L’Union générale tunisienne du travail (UGTT) alerte sur la concentration des pouvoirs entre les mains du chef de l’Etat, et ce en l’absence de structures constitutionnelles de régulation, estimant urgent de former un gouvernement ayant toutes les prérogatives afin qu’il soit capable de surmonter tous les défis tout en respectant les engagements de l’Etat envers ses partenaires sociaux
Dans un communiqué publié sur sa page officielle en réaction à la promulgation, mercredi dernier, par le chef de l’Etat du décret présidentiel n°2021-117, l’UGTT a estimé que ce décret constitue le début de la clarification de la feuille de route bien qu’il n’a comporté aucune mesure ou délai fixant la fin de cette situation provisoire qui dure depuis le 25 juillet dernier.
Dans ce contexte, la centrale syndicale a souligné que l’amendement de la constitution et du code électoral est une question qui concerne toutes les composantes de la société (institutions de l’Etat, organisations, associations, partis politiques et personnalités nationales) et qui doit être le fruit d’un dialogue national élargi dans le cadre d’une approche participative. ” Leur amendement, uniquement par le chef de l’Etat, est une menace pour la démocratie “, lit-on de même source.
Par ailleurs, l’UGTT a mis l’accent sur l’importance d’étendre les réformes pour englober tous les secteurs afin de rompre définitivement avec l’anarchie, la corruption et le terrorisme qui ont dominé la dernière décennie.
La centrale syndicale a exprimé son refus absolu à l’atteinte des acquis de la société tunisienne dont essentiellement le code du statut personnel, la liberté de conscience et d’expression, le dialogue social et le droit de s’organiser soulignant la nécessité de respecter les droits et les libertés qui sont le fruit de la révolution du 17 décembre-14 janvier et de décennies de militantisme.
Selon l’UGTT, le dialogue demeure la seule issue pour sortir de cette crise.
Elle a, en outre, condamné toute intervention dans le système judiciaire et dans les médias appelant à mettre fin à l’impunité dans les crimes de corruption, de terrorisme et dans les crimes électoraux.
L’UGTT a également appelé à mettre fin à la violence et à apaiser les tensions pour éviter les conflits rappelant que le pays sombre actuellement dans une crise économique et sociale en l’absence de perspectives et de programmes clairs et ce, parallèlement à une conjoncture régionale et internationale difficile qui impacte négativement la situation dans le pays.
Le président de la République Kais Saied avait promulgué, mercredi dernier, un décret présidentiel n°2021-117 portant sur de nouvelles mesures exceptionnelles. Il a décidé de maintenir toutes les activités du parlement suspendues, de maintenir la levée de l’immunité parlementaire des députés et de suspendre toutes les indemnités et avantages accordés au président du parlement et ses membres.
En vertu de ce décret présidentiel, le préambule de la constitution, les chapitres 1 et 2 (principes généraux et droits et libertés) et toutes les dispositions constitutionnelles qui ne s’opposent pas avec ces mesures exceptionnelles restent en vigueur.
Il a été également décidé, la suppression de l’instance provisoire de contrôle de la constitutionnalité des projets de loi.
Kais Saied avait annoncé le 25 juillet dernier une série de mesures exceptionnelles sur la base de l’article 80 de la Constitution qui stipule qu’en cas de péril imminent menaçant l’intégrité nationale, la sécurité ou l’indépendance du pays et entravant le fonctionnement régulier des pouvoirs publics, le président de la République peut prendre les mesures qu’impose l’état d’exception.
Il a décidé la suspension de toutes les activités du parlement pendant 30 jours, la levée de l’immunité parlementaire des députés et la révocation du chef du gouvernement Hichem Mechichi. Le 23 août, il a décidé, par décret présidentiel, la prolongation de la période d’application des mesures exceptionnelles.
En analysant la situation, force est de constater que quand il y a monopole détenu par un autre corps, l’UGTT est contre, mais elle-même détenant un monopole, fût-il syndical, cela ne semble pas la déranger.