Une élévation de la mer de 50 cm pourrait entraîner des pertes économiques de l’ordre de 3,6 milliards de dinars dans le secteur touristique. C’est ce qui ressort d’une étude intitulée ” les impacts économiques du changement climatique en Tunisie: risques et opportunités”, commandée par le ministère de l’Environnement et appuyée par l’ambassade du Royaume-Uni.
Ce secteur qui représente 14,2 % du PIB national, risque de perdre près de 1000 emplois par an , alerte encore l’étude qui a été présentée, jeudi soir, à la Résidence de l’ambassadeur britannique à la Marsa.
Il en ressort que “la Tunisie reste très exposée au changement climatique, son climat sera plus chaud et plus sec, avec des modifications des principales précipitations saisonnières. Le pays sera également exposé à l’élévation du niveau de la mer et à l’augmentation de la salinité et de l’acidification. Le secteur agricole pourrait accuser des pertes économiques équivalant à 5-10% du PIB sectoriel d’ici 2030, en raison du dérèglement climatique”.
Ces pertes résultent des impacts combinés de la dégradation des ressources en eau et des nappes phréatiques, de la baisse des rendements, de la réduction de la superficie des cultures arboricoles et céréalières et de l’augmentation des risques d’incendie”.
“Les estimations des pertes d’emplois dans le secteur agricole varient entre 8 250 et 16 500 emplois. Elles peuvent atteindre 37 000 emplois en cas de sécheresse majeure”.
Des pertes de 228 millions de dollars pour l’huile d’olive
Selon l’étude, “la production d’olives et d’huile d’olive sera affectée par la disponibilité de l’eau et l’augmentation du nombre de journées chaudes. C’est l’un des principaux effets du climat sur les agriculteurs, qui pourrait entraîner des pertes d’exportation annuelles de l’ordre de 228 millions de dollars d’ici 2100”.
“Il en est de même pour la production céréalière qui sera sévèrement touchée, avec des réductions estimées à 30-50% de la contribution au PIB agricole d’ici 2100 et 30% de pertes d’emplois d’ici 2050. Cela mettra davantage en péril l’autosuffisance et augmentera la dépendance à l’égard des importations”.
S’agissant du secteur de la pêche qui emploie près de 100 000 personnes en Tunisie, “il risque de perdre 15 000 ha d’exploitation, rien qu’au niveau de l’archipel de Kerkennah et de 50% de la zone d’activité destinée à l’extraction de palourdes”.
La ministre de l’Environnement, Leila Chikhaoui Mehdaoui, a déclaré, à cette occasion, que “les répercussions du changement climatique sur la sécurité alimentaire et les ressources hydriques, l’environnement et les activités économiques, sociales et de santé publique, prouvent que les défis climatiques représentent, sans le moindre doute, une menace réelle pour la planète, ainsi que pour développement du pays”.
Elle a souligné, dans ce contexte, que cette étude vient confirmer la nécessité d’introduire le changement climatique dans tous les secteurs d’activité conformément aux orientations et aux engagements fixés dans le cadre du plan national, lequel ambitionne de réaliser une baisse de 45% de l’intensité de dioxyde de carbone (CO2) d’ici 2030 et d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050.
L’ambassadeur Britannique par intérim, Matthew Forman, a affirmé, pour sa part, que ces rapports fournissent des données démontrant clairement qu’une transition à faible émission de carbone ne serait pas seulement bénéfique pour l’environnement, mais aurait aussi un impact positif sur la qualité de vie et les moyens de subsistance des Tunisiens.
Il a, à cet égard, souligné que son pays apportera un soutien à la Tunisie, dans l’objectif de limiter les effets du changement climatique et réduire les émissions de carbone.