L’inquiétude grandit à la FAO qui prédit un record de la facture des importations alimentaires qui risque de frapper plus durement les pays en développement (PED).
En effet, dans un rapport publié jeudi 11 novembre 2021, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) indique que la facture des importations alimentaires mondiales devrait augmenter encore plus que prévu pour atteindre un record cette année.
Le commerce alimentaire mondial s’est accéléré en termes de volume et de valeur. Selon ce nouveau rapport de la FAO, la facture mondiale dépassera 1 750 milliards de dollars. Il s’agit d’une hausse de 14 % par rapport à l’année précédente et de 12 % par rapport aux prévisions antérieures de juin 2021.
Selon l’agence onusienne basée à Rome, cette hausse s’explique par l’augmentation des prix des denrées alimentaires échangées au niveau international et par la multiplication par trois des coûts de transport. L’organisation a également mis en garde contre une hausse des factures due à l’augmentation du prix des intrants agricoles.
Les prix des denrées alimentaires ont atteint leur niveau le plus haut en dix ans
Si le commerce alimentaire mondial a fait preuve d’une « remarquable résistance aux perturbations tout au long de la pandémie de Covid-19 », la hausse rapide des prix des denrées alimentaires et de l’énergie pose des problèmes importants aux pays et aux consommateurs les plus pauvres, qui consacrent une grande partie de leurs revenus à ces produits de première nécessité.
Les experts de la FAO révèlent que l’Indice mondial des prix des intrants (GIPI) et l’indice FAO des prix des denrées alimentaires (FFPI) ont évolué de manière synchronisée depuis 2005. Dans ces conditions, la hausse des coûts des intrants se traduit facilement par une hausse des prix des denrées alimentaires.
Au cours de l’année qui s’est terminée en août 2021, le FFPI a augmenté de 34 % et le GIPI a augmenté globalement de 25 %, par rapport à la même période en 2020.
Plus globalement, les prix des denrées alimentaires ont atteint leur niveau le plus élevé en dix ans. Ce qui pèse encore davantage sur les budgets des ménages mis à mal par la pandémie et la hausse des factures d’énergie.
Hausse de 20% de la facture d’importations alimentaires dans les pays en développement
Il est particulièrement inquiétant de constater que les coûts d’importation des denrées alimentaires dans les pays en développement augmentent plus rapidement que ceux des économies développées. « Les prix des denrées alimentaires augmenteront inévitablement avec la hausse des coûts de production, et ce sans retard significatif », a fait valoir la FAO.
Les pays en développement représentent 40 % du total et leur facture globale d’importations alimentaires devrait augmenter de 20 % par rapport à 2020. La facture des importations de produits alimentaires devrait augmenter de 11 % cette année pour les pays développés.
Le rapport signale également un nombre croissant de pays – 53 aujourd’hui – où les ménages consacrent plus de 60 % de leurs revenus aux produits de première nécessité tels que la nourriture, le carburant, l’eau et le logement. La FAO avertit que la hausse des prix des aliments et des carburants peut avoir un impact fortement régressif sur les consommateurs modestes et appelle à une « vigilance » particulière à cet égard.
Fortes augmentations des prix des céréales ou des huiles végétales
Sur un autre plan, une croissance encore plus rapide est attendue pour les pays à faible revenu et à déficit alimentaire, en raison de la hausse des coûts plus que des volumes d’importations alimentaires. Les pays en développement sont confrontés à de fortes augmentations des prix des produits de base tels que les céréales, les graisses animales, les huiles végétales et les oléagineux
Dans le même temps, les aliments à forte valeur ajoutée, comme les fruits et légumes, les produits de la pêche et les boissons, sont à l’origine de la majeure partie des augmentations dans les régions développées.
Par ailleurs, les perspectives de production mondiale des principales céréales restent robustes, avec des récoltes record attendues en 2021 pour le maïs et le riz. Les prévisions préliminaires pour la saison 2021/22 indiquent d’ailleurs une certaine amélioration de la situation globale de l’offre d’oléagineux et de produits dérivés, mais leurs stocks respectifs de fin de saison pourraient rester inférieurs à la moyenne.
Probable ralentissement de la croissance du commerce mondial de viande
La production mondiale de sucre en 2021/22 devrait rebondir après trois années de contraction, mais rester en deçà de la consommation mondiale. Le commerce mondial du sucre devrait diminuer légèrement en raison de la réduction des disponibilités dans les principaux pays exportateurs et de la hausse des prix.
La production mondiale de viande devrait augmenter en 2021, principalement sous l’effet d’une reprise rapide de la production en Chine, notamment de viande porcine. Dans le même temps, un ralentissement de la croissance du commerce mondial de viande est probable en raison de la baisse prévue des importations dans les principales régions importatrices, notamment en Asie et en Europe. La production mondiale de lait devrait augmenter en 2021 et le commerce mondial des produits laitiers devrait également se développer.
En 2021, la production de la pêche et de l’aquaculture devrait augmenter de 2 % par rapport au niveau de 2020. Le commerce du poisson rebondit malgré les coûts élevés du fret et les retards logistiques. Les instruments financiers tels que les contrats à terme et les options liés aux principales matières premières agroalimentaires n’ont pas réussi à « attirer la ferveur spéculative marquée par d’autres années à prix élevés », observe le rapport.