Promouvoir les femmes évoluant dans l’IA (Intelligence artificielle), la Fintech, IT, les technologies quantiques, l’industrie 4.0, digitalisation, technologies vertes, et au vu de leurs performances universitaires et leur apport aux sciences et au savoir et valoriser les universitaires et hautes compétences scientifiques dans les pays sud-méditerranéens, tels sont les objectifs de la création de l’association Re*Connectt présidée par Sami Ayari, expert en « IT organization and Data transformation » à BNP Paribas.
Les 19 et 20 novembre 2021, RE*Connectt organise la première édition d’une conférence virtuelle intitulée “TunFin 21, Finance, Digitalization and Data“ en présence de grandes expertises reconnues à l’international telles Karim Hajjaji, Imen Smida Sayadi, Dr Donia Trabelsi, Nizar Yaïche et bien d’autres (Voir programme).
Le pourquoi de l’organisation de cette conférence, aujourd’hui, par Re*Connectt dans l’entretien suivant avec Samir Ayari, Phd.
WMC : Présentez-nous votre association Re*connectt :
Samir Ayari : Re*connectt est une association tunisienne basée en France créée cette année avec des Tunisiennes et Tunisiens opérant en France. Nous sommes partis de la certitude que les leaders et les talents en sciences et technologies des pays sud-méditerranéens doivent occuper la place qu’ils méritent dans leurs pays d’origine, et pour notre pays, la Tunisie, nous prononcer et participer à la reconstruction.
Nous voulons également promouvoir un dialogue et un partenariat Nord-Sud dans les nouvelles technologies, initier un dialogue et un partenariat Sud-Sud dans les nouvelles technologies afin de réduire la fracture digitale et technologique.
Qu’est-ce qui vous a encouragé à passer du groupe de “networking“ au statut d’“association“ ?
Le networking professionnel solidaire tunisien sous le nom de “Tunisia Reconnectt“ m’a permis de fédérer les Tunisiennes et les Tunisiens autour d’objectifs simples et communs de développement de carrières et réussite professionnelles sur un socle de solidarité, d’entraide, de fraternité et de partage.
Parmi les actions que nous assurons, il y a le fait d’aider un jeune stagiaire à trouver le bon endroit pour un stage, un jeune diplômé dans l’insertion professionnelle ou encore conseiller les cadres dans leur démarche de changement professionnel. Nous avions décidé d’entrer dans un cercle vertueux et fructueux qui rapproche et fédère les Tunisiens de tous horizons.
Notre public était constitué de trois pôles professionnels : IT, finance et conseils des métiers qui représentent la majorité absolue des cadres TRE. Forts de cette réussite, qui nous a permis de mieux comprendre les attentes des Tunisiens et de notre intérêt grandissant pour notre mère patrie, nous avons décidé de franchir le pas et créer une structure officielle avec des objectifs plus ambitieux, et des projets plus ambitieux à financer dans le respect de la loi.
On a toujours reproché à la diaspora tunisienne de ne pas être aussi engagée que d’autres diasporas (égyptienne et marocaine entre autres) dans le développement économique de son pays d’origine à part quelques exceptions. Cela est-il vrai ?
Je n’aime pas employer le mot “diaspora“, qui fait référence à la dispersion choisie ou bien forcée, je dirais les “Tunisiens résidant à l’étranger“. Nous sommes très attachés à notre pays et à notre histoire millénaire.
Les Tunisiens demandent la visibilité économique, une stratégie, une volonté réelle de changement et de reconstruction, une réglementation moderne qui favorise la technologie, une administration publique plus digitale, donc moins bureaucratique.
Les Tunisiens ne sont ni moins patriotes ni plus patriotes que les autres, nous rêvons tous d’une Tunisie qui vit son époque, moderne, épanouie et développée. La dernière décennie fut catastrophique, nous avons tout vu, sauf les attentes précédemment citées.
