Biware, opérateur dans la gestion et l’analyse des données, réussit sa première levée de fonds avec 3,5 millions de dinars accordés par la CDC Gestion et Zitouna Capital. Soit une preuve de la confiance des investisseurs Biware en ses capacités à créer de la valeur et à stimuler la croissance d’autres entreprises à travers des solutions intelligentes, innovantes et avant-gardistes.
Le point avec Walid Kaâbachi, cofondateur de Biware, Tarak Triki, DG de CDC Gestion, et Mounir Fakhet, DG de Zitouna Capital.
Pourquoi des PME comme Biware représentent un bon investissement pour des fonds tels que les vôtres ?
Tarak Triki : Il y a des investissements qui cadrent parfaitement avec les PME comme Biware. La Tunisie a beaucoup investi dans le savoir, nous avons la chance d’avoir de très bons ingénieurs, que nous exportons ailleurs.
Nous avons de la ressource et j’estime qu’il est important d’ailleurs de parler plutôt PME technologiques et non startups. Les PME qui font de l’intégration ne peuvent pas être considérées comme des startups puisqu’elles se greffent sur des éditeurs de logiciels beaucoup plus grands et beaucoup plus importants. Ce sont des vecteurs de développement pour les éditeurs de logiciels.
Pour un pays comme la Tunisie, elles représentent un outil important pour attaquer le marché africain et conquérir éventuellement l’Europe via des intégrateurs nationaux. Ces intégrateurs peuvent être le terreau des startups de demain, parce qu’ils ont la capacité de mettre en place des projets affirmés et stables.
Le problème des startups est que si jamais elles n’arrivent pas à procéder à des levées de fonds successives, elles risquent de disparaître. Ce n’est pas le cas d’une PME telle que Biware qui s’est développée progressivement, sûrement et graduellement.
Quelle est la mission essentielle de Biware ?
Walid Kaâbachi : Biware fait de l’analyse de données. Elle capte les données, les nettoie, les enrichit et puis les analyse en profondeur pour définir les tendances du marché et permettre aux grands groupes, aux grandes entreprises d’anticiper leurs stratégies de développement.
Biware aide aussi bien les grandes entreprises que les PME à grandir, à progresser et avoir plus de parts de marchés.
Je suis une PME, je me présente à vous pour solliciter votre aide pour développer mes activités. Que pouvez-vous m’offrir ?
Walid Kaâbachi : Dans l’informatique il y a plusieurs aspects. Il y a ce dont on ne parle pas beaucoup comme l’intelligence des données. Biware est un acteur de la Data Analytics. Nous travaillons sur un axe transversal qui nous permet de récolter toutes les données de l’entreprise. Ces données captées au niveau de tous les processus métiers de l’entreprise sont analysées par nos soins pour faciliter aux tacticiens stratèges de l’entreprise la prise des bonnes décisions dans leur gestion courante.
Est-ce du benchmark ?
Walid Kaâbachi : Le benchmark est une analyse que nous réalisons; elle est figée dans le temps. A Biware, nous livrons de l’information analysée au continu. Le processus d’analyse est automatisé et devient récurant dans la prise de décision. Nous ne nous basons pas sur l’image figée de la donnée pour dire à l’entreprise, sur la base de ces informations, “vous devriez faire ceci ou cela”. Nous analysons en permanence, nous sommes dans l’automatisation informationnelle.
Les informations sont injectées automatiquement grâce à ce système. Si une entreprise est dans l’agroalimentaire, à chaque fois qu’il y a de nouvelles données, elles sont introduites systématiquement dans sa database et analysées. L’intelligence artificielle c’est aussi cela, la capacité de récolter toutes les informations en couvrant un large spectre permettant de comprendre plus le processus et de prendre les bonnes décisions.
Dans notre domaine, on utilise des algorithmes mathématiques, on parle de data science, de statisticiens, d’intelligence artificielle. Il s’agit en fait de l’application d’algorithmes mathématiques sur un ensemble de données qui servent à cerner les tendances; l’IA est un outil d’aide à la prise de décisions.
Quels sont les arguments présentés à CDC Gestion et Zitouna Capital pour les convaincre d’investir dans Biware ?
Nous avons, sur une année, avec nos investisseurs, étudié le dossier. Biware existe depuis 10 ans et sa croissance est de 2 chiffres chaque année, soit une moyenne de 35 à 36% sur les 8 années passées. Mais il nous fallait améliorer le modèle, et, pour ce, il nous fallait consolider notre assise financière.
