Le climat de l’Afrique est fondamentalement lié à l’état des forêts d’Afrique centrale et l’exploitation forestière massive peut avoir un impact sur la quantité de précipitations dans toute la région.
L’exploitation forestière industrielle en République démocratique du Congo (RDC) peut perturber gravement les régimes de précipitations en Afrique subsaharienne et provoquer des conditions météorologiques plus extrêmes, notamment des sécheresses intenses et des crues soudaines. Dans une lettre (https://bit.ly/3jr9DY0) envoyée à l’Union africaine, Greenpeace Afrique appelle à une discussion urgente sur les conséquences que les projets du gouvernement de lever son moratoire sur l’exploitation forestière auraient pour les Congolais et les Africains en général.
La reprise de l’exploitation forestière industrielle en RDC pose un risque « pour les peuples autochtones, les communautés locales et la biodiversité, ainsi que pour l’ensemble de l’Afrique subsaharienne ». C’est ce qu’écrit la directrice des programmes de Greenpeace Afrique, Melita Steele, au commissaire à l’Economie rurale et à l’Agriculture, Josefa Leonel Correia Sacko.
Le climat de l’Afrique est fondamentalement lié à l’état des forêts d’Afrique centrale et l’exploitation forestière massive peut avoir un impact sur la quantité de précipitations dans toute la région. On estime que la forêt du bassin du Congo contribue à plus de la moitié des précipitations annuelles en Afrique subsaharienne, déjà confrontée à une pléthore de sécheresses et de vagues de chaleur extrêmes.
En juillet 2021, la vice-Première ministre congolaise et ministre de l’Environnement, Ève Bazaiba, a annoncé la levée du moratoire sur les nouvelles concessions forestières, en place depuis 2002. La décision a été approuvée le 9 juillet par le onzième Conseil des ministres, présidé par le Président Félix Tshisekedi. Un décret d’application serait imminent.
« Décider de protéger ou de détruire la forêt tropicale peut relever de la souveraineté de la RDC, mais les conséquences de ses actions se feront sentir partout, de Nairobi à Dakar, de Pretoria à Abjua », écrit Steele au nom de Greenpeace Afrique.
Au-delà des implications directes pour les Congolais et les autres peuples africains, la décision de lever le moratoire contredit les engagements (https://bit.ly/3b2bOg4) pris par le président de la République, Félix Tshisekedi, lors du sommet des dirigeants sur le climat en avril dernier à l’initiative du président Joe Biden, de protéger la forêt et d’augmenter le couvert forestier de 8%. Cela sape également l’Agenda 2063 de l’Union africaine et son Cadre de gestion durable des forêts (SFMF), qui prévoit que « l’Afrique connaîtra zéro déforestation et dégradation des forêts et que ses forêts seront protégées, gérées de manière durable et restaurées grâce à des efforts collaboratifs, intersectoriels et transformateurs pour assurer la prospérité, la sécurité alimentaire et la résilience de sa population ».
Enfin, cela compromet la crédibilité de l’Afrique dans les négociations sur le climat de la COP26, qui doit commencer à Glasgow dans dix jours, et l’appel des pays riches à soutenir chaque année les pays vulnérables avec 100 milliards de dollars pour faire face à la crise climatique.
Serge Sabin Ngwato, chargé de campagne forêt à Greenpeace Afrique à Kinshasa : « Nous ne pouvons pas nous attendre à ce que la juste revendication de l’Afrique pour des fonds climatiques soit prise au sérieux, alors que nos propres actions aggravent la crise climatique. L’exploitation forestière industrielle n’a jamais profité au peuple congolais et son renouvellement poserait un risque supplémentaire pour nos voisins – le moratoire doit être prolongé, tandis que les droits de gestion sur la forêt doivent être accordés aux communautés locales et peuples autochtones.