Une nouvelle page se tourne, j’espère qu’elle sera le synonyme de confiance mutuelle. Nous appelons tous les Tunisiens à revenir à leur mère patrie, à mettre chacun une brique dans le nouvel édifice de la nouvelle Tunisie. Nous pouvons toujours choisir la femme, l’homme, mais jamais la mère ou le père.
L’importance de notre action se rapporte à l’impact de la digitalisation ; l’impact des nouvelles technologies digitales est disruptif sur tous les secteurs de l’économie et notamment le secteur financier et bancaire.
On parle beaucoup de disruption depuis des années mais due signifie le terme «disruptif»
C’est ce qui tend à une rupture avec l’existant qui perturbe, casse… Mais être disruptif c’est aussi être innovateur, c’est être le premier, le seul, sans concurrent et créer ainsi une nouvelle demande (Guillaume Salmon, les échos).
Donc pour vous la digitalisation est une véritable disruption et non une simple évolution ?
La digitalisation influence toutes les chaînes de production, les métiers, les services, les emplois et induit une nouvelle dynamique irréversible sur les marchés. Et tous les secteurs sans exception.
Conséquence : l’économie digitale a produit une gamme inimaginable de biens et de services.
Les deux dernières décennies, nous avons vécu et observé plusieurs innovations qui ont transformé l’économie. L’informatique et les technologies de la communication ont pris une place primordiale dans les transactions économiques et les processus de production. Ces développements ont donné naissance à une explosion de données nouvelles. D’où l’émergence de technologies telles que le cloud, le big data, le machine learning, l’intelligence artificielle, le blockchain, IoT…
La transformation digitale a permis à ces technologies de pénétrer toutes les entreprises et tous les secteurs de l’économie, et nous n’avons fait qu’effleurer la surface des réelles possibilités de ces technologies.
Vous êtes un pur produit du secteur financier, comment, d’après vous, ce secteur, dont l’informatisation remonte aux années 80, peut être un acteur essentiel dans le développement du numérique dans la sphère économique et la transformation des habitudes des clients ?
Les banques traditionnelles font face à des menaces de plus en plus croissantes suite aux évolutions vertigineuses des technologies IT, des réglementations qui changent, des risques grandissants en matière de cybersécurité, et enfin un marché très concurrentiel avec un ticket d’entrée non prohibitif. Et l’arrivée des GAFA dans ce secteur financier complique énormément les choses.
Les banques traditionnelles et tunisiennes ne peuvent donc pas se contenter d’une réponse incrémentale et doivent répondre à ces changements de façon volontaire et exhaustive.
Comment ? Elles doivent revoir leur business-model traditionnel, leur système d’information et renforcer leurs propres capacités digitales.
Cette refonte du modèle passe assurément par une exploitation active et intelligente de leurs gisements de données et aller dans un modèle ou une approche Data driven business : « Une approche décisionnelle combinant le stockage, la modélisation et la disponibilité des données, en plus des technologies, telle que l’IA, et des travailleurs du savoir humain » (selon Jennifer Zaino de DXC TECNOLOGY).
En termes plus simples, une entreprise « Data Driven Business » est une entreprise qui s’appuie sur l’analyse des données à sa disposition pour prendre des décisions, orienter son développement et générer des opportunités de marché.
Autrement dit, il faut avoir accès aux bonnes données, au bon endroit et au bon moment.
Les banques tunisiennes devront réaliser des investissements massifs dans le Cloud Computing, le Data, Machine Learning (ML) & Intelligence Artificielle (IA) et la cybersécurité.
Pour conclure, la digitalisation est un vecteur essentiel pour améliorer la connaissance du client, afin de lui offrir des conseils et des services personnalisés.
Le digital va apporter de nouveaux changements. On parle déjà du potentiel disruptif de la blockchain et des cryptomonnaies, comme le bitcoin. Le paiement mobile et le m-commerce qui prennent de l’ampleur, comment, d’après vous, nous pourrons développer pareils produits dans un pays où le PayPal n’a pas été adopté ?
