L’inaction des gouvernements face aux changements climatiques pourrait mener à une crise de santé publique et à une détresse psychologique généralisée chez les enfants et les jeunes, constate une étude scientifique publiée mardi et dirigée par des universitaires et des professionnels de l’Université de Bath, du Stanford Medicine Centre for Innovation in Global Health, de l’Oxford Health NHS Foundation Trust et d’autres.
Basée sur une enquête menée auprès de 10 000 enfants et jeunes dans dix pays, l’étude a révélé qu’une détresse psychologique généralisée est constatée chez les enfants et les jeunes du monde entier, elle est “significativement liée à l’inaction perçue des gouvernements sur le changement climatique”.
Près de la moitié des jeunes (45%) interrogés ont déclaré que l’anxiété et la détresse climatiques affectent leur vie quotidienne, selon cette étude, la plus grande réalisée sur l’anxiété climatique chez les enfants et les jeunes.
Ladite étude est actuellement en cours d’examen par les scientifiques de la revue “Lancet Planetary Santé”.
“59% des jeunes, sont très ou extrêmement inquiets alors que 75% ont estimé que l’avenir était effrayant et 64% ont déclaré que les gouvernements n’en faisaient pas assez pour éviter une catastrophe climatique”.
“58% des jeunes ont déclaré que les gouvernements les trahissaient, tandis que 61% ont déclaré que les gouvernements ne les protégeaient ni eux, ni la planète, ni les générations futures”, selon l’étude.
Wafa Hmadi, consultante en changement climatique, chargée du projet Action locale pour le climat et de la Plateforme de la jeunesse arabe pour le développement durable, estime que ” les niveaux d’anxiété climatique augmentent, surtout après les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui ont révélé des faits effrayants et notamment les sacrifices majeurs que devront consentir les jeunes et les enfants pour survivre sur la Terre héritée de leur parents et grands-parents “.
Le plus récent rapport international du GIEC, paru le 9 août 2021, est d’ailleurs considéré comme “une alerte rouge pour l’humanité”.
Selon les analyses de la plateforme “Carbon Brief”, dans un monde où le réchauffement est limité à 1,5°C, la personne moyenne née aujourd’hui, doit émettre huit fois moins de CO2 que leurs grands-parents, a rappelé Hmadi.
“C’est comme si nous transmettons à nos enfants comme héritage, nos responsabilités que nous avons fuies. Sans compter la montée des températures qui va les épuiser physiquement. Aujourd’hui les jeunes manifestent une peur chronique de l’inaction climatique “, a développé la jeune militante tunisienne pour le climat.
Selon le rapport sur les risques mondiaux du forum économique mondial 2020, l’échec de l’action climatique est le 1er risque dans le top 10 des risques majeurs au cours des 10 prochaines années. Il est classé avant le risque lié aux armes de destruction massive.
Les jeunes des pays du Sud, les plus inquiets !
C’est les jeunes interrogés dans les pays du Sud, qui ont exprimé plus d’inquiétude et un plus grand impact des changements climatiques sur leur vie quotidienne. Pour ce qui est des jeunes du Nord, ceux interrogés au Portugal (qui a connu une augmentation spectaculaire des incendies de forêt depuis 2017), ont exprimé le niveau d’inquiétude le plus élevé.
La plateforme de campagnes et pétitions internationales “AVAAZ “, qui offre à des millions de personnes du monde entier, la possibilité d’agir sur les questions internationales les plus urgentes, s’attend à des réactions de la part de personnalités politiques mondiales, de jeunes militants pour le climat, d’associations médicales et d’experts des droits de l’homme.
L’ensemble de ces derniers avertissent que l’inaction continue des gouvernements sur le changement climatique, pourrait conduire à une crise de santé publique parmi nos jeunes, ce qui pourrait constituer une violation du droit international des droits de l’homme.
Caroline Hickman, de l’Université de Bath, Climate Psychology Alliance et co-auteure principale de l’étude, citée par ” AVAAZ” a déclaré : ” Cette étude brosse un tableau horrible de l’anxiété climatique généralisée chez nos enfants et nos jeunes “. ” L’anxiété de nos enfants est une réaction tout à fait rationnelle étant donné les réponses inadéquates au changement climatique qu’ils voient de la part des gouvernements. Qu’est-ce que les gouvernements ont besoin d’entendre de plus pour agir ? ”
Abondant dans ce sens, Dr Liz Marks, de l’Université de Bath et co-auteur principal de l’étude, a affirmé : ” C’est choquant d’entendre à quel point tant de jeunes du monde entier se sentent trahis par ceux qui sont censés les protéger. Il est maintenant temps de faire face à la vérité, d’écouter les jeunes et de prendre des mesures urgentes contre le changement climatique”.
En Tunisie, les jeunes se mobilisent de plus en plus pour le climat. Le samedi prochain, 18 septembre courant, le mouvement “Jeunesse pour le climat” va organiser une manifestation à Tunis, pour appeler les autorités à réagir et revendiquer la mise en place d’un état d’alerte climatique.