A la surprise générale, deux mois après son coup de force constitutionnel du 25 juillet 2021, le président de la République, Kaïs Saïed, a enfin décidé de charger, pour la première fois dans l’histoire de la Tunisie indépendante, une femme, en l’occurrence Najla Bouden Romdhane, « pour former un gouvernement dans les meilleurs délais ».

Le communiqué de la présidence de la République ne précise toutefois pas si Najla Bouden, géologue de formation, est nommée au poste de “Premier ministre ou de chef de gouvernement ; le texte dit simplement qu’elle est chargée de la formation du prochain gouvernement.

Le futur gouvernement aura à accomplir deux missions majeures selon le chef de l’Etat : mener une lutte sans merci contre la corruption, et satisfaire les besoins et droits naturels des Tunisiens et Tunisiennes à l’enseignement, à la santé, au transport et à une vie décente. Sous-entendre par là le retour de l’Etat providence social.

Agée de 63 ans (elle est née en 1958), Najla Bouden épouse Romdan est originaire de Kairouan, haut cadre au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique où elle occupait le poste de directrice générale et cheffe de l’Unité de gestion du projet de modernisation de l’Enseignement supérieur en soutien à l’employabilité (PromESsE-Tn) – un programme de la Banque mondiale dédié à la valorisation et à l’exploitation des résultats innovants issus des structures de recherche.

En 2011, elle a été nommée directrice générale chargée de qualité au ministère de l’Enseignement supérieur, puis chargée de mission auprès du cabinet du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique de l’époque, Chiheb Bouden, février 2015 – août 2016) dans le gouvernement d’Habib Essid.

Ce dernier, spécialisé dans les énergies vertes, est lui aussi originaire de Kairouan. Pour la petite histoire, toute l’équipe Bouden a fait, à l’époque (c’est-à-dire dans le cadre du gouvernement Habib Essid) du bon travail. Elle est parvenue à consigner dans la note d’orientation du 13ème plan quinquennal de développement (2016-2020) la promotion des énergies vertes en tant que priorité de développement aux côtés de deux autres : le numérique et l’économie sociale et solidaire (tiers secteur).

Par ailleurs, au regard de son parcours et surtout de l’expertise développée en matière de promotion de la qualité de l’enseignement supérieur, Najla Bouden ne manquera pas d’œuvrer à élever le niveau tant souhaité de nos universités et, partant, de celui de nos étudiants. C’est un challenge de taille.

Pour revenir à l’effet surprise de cette nomination, nous pensons que c’est devenu une habitude chez le président de la République. Il adore surprendre tout le monde, car depuis des semaines des bruits persistants envoyaient Marouane Abassi, Nadia Akacha, Nizar Yaïche, Hakim Ben Hammouda, etc. à La Kasbah.

Pour preuve : il a été élu à la surprise générale président de la République ; il a osé, alors qu’on s’y attendait le moins, limoger, à la date symbolique du 25 juillet, date de la proclamation de la République, le chef du gouvernement déloyal Mechichi et suspendu le Parlement du gourou Ghannouchi. Et aujourd’hui, il nomme, contre toute attente, une femme à la primature.

Espérons que les prochaines surprises seront aussi heureuses que les premières.

A bon entendeur.

Abou SARRA