Au départ, nous étions sous-capitalisés, aujourd’hui, nous avons besoin de fonds pour nous développer plus et mieux.
Depuis 3 ans, Biware est soutenu par la BERD (Banque Européenne pour la Reconstruction et le développement). Nous avons mis en place un plan de développement stratégique sur 6 ans et nous avons présenté ce plan à nos investisseurs ainsi que nos chiffres historiques. Ils les ont analysés, étudiés et ont accepté de nous appuyer.
Quels sont les marchés de Biware ?
Nous sommes une société totalement tunisienne. Nos investisseurs que vous voyez aujourd’hui sont des sociétés de droit tunisien. Nous travaillons sur le marché tunisien mais aussi sur l’Afrique. Nous sommes présents au Nigeria.
Et dans le plan stratégique, nous avons prévu l’ouverture de trois filiales, dont une en France et une autre en Côte d’Ivoire. Historiquement, nous sommes présents en Afrique francophone, avec le Nigeria nous voulons attaquer l’Afrique anglophone.
Investir à Biware illustrerait-il une profonde conviction de la part de CDC Gestion quant à l’avenir prometteur de cette PME ?
Tarak Triki : En fait, CDC Gestion a été créé depuis une bonne dizaine d’années et dispose d’une classe d’actifs intéressante. Investir à Biware représente un risque intéressant qui couple les avantages de l’innovation avec l’avantage du capital développement.
Nous intervenons pour développer l’activité de cette PME technologique. C’est un choix tout réfléchi que celui d’aller chercher des entités comme Biware pour consolider leurs capacités de croissance après qu’elles aient prouvé leurs aptitudes à résister et à se développer.
Nous étudions aussi les tendances du marché et nous sommes fermement convaincus qu’il va y avoir un engouement important pour des PME telles que Biware.
Mounir Fakhet : A Zitouna Capital, nous avons suivi attentivement les activités de Biware. Et dans notre logique d’investissement, nous l’avons classée en tant qu’entreprise établie et confirmée. Ce n’est pas donné de se frayer un chemin à l’international. Et avec l’injection de 3,5 millions de dinars entre nous et CDC Gestion, nous voulons l’aider à franchir des lignes plus importantes dans le développement de ses activités avec de nouveaux produits à proposer sur des marchés intéressants.
L’intégrité des promoteurs a été également un élément capital pour nous. Nous cherchons à soutenir une croissance à fort potentiel, et aujourd’hui qu’il y a des difficultés d’accès aux financements pour les PME technologiques, nous déployons plus d’efforts pour les appuyer.
Nous adoptons une démarche proactive pour les PME comme Biware qui nous intéressent. Elles opèrent dans un domaine innovant et ont pu se frayer un chemin en mettant en place des stratégies pour s’exporter hors des frontières nationales. Pour nous, c’est important et c’est valorisant.
Vous êtes présents dans combien de pays exactement ?
Walid Kaâbachi : Aujourd’hui nous sommes présents dans une dizaine de pays : Algérie, Côte d’Ivoire, Nigeria, rance, Maroc, Sénégal, Togo, Cameroun. Grâce à nos investisseurs, nous consoliderons notre assise internationale. Leur soutien aide les PME telles que la nôtre dans un marché national sous-capitalisé.
En tant qu’ingénieur informaticien à la base tout comme mon associé, munis de nos diplômes, nous avons évolué dans des entreprises nationales et internationales.
Nous avons gagné de l’expérience, des connaissances et un savoir-faire et une expérience qui nous a permis de croire en notre capacité à créer Biware. Notre domaine est extrêmement innovant et nous croyons que le domaine Data Analytics en a pour 50 ans de croissance sans aucun ralentissement. Voyez l’Allemagne, pays fortement industrialisé, et les Etats-Unis, pays hautement technologique.
L’Allemagne se dit : “j’ai créé des entreprises industrielles extrêmement robustes et résilientes, mais je n’ai pas su créer des mastodontes technologiques”. Les mastodontes technologiques pèsent 35% de l’économie américaine, ce qui est extrêmement fort.
Nous, Tunisiens, avons la capacité de créer nos propres solutions à base d’intelligence artificielle, d’innover et de conquérir notre sous-région dans un premier temps et les marchés plus matures plus tard.
Propos recueillis par Amel Belhadj Ali