La transformation digitale touche essentiellement ces fonctions motrices en finance : la production, les interactions avec les clients et entre collaborateurs, la prise de décisions et l’innovation. Si nous sommes en phase avec ce qui a été dit précédemment, sur la disruption, nous devons adopter et appliquer ces 4 principes sur toutes réformes en Tunisie : Oser tout revoir, penser « out of the box », raisonner en « open ecosystem », conduire des transformations d’envergure.
Les réformes doivent toucher en premier lieu :
– la réglementation, avec une refonte complète de tout le cadre législatif financier ouvert, mais aussi moderniser et digitaliser l’administration publique ;
– l’infrastructure Internet et mobile en Tunisie, investir massivement dans la fibre optique, et la 4 et 5G et sur tout le territoire.
Considérer le client comme l’alpha et l’oméga de la digitalisation nécessite d’abord une lutte et une mobilisation contre l’exclusion digitale, la question est comment digitaliser l’administration et les services financiers avec des citoyens et clients qui n’ont pas de couverture Internet et mobile, et même pas un smartphone.
Avec ces réformes radicales, le blockchain, la monnaie digitale, le m-commerce, etc. trouveront un climat naturel et propice pour devenir les leviers pour notre économie.
Je termine par dire à tous les acteurs et décideurs de notre pays, et je réutilise cette expression de Stéphane Mallard : « disruptez-vous, disruptez tout ».
A-t-on les compétences et les talents digitaux pour mener toutes ces transformations ?
La Tunisie peut-elle se prévaloir des ressources humaines indispensables à la réalisation de cette rupture bénéfique pour l’économie nationale ?
A l’heure où les ressources humaines qualifiées dans une transformation digitale manquent un peu partout dans les pays européens, en Amérique du Nord, la Tunisie exporte ses talents et experts digitaux vers ces pays-là. Ce sont des Data developers et engineers (Data streaming, DataViz, spark…), Dataops, des Data analysts, data scientists, data business analysts, CDO, data managers, Big data architects etc. Les compétences et talents digitaux doivent être valorisés en Tunisie, la formation doit se diversifier et se moderniser aussi.
Quel serait votre apport à ce niveau pour la Tunisie et qu’attentez-vous de la journée que vous organisez, « Tunisian finance days » ?
C’est un événement majeur organisé par l’Association tunisienne basée en France, Re*connectt, dans le cadre de ses activités. Il aura pour thème : « Finance, Digitalization and Data ». Lors de cet événement, nous allons répondre aux questions suivantes (la liste est non-exhaustive) :
– Quels aspects tactiques et opérationnels doit-on mettre en œuvre à court terme ?
– Quelle stratégie doit-on opter à moyen et à long terme ?
– Quels domaines cibler dans le secteur financier ?
– Quels sont les leviers « digitaux » pour déverrouiller la situation de blocage actuelle ?
– A-t-on les compétences nécessaires en Tunisie et ailleurs pour enclencher la transformation digitale de notre système financier ?
– Les FinTech sont-elles la panacée ?
– Comment l’économie tunisienne pourrait en tirer profit de ces technologies ?
Nous avons invité les meilleurs speakers et experts tunisiennes et tunisiens en Tunisie et dans le monde, tout d’abord pour nous donner un aperçu sur les états de l’art en termes de digitalisation dans tous les domaines de la finance et la banque aujourd’hui.
Ensuite, pour répondre à ces questions ci-dessus et faire des propositions concrètes, atteignables et réalisables pour notre économie et aux responsables de notre pays. Jean-Michel Gros disait : « Il faut être au moins deux pour faire bouger les lignes de l’inacceptable ». L’inacceptable est connu, un blocage économique sans précédent et une fuite massive de nos cerveaux, et des dizaines de milliers de cadres en chômage. Les Tunisiennes et Tunisiens sont capables tous ensemble de faire bouger les lignes de ces inacceptables et passer à l’économie du savoir et de l’innovation.
