L’Afrique du Nord pourrait enregistrer 19,3 millions de migrants climatiques d’ici 2050, soit 9% de la population totale prévue dans cette région, révèle le dernier rapport Groundswell intitulé “Agir face aux migrations climatiques internes”, qui vient d’être publié par la Banque mondiale.
Sur six régions analysées dans ce rapport, l’Afrique du Nord est la 4e région qui sera la plus touchée par ce phénomène. Elle devrait afficher pourtant la proportion la plus importante de migrants climatiques internes par rapport à la population totale.
L’Afrique subsaharienne (85,7 millions de migrants, 4,2% de sa population totale) ; l’Asie de l’Est et Pacifique (48,5 millions de migrants, 2,5% de sa population totale) et l’Asie du Sud (40,5 millions de migrants, 1,8% de sa population totale), seront les trois régions qui verront le plus de migrants internes. L’Amérique latine (17,1 millions de migrants, 2,6% de sa population totale) et l’Europe de l’Est et Asie centrale (5,1 millions de migrants, 2,3% de leur population totale) seront, quant à elles, les régions les moins touchées par ce fléau.
En somme, pas moins de 216 millions de personnes pourraient être contraintes de migrer à l’intérieur d’ici à 2050 dans les six régions.
Les perturbations liées à la disponibilité de l’eau seraient “le principal moteur des migrations climatiques internes” en Afrique du Nord, indique le rapport qui couvre l’Asie de l’Est et Pacifique, l’Afrique du Nord, l’Europe de l’Est et l’Asie centrale. Ce document fait suite à une première partie publiée en 2018, laquelle analysait l’Afrique subsaharienne, l’Asie du Sud et l’Amérique latine.
Le Grand Tunis devrait devenir un foyer d’immigration climatique
Ces perturbations pourraient chasser les populations des régions côtières et intérieures, où les pénuries d’eau s’aggravent, ralentissant la croissance démographique dans les foyers d’émigration le long de la côte nord-est de la Tunisie, de la côte nord-ouest de l’Algérie, dans l’ouest et le sud du Maroc ainsi que sur les contreforts de l’Atlas central qui subissent déjà le stress hydrique.
Parallèlement, plusieurs autres lieux où l’eau est plus abondante devraient devenir des foyers d’immigration climatique, notamment des centres urbains importants comme Le Caire, Alger, Tunis, Tripoli, le corridor Casablanca-Rabat et Tanger.
Par ailleurs, les mesures d’adaptation seront toujours aussi importantes pour les secteurs sensibles au climat, notamment l’agriculture, étant donné son importance pour les moyens de subsistance et l’emploi dans la région.
Les migrations climatiques internes devraient s’intensifier si rien n’est fait
Si les pays ne réduisent pas les émissions mondiales de gaz à effet de serre et ne renforcent pas leur résilience aux effets actuels et futurs du changement climatique, les migrations climatiques internes devraient augmenter au cours des prochaines décennies, puis s’accélérer pendant la seconde moitié du siècle, prévient encore la même source.
Cet exode devrait toucher les régions où les moyens de subsistance sont menacés, poussant les migrants vers des zones offrant de meilleures conditions de vie.
Pour endiguer ce fléau, les deux principaux auteurs du rapport, Kanta Rigaud et Viviane Clément, ont souligné la nécessité d’agir rapidement et de manière concertée pour abaisser les émissions mondiales de gaz à effet de serre et assurer un développement inclusif et résilient, ce qui contribuerait à limiter l’ampleur des migrations climatiques internes de 80 %.
La réduction des émissions mondiales pourrait se traduire par une atténuation des effets du réchauffement climatique, notamment la baisse de la productivité des cultures, le stress hydrique et l’élévation du niveau de la mer
Selon eux, les pays peuvent aussi anticiper les facteurs de migration et s’y préparer. Ils ont ainsi la possibilité d’aider les populations à s’adapter là où elles vivent, en diversifiant les moyens de subsistance ou en facilitant leur mobilité en cas de besoin.