Pour un exploit industriel, c’en est vraiment un. A partir du mois d’octobre 2021, Carthage Cement va produire, annuellement, 150 000 tonnes de ciment conforme aux normes européennes qu’elle pourrait écouler sur le marché européen avec en prime une forte valeur ajoutée au niveau des prix.
Pour réussir cette percée sur le marché européen, la société Carthage Cement a réuni trois conditions essentielles.
Premièrement, elle est le seul cimentier en Tunisie qui fabrique des produits certifiés CE destinés au marché européen. Le marquage « CE Ciment » atteste de la qualité du ciment fabriqué et de sa conformité aux exigences des directives européennes qui les concernent.
Carthage Cement s’implante en Europe
Deuxièmement, la société a été amenée à créer une succursale en Italie et à acheter une forte participation de 49% dans le capital d’une unité de broyage basée dans la ville de Manduria, en association avec son client Petrocem.
Le processus consiste à exporter vers l’unité de broyage basée en Italie du clinker tunisien en tant que produit semi-fini, à l’y broyer et à le transformer sur place en ciment européen.
Troisièmement, pour disposer d’une marge financière réconfortante, Carthage Cement (la plus importante entreprise confisquée au regard de son investissement) a augmenté avec succès, en 2020, son capital de 171 MDT, le portant à 343 MDT. Cette augmentation a servi, entre autres, à réduire de 30% le taux d’endettement de la société et à dégager une marge financière pour manœuvrer.
Toutes ces indications ont été fournies aux médias par Brahim Sanâa, directeur général de Carthage Cement, particulièrement lors de la communication financière de l’entreprise.
Cela pour dire que Carthage Cement, avec cette performance à l’export, revient de très loin.
Effectivement, confisquée par l’Etat suite au soulèvement du 14 janvier 2011, entrée en production en 2013 mais ingouvernable depuis 2015 en raison de moult problèmes, au point que le président de son conseil d’administration, Radhi Meddeb, devait jeter l’éponge et claquer la porte, Carthage Cement, leader aujourd’hui dans son secteur, n’a cessé, en dépit de toutes ces difficultés, de performer à l’export et au niveau local.
Le salut passe par l’exportation
A l’origine de cette performance, la conviction de ses dirigeants que la seule voie de salut pour un cimentier qui évolue dans un marché avec un excédent structurel de production par rapport à la consommation est de s’orienter vers l’exportation.
Conséquence : Carthage Cement s’est tourné vers des marchés de proximité demandeurs, ceux d’Afrique et Libye entre autres.
D’après Brahim Sanâa, la société a obtenu des résultats positifs lors de son internationalisation vers les pays africains depuis 2018, avec l’exportation cette même année de 568 000 tonnes de clinker.
En Libye, Carthage Cement compte 8 filiales en dépit d’une concurrence féroce des cimentiers turcs et égyptiens sur ce marché.
Pour 2021, Carthage Cement se propose de produire environ 1 750 000 tonnes de clinker, de commercialiser 1 500 000 tonnes sur le marché local et 520 000 tonnes consacrées à l’exportation.
Parallèlement à cette performance à l’export, le cimentier se porte bien au plan local et ne ménage aucun effort pour se faire accepter par sa clientèle…
Tout récemment (le 13 septembre 2021), par le canal du levier de la Responsabilité sociale des entreprises (RSE), la société Cement Carthage s’est distinguée en décidant de baisser, exceptionnellement pour une durée de deux mois, les prix de gros du ciment à 150 DT le camion de 30 tonnes (5 dinars hors taxe par tonnes), et ce au grand bonheur de ses clients commerçants de gros et industriels.
Le cimentier réagissait ainsi favorablement à l’appel lancé par le président de la République aux industriels pour qu’ils réduisent les prix et contribuent à l’amélioration du pouvoir d’achat du Tunisien à une période où, par l’effet de la spéculation, les prix ont connu une flambée inédite.
Concernant le positionnement du cimentier sur le marché local, Brahim Sanâa a révélé que « la part de marché de Carthage Cement est passée de 21,7% en 2019 à 24% en 2020, confirmant sa position de leader pour la 3ème année consécutive.
Mieux, d’après les états financiers intermédiaires de l’entreprise publiés au 30 juin 2021, le bénéfice avant intérêt, impôts, dépréciation et amortissement (EBIDTA) – mesure de la performance globale d’une entreprise – a évolué au fort taux de 85% tandis que le résultat net a été au cours de cette période de 16,1 MDT contre des pertes de 3,3 MDT au cours du premier semestre 2020.
Toutes ses performances ont été accomplies avant même que le gouvernement ne valide la cession de 58,2% du capital de Carthage Cement à un partenaire stratégique.
Selon nos informations, le consortium Boureima Ouedraogo (Burkina Faso) et Société internationale d’investissement (CIM METAL GROUP – Burkina Faso) aurait présenté la meilleure offre.
Affaire à suivre…