L’économie rentière est devenue un fardeau et une chape de plomb pour la Tunisie. Les banques traditionnelles tunisiennes ne doivent pas percevoir nos startups en Fintech comme une menace mais comme des partenaires. La FinTech, avec ses domaines variés d’application comme le crowdfunding, les paiements électroniques via les smartphone et sur internet, les monnaies digitales, la gestion de l’épargne, assurance et crédit, des applications mobiles et des plateformes qui permettent de gérer ses activités bancaires, aide à la décision grâce aux algorithmes…
La FinTech constitue un pilier majeur et incontournable dans la stratégie bancaire à notre avis, elle s’adapte à toutes les catégories d’utilisation et de business : BtoB pour les banques entre elles, BtoB pour les clients de ces banques, BtoC (pour les PME) et enfin B à C pour les consommateurs.
La FinTech peut dynamiser le marché économique tunisien et s’adapter parfaitement au contexte tunisien en termes d’infrastructures, des habitudes de consommation. « Une baisse des coûts grâce à la TinTech est constatée en Europe, USA et dans le monde ».
Nous avons une force de frappe considérable en terme d’experts, de startups, de connaissances en Tunisie pour que ces transformations digitales, IA et Big data dans nos banques et nos institutions financières et même de nos administrations se passent avec les meilleures technologies en générant au passage des milliers d’emploi.
Les ROI seront certainement là, une amélioration dans la cybersécurité, un développement business, des facilités dans les échanges et les partenariats avec les banques et les institutions financières nationales et internationales, enfin une crédibilité.
Comment peut-on participer à cette conférence que vous organisez, et quel public est concerné ?
Les TUNISIAN FINANCE DAYS : TunFin#21 dans leur première édition 2021 est une conférence virtuelle : « Finance, Digitalization and Data » via TEAMS.
Ils auront lieu les 19 et 20 novembre entre 11 et 20h. L’ouverture sera assurée par monsieur Nizar YAICHE PwC Partner…
Il y aura 19 interventions d’une heure chacune qui seront assurées par :
– Karim Hajjaji, Global COO Global Banking and Markets at Santander UK
– Imen Smida Ayadi, Senior Manager at Deloitte France.
– Donia Trabelsi, Associate Professor Institut Mines -Télécom Business School France.
– Hassen Mseddi, Country Manager at Finlogik Canada/Tunisia.
– Ines Chaieb, Associate Professor at University of Geneva Switzerland.
– Mouna Kraiem Capitanio, Global Go-to-Market and Strategy Director SimCorp France.
– Imen Ayari, Head of innovation factory @Talan Tunisia.
– Hamza Ben Youssef, Fintech Entrepreneur and Lean Product Management Expert Tunisia.
– Saleh Ayari, Senior Risk Consultant at BRED France.
– Dhia Khecherif, IT Managing Director at BNP Paribas France.
– Foued Ayari, Managing Consultant at Euromoney, co-founder of PCG (partners consulting group) and Head of the Finance Department at INSEEC Bachelor Paris FRANCE.
– Walid Driss, Founder and CEO at ProsperUs,Expert in Digital Assets Technologies UAE.
– Wissem AJILI Ben Youssef, Director MBA Finance Programs at ESLSCA- Paris Business School – France.
– Samar Louati, Financial Market expert, entrepreneur and business angel France.
– Mahmoud Sami Nabi, Full Professor of economics at LEGI-Tunisia Polytechnic School and FSEGN (University of Carthage) TUNISIA.
– Nabil BELGASMI, Founder & CEO at BUSINESS & AI Tunisia.
– Firas Hadj Taieb, Managing Director Co-head of Global Markets Digital Strategy at Nomura – JAPAN.
– Anis Samet, Professor of Finance at American University of Sharjah UAE.
Le public concerné : Tous les intervenants dans la DATA, IA, Economie, Finance, Digitalisation.
Maintenant, vous pouvez vous inscrire et participer gratuitement !
Pour participer et avoir plus d’informations, ci-dessous le lien de la page de l’évènement Linkedin :
https://www.linkedin.com/events/tunisianfinancedays2021-finance6850131058495651840/
Entretien conduit par Amel Belhadj Ali
* SAMI AYARI
Fondateur et Président de Re*connectt
Expert in IT organization and Data Transformation chez BNP PARIBAS FRANCE