A l’occasion du sommet de Glasgow, la Tunisie relève ses ambitions en termes de réduction des effets des changements climatiques, en dépit des difficultés financières auxquelles elle est confrontée. C’est ce qui ressort de la version actualisée du document Contribution déterminée au niveau national (CDN).
Les détails de ce document seront annoncés au public jeudi 23 septembre 2021, avant d’être soumis, après approbation, à la plateforme de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, à l’instar des 191 signataires de l’Accord de Paris (avril 2016).
La Tunisie propose, dans sa contribution actualisée, de réduire son intensité carbone de 45% d’ici 2030 au lieu des 41% (dans la première version). Malgré l’absence de chiffres clairs évaluant le taux de réalisation des objectifs fixés précédemment et malgré la situation économique difficile, la Tunisie tient à la conception de ses stratégies, au renforcement de sa ” diplomatie climatique ” et au maintien de ses partenariats régionaux et internationaux pour bénéficier de toutes les mesures, au niveau international, relatives au phénomène de changements climatiques mondiaux.
Au niveau local, la Tunisie projette d’atteindre ses objectifs climatiques en mettant en œuvre des plans dans tous les secteurs stratégiques tels que l’énergie, les industries manufacturières, l’agriculture, le secteur forestier, la gestion de déchets…
” Le CDN actualisé de la Tunisie propose également, de se concentrer sur d’autres domaines tels que l’économie circulaire, la sécurité alimentaire, la sécurité de l’eau, le développement social…”, a souligné Mohamed Zemerli, point focal Tunisie de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques.
Le responsable a ajouté, lors d’une réunion organisée, récemment, par l’ambassade britannique à Tunis, que l’objectif consiste à créer de la richesse et de nouveaux postes d’emplois, ainsi qu’à instaurer la décentralisation de l’action climatique.
Les efforts de réduction des effets de changements climatiques seront axés notamment sur le secteur de l’énergie, qui est responsable, à lui seul, de 75% des émissions de dioxyde de carbone, contribuant à l’intensité carbone, selon la première version de CDN de la Tunisie.
La Tunisie s’est engagée, depuis l’Accord de Paris et même avant, dans une politique de transition énergétique visant à porter la contribution des énergies renouvelables dans le mix énergétique et dans la production d’électricité à 30 % d’ici 2030, mais la crise sanitaire et économique provoquée par la pandémie du coronavirus a entravé cette politique.
Pour ce qui est du plan portant sur le secteur de l’énergie, il prévoit la réduction de l’intensité carbone de la Tunisie de 46 % d’ici 2030, par rapport à 2010.La Tunisie avait fixé ses besoins en ressources financières à environ 20 milliards de dollars pour concrétiser ses engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 41 % et s’adapter aux changements climatiques. Mais, à ce jour, elle n’a pas réussi à mobiliser cette enveloppe.
Ainsi, le prochain sommet sur le climat pourrait être l’occasion d’activer la diplomatie climatique, rencontrer des donateurs et commercialiser des projets nationaux, afin de parvenir à collecter ces ressources financières et atteindre les objectifs escomptés.
Mobilisation pour le sommet de Glasgow
La Tunisie se prépare à participer en novembre prochain, à la 21ème Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP26), qui sera organisée cette année par le Royaume-Uni, en partenariat avec l’Italie, dans la ville écossaise de Glasgow, du 31 octobre au 12 novembre 2021.
La délégation tunisienne, qui participera à ce sommet, comprend environ 80 membres représentant toutes les parties prenantes (parties gouvernementales, société civile, médias, autorités locales…).
Concernant les ambitions de la Tunisie et son plan actualisé sur le climat, Zemerli a affirmé que ” notre pays déploie tous les efforts pour atteindre ses objectifs en matière de réduction de l’intensité carbone “.Et d’ajouter qu’elle prévoit l’organisation d’une réunion parallèle sur la problématique de la neutralité carbone, en marge de la Conférence de Glasgow.
La neutralité carbone consiste en l’obtention d’une empreinte ” zéro carbone ” dans de nombreux secteurs économiques, en éliminant les émissions de dioxyde de carbone associée, notamment dans les domaines de transport, la production d’énergie et les opérations industrielles, ainsi qu’à travers la production de carburants neutres en carbone.
Principaux défis du prochain sommet sur le climat
En novembre prochain, les négociateurs et les représentants des signataires de l’Accord de Paris poursuivront les débats et la recherche de consensus et de solutions afin que les pays riches (qui sont les gros responsables des émissions de gaz à effet de serre) honorent leurs engagements envers la communauté internationale.
Les discussions porteront, également, sur les moyens qui permettront d’augmenter la production d’énergie renouvelable, de maintenir le réchauffement climatique en dessous de 2°C et d’ aider les pays les plus pauvres à lutter contre le réchauffement climatique.
Le prochain sommet sera organisé après une année (2021) qui a été marquée par des événements météorologiques extrêmes et mortels à travers le monde, dont des incendies de forêt, des pluies torrentielles, des inondations…
D’après le rapport du Groupe intergouvernemental des experts du climat, qui comprend environ 234 experts scientifiques du monde entier, les phénomènes climatiques et les catastrophes naturelles deviennent plus fréquents dans un monde où les températures augmentent, d’autant que les êtres humains ne contribuent pas ou peu à prendre des mesures adéquates pour réduire leurs émissions.
Ce comportement ne concerne pas uniquement les dirigeants des pays, mais aussi les individus qui sont aujourd’hui appelés à repenser leurs choix de consommation et d’alimentation, à avoir recours aux énergies renouvelables, au reboisement et à d’autres actions responsables et conscientes envers la nature.
Les décideurs et les chefs de grandes entreprises sont à leur tour invités à s’entendre pour mettre en place des stratégies efficaces pour réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et concevoir un plan d’action visant à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.Le prochain sommet de Glasgow est également l’occasion de rappeler au G7 la nécessité de tenir leurs promesses, notamment celle d’allouer 100 milliards de dollars par an aux pays les plus pauvres, pour les aider à réaliser leurs plans d’adaptation climatique et à faire face aux effets de changements climatiques.
Le Sommet de Glasgow se tiendra dans un contexte difficile marqué, depuis plus de deux ans, par la pire crise sanitaire et économique vécue par l’humanité durant les temps modernes, due à la propagation du coronavirus, dont les répercussions sont dévastateurs sur l’économie et sur la vie des gens, mais contexte constitue également une opportunité de repenser les modes de développement habituels et de réfléchir sur la possibilité de construire une économie verte et un développement durable.