L’avenir du cinéma africain est au cœur d’un rapport de 271 pages réalisé par l’Unesco, intitulé ” L’industrie du Film en Afrique: Tendances, défis et opportunités de croissance “, qui a été récemment mis en ligne sur le site de l’organisation onusienne.
Ce rapport élaboré avec le soutien intergouvernemental des divers pays africains a été dévoilé le 5 octobre 2021, à la capitale française, Paris, à l’attention des ambassadeurs et délégués permanents des pays accrédités auprès de l’Unesco. Il a été présenté, ce mercredi 2 novembre à la Cité de la Culture à Tunis, à l’occasion des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC) qui s’associe aux efforts de l’Unesco pour la mise en place d’une véritable industrie du film au niveau de tous les pays du Continent.
Dans son allocution, le représentant de l’Unesco, Toussaint Tendrebeogo, secrétaire de la “Convention de 2005”, a déclaré que “la principale mission de l’organisation onusienne est de cartographier le secteur du cinéma et de l’audiovisuel dans les 54 Etats en Afrique “. Il a parlé d’une première, puisqu’” aucune cartographie de cette nature n’avait été entreprise jusqu’à présent”.
Pour lui, “dans un contexte extrêmement difficile, par la conjugaison de nos efforts et la constance de notre mobilisation, il serait possible de faire avancer sur la question de la circulation des films du Sud”. L’Unesco appui cet objectif mais l’institution onusienne exige ” un travail qui soit fait dans le cadre de processus intergouvernementaux “.
A travers la rencontre avec les professionnels du film réunis aux JCC, l’Unesco souhaite trouver les moyens adéquats pour faire avancer l’industrie du film sur le Continent et atteindre les objectifs communs pour tous les pays de la région.
Autour des grands axes de ce rapport, le représentant de l’Unesco a présenté trois parties dont la première concerne les tendances panafricaines qui façonnent l’avenir de ses cinémas en essayant d’interroger à la fois les défis et les opportunités.
La seconde partie du rapport propose d’un modèle de développement stratégique qui existe dans certains pays. Ces derniers pourraient inspirer les autres pays du Continent en vue d’instaurer leur propres modèles d’industrie de film et de l’audiovisuel.
La troisième partie du rapport présente les dates clés du cinéma en Afrique pour, dit-il, avoir le recul historique nécessaire et concevoir ensemble l’avenir du cinéma et l’audiovisuel en Afrique.
Ce rapport a été fait dans un contexte où l’Afrique et le monde entier était en pleine restrictions liées à la crise sanitaire du Covid-19. Les informations collectées datent d’avant 2019, pour cela le responsable onusien insiste sur le fait que la situation sur le terrain a profondément changé et les dynamiques aussi.
Le monde entier a assisté à ” une migration du monde physique vers le monde numérique sur les plateformes digitales “. A cet égard, l’intention de l’Unesco ” est d’avoir un rapport qui puisse être régulièrement mis à jour pour une durée qui reste à déterminer “. La version numérique disponible sur le site internet de l’Unesco, pourrait donc être mise à jour.
L’Unesco souhaite que ce rapport reste un instrument qui accompagne la prise de décision comme un guide à l’attention des décideurs politiques et également des professionnels d’où la nécessite de pouvoir l’adapter et de mettre à jour les informations et les tendances de façon assez régulière.
A la lumière des constats et des chiffres présentes par les professionnels des Etats partis dans ce rapport, le représentant de l’Organisation évoque un chantier sur lequel l’Unesco souhaite s’engager. Il ne s’agit pas uniquement de rendre l’information disponible mais aussi de voir comment accompagner certaines des initiatives prioritaires pour être mises en place, a-t-il expliqué.
Le rôle des médias et des critiques, en général, est un rôle à prendre en compte et la critique cinématographique accompagnera ce projet d’avenir. D’après Toussaint Tendrebeogo, “aucune cinématographie ne peut se construire sans le rôle fondamental des critiques dans l’éduction à l’image du public cinéphile “.
De ce point de vue, il a relevé le rôle important du critique de films dans la construction de la cinéphilie, encore plus dans l’environnement actuel où il va y avoir une pléthore de production et de films, notamment sur les plateformes numériques.
Dans un monde internet dominé par le système d’algorithme de recommandations, il estime important que les critiques voient leur position renfoncée. La vocation de l’Unesco est donc de réunir toutes les parties prenantes dans une industrie qui se construit à plusieurs voies et niveaux et dont les médias et les critiques ont leur part à jouer. ”
Pour Toussaint Tendrebeogo, les motivations de l’Unesco à entreprendre cette démarche de réaliser un rapport sur le secteur du cinéma en Afrique “était d’une ampleur sans précédent “. L’Unesco partage ” les préoccupations des pays africains en vue de construire un avenir meilleur pour le cinéma et favoriser les moyens qui permettent aux cinématographies en Afrique de se développer. ”
L’expert auprès de l’Unesco rappelle que “pour un Continent où ses histoire sont sous-exploitées et sa voie dans le concert des Nations est peu entendue, l’Unesco mise sur les années à venir pour que la place et la voie de l’Afrique, à travers ses cinéastes, puisse être davantage entendue “.