and Biodiversity : Policy and Regulatory Recommendations » de la CNUCED est on ne peut plus clair : l’Afrique dispose d’une des plus riches biodiversités de la planète. Pourtant, les négociations, jusque-là, qui se déroulent dans le cadre de l’accord historique sur cette zone, font à peine référence à l’environnement. Il s’agit là d’une occasion manquée de parvenir à un développement durable grâce à l’intégration commerciale en Afrique, tel que prévu par l’Agenda 2063 pour l’Afrique.

Dans ce nouveau document, l’institution onusienne estime que l’Accord de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) peut favoriser la promotion du commerce durable de la biodiversité, et une reprise post-pandémie respectueuse de l’environnement.

Ce rapport vient à point nommé quand on sait que les échanges internes du continent se situent, aujourd’hui, entre 15 et 17 %, contre 47 % en Amérique, 61 % en Asie et 67 % en Europe. Or, avec l’entrée en vigueur de la ZLECAf, le commerce intra-africain devrait progresser de 33 % après la suppression complète des droits de douane, selon la CNUCED.

Sans compter que la Zone de libre-échange continentale africaine constitue un marché de 1,2 milliard de personnes et un produit intérieur brut combiné de 2,5 milliards de dollars, et créera un flux d’échange de 3.000 milliards de dollars, sans aucun droit de douane ni restriction à la frontière. La ZLECAf, c’est aussi l’un des projets phares de l’Agenda 2063 de l’UA qui constitue un cadre commun pour une croissance inclusive et un développement durable pour l’Afrique à réaliser au cours des cinquante prochaines années.

Intitulée « Implications of the African Continental Free Trade Area for Trade and Biodiversity : Policy and Regulatory Recommendations », l’étude, élaborée en partenariat avec l’Initiative ABS, porte sur le lien entre le commerce et la biodiversité et les engagements des parties prenantes à l’accord ZLECAf.

Dans cette optique, elle recommande des moyens de transformer l’Accord en un catalyseur du commerce durable de la biodiversité et en un moteur essentiel du redressement et du développement de l’Afrique après la pandémie de Covid-19.

Nouveau protocole

Dans son approche, le rapport combine trois éléments fondamentaux, à savoir l’intégration du commerce et la biodiversité dans l’Accord ZLECAf, la mise en place d’un nouveau protocole pour le commerce et la biodiversité.

Enfin, le rapport fait de la biodiversité « un moteur potentiel de la croissance durable en Afrique ». Car l’Afrique dispose d’une des plus riches biodiversités de la planète. Mais pour les rédacteurs du rapport, et malgré cette immensité de biodiversité, les négociations, jusque-là, qui se déroulent dans le cadre de l’accord historique sur la ZLECAf, font à peine référence à l’environnement. Ce qui fait dire aux experts de la CNUCED qu’il s’agit là d’une occasion manquée de parvenir à un développement durable grâce à l’intégration commerciale en Afrique, tel que prévu par l’Agenda 2063 pour l’Afrique.

Pourtant, le commerce des produits issus de la biodiversité constitue une part importante des exportations des pays africains. Par exemple, note le rapport, en 2017, près de 78 milliards de dollars de produits d’origine biologique ont été exportés par les membres de l’Union Africaine, soit 3,5 % de leur PIB combiné. Le capital naturel, pour sa part, représente entre 30 et 50 % de la richesse totale de la plupart des pays africains.

En outre, l’Afrique abrite huit des 36 points chauds de la biodiversité mondiale – des régions biogéographiques présentant des niveaux importants de biodiversité – et près d’un cinquième de toutes les espèces de mammifères, d’oiseaux et de plantes y vivraient.

A ce sujet, et dans son analyse, David Vivas, juriste de la CNUCED travaillant sur les questions de commerce et d’environnement, y compris sur l’initiative BioTrade, souligne que « l’Initiative BioTrade pourrait jouer un rôle central dans l’établissement d’une voie de développement vert pour les pays africains et ainsi assurer une reprise respectueuse de l’environnement après la pandémie de Covid-19 ».

Points d’inclusion

En effet, l’initiative BioTrade englobe les activités liées à la collecte, à la production, à la transformation et au commerce de biens et de services issus de la biodiversité qui respectent des critères de durabilité environnementale, sociale et économique, connus sous le nom de Critères et Principes BioTrade.

Dans cette optique, l’étude identifie des points d’inclusion potentielle de considérations environnementales dans le texte juridique de l’Accord actuellement en cours de négociation. Elle met en évidence les incitations économiques positives pour le commerce durable des produits de la biodiversité afin de contribuer aux objectifs environnementaux tels que la conservation des écosystèmes et la lutte contre le changement climatique.

In fine, et pour beaucoup d’observateurs, ce rapport peut servir de guide pour l’élaboration des programmes stratégiques de développement. Seulement, il sera difficile d’y parvenir sans une lutte totale contre les pratiques fiscales et commerciales frauduleuses ; les marchés illégaux ; les activités relevant du vol et financement du terrorisme ainsi que la corruption. A juste titre, une réduction du montant annuel de la fuite des capitaux de l’Afrique de 88,6 milliards de dollars permettrait de financer la moitié de son déficit de financement des ODD. Vaste programme en perspective.

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Un rapport qui dit tout


Le rapport « Implications of the African Continental Free Trade Area for Trade and Biodiversity : Policy and Regulatory Recommendations » examine les implications potentielles et opportunités présentées par la ZLECAf pour le commerce légal et durable de la biodiversité/BioCommerce et l’accès et le partage des avantages (APA).

Ainsi, la section 1 explore le concept de BioTrade, aborde la substance des principes et critères de BioTrade mis à jour publiés en 2020 par la CNUCED et illustre comment BioTrade a été mis en oeuvre en Afrique.

La section 2 présente un aperçu historique de l’intégration commerciale africaine, commençant avec la création de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) en 1963 et se terminant avec l›entrée en vigueur de l’Accord de la ZLECAf en 2019.

Quant à la section 3, elle donne un aperçu général des liens plus larges entre le commerce et l’environnement, le commerce des marchandises, y compris les barrières non tarifaires (BNT), le commerce des services, les droits de propriété intellectuelle (DPI), la politique de la concurrence et la coopération.

Source: www.lopinion.m