Face à la forte corrélation entre les prix des produits avicoles sur le marché local et ceux des matières premières importées, optimiser la productivité de la filière avicole nécessite d’assurer la disponibilité d’aliments à bas prix et de haute qualité et d’utiliser un large éventail d’aliments alternatifs produits localement. C’est ce que souligne une note publiée samedi 13 novembre 2021 par l’Observatoire national de l’agriculture (ONAGRI).
La pérennité de la filière avicole et la régularité de l’offre sur le marché local des produits avicoles est fortement dépendants des prix des matières premières entrant dans l’alimentation des volailles et des prix sur le marché, selon cette note intitulée “Evolution des prix des volailles en relation avec celle des prix des aliments”.
L’auteure de cette analyse, Nachaat Jaziri, estime également que les fluctuations de l’offre et des prix sont dues à l’anarchie dans les circuits de distribution et les circuits parallèles.
Elle précise qu’entre janvier 2020 et octobre 2021, les prix du poulet de chair vif sont passés de 3,293 DT (prix annuel moyen en 2020) à 3,887 DT (prix annuel moyen en 2021 jusqu’à fin octobre). Cette progression des prix à l’offre, mais aussi à la demande, a été très fluctuante durant cette période.
Les rations alimentaires des volailles sont fabriquées à partir d’un mélange d’ingrédients comprenant des céréales, des sous-produits céréaliers, des graisses, des sources de protéines végétales, des suppléments vitaminiques et minéraux, des acides aminés cristallins et des additifs alimentaires. De ces ingrédients, on retient essentiellement le maïs et l’orge (céréales) et le tourteau de soja (sous-produit céréalier), principales composantes de l’alimentation et du coût de production. Toutefois, en Tunisie, l’orge est peu utilisée dans la formulation des rations des volailles.
Les prix mondiaux journaliers du maïs n’ont cessé d’augmenter depuis mi-2020. Le prix le plus élevé a été enregistré le 12 mai 2021 affichant une valeur de 895,98 DT (327 $/t). Les prix journaliers du tourteau de soja ont enregistré un pic le 12/01/2021. Il était de l’ordre de 1482,3 DT (549 $/t) et un autre le 12/05/2021 avec une valeur de 1296,02 D/t (473 $/t).
Jaziri constate que la denrée la moins chère au niveau de la bourse mondiale est l’orge puis vient le maïs et enfin le tourteau de soja. Ce qui explique le fait que la fabrication de la ration pour les volailles, en Tunisie, est basée essentiellement sur les deux premières céréales plus que le tourteau de soja.
Elle explique ainsi, que ces évolutions des indices des prix à l’importation du maïs et des prix nationaux du poulet de chair montrent une même tendance depuis le début de 2021. Avec les indices des prix mondiaux du tourteau de soja, les tendances n’étaient presque similaires qu’en 2020.
La ressemblance des tendances avec le maïs est expliquée par le fait que cette céréale est un ingrédient majeur dans l’alimentation des poulets de chair et est totalement importé, alors que le tourteau de soja utilisé dans la fabrication des aliments des volailles, est produit localement. Il est le sous-produit obtenu de la trituration des graines de soja importées pour la fabrication d’huile.
Ainsi, conclut-elle, l’évolution des prix de viande de poulet est expliquée en partie par celle de l’évolution du coût des aliments, principalement du prix du maïs, d’où son appel à recourir à des aliments alternatifs produits localement.