L’Académie tunisienne des Sciences, des Lettres et des Arts, Beit al-Hikma, abrite un colloque international sur ” L’héritage andalou en Tunisie, du XIIIème siècle à nos jours “, ouvert jeudi 25 novembre 2021, depuis son siège à Carthage en banlieue de Tunis.
Cette rencontre, en présentiel et par visioconférence, se tient en partenariat entre l’Académie, l’ambassade d’Espagne et l’Institut Cervantes à Tunis, avec la contribution d’universités tunisiennes et espagnoles.
Deux jours durant , les 25 et 26 novembre 2021, des conférenciers tunisiens, espagnols et français sont réunis dans le cadre de ce colloque qui lève le voile sur tout un pan de l’histoire mauresque et celle de l’exil forcé des territoires andalous.
Intitulée “Empreintes politiques, économiques et linguistiques”, la séance matinale a été présidée par Raja Yassine Bahri, directrice du département des lettres à l’Académie Beit al-Hikma.
A l’ouverture des travaux, des interventions ont été données par Mahmoud Ben Romdhane, président de l’Académie tunisienne des Sciences, des Lettres et des Arts ; Guillermo Ardizone Garcià, ambassadeur d’Espagne à Tunis ; Cécilia Fernandez Suzor, directrice de l’Institut Cervantes à Tunis; Miryam Isabel Naveiras Torres-Quiroga, consule et attachée culturelle à l’ambassade d’Espagne à Tunis.
Ce colloque creuse dans le passé et le présent d’un héritage commun à la Tunisie et à l’Espagne qui ouvrent une fenêtre sur l’histoire des Andalous de Tunisie et un héritage jalousement gardé.
Mahmoud Ben Romdhane a présenté un colloque dont ” l’objet est de restituer l’héritage des Andalous et leur apport multiforme à la Tunisie, en partenariat avec le pays duquel ils sont venus, l’Espagne “.
Il est revenu sur “un événement marquant dans l’histoire de la Tunisie, d’Andalous qui ” ont eu accès aux meilleures terres agricoles et aux meilleures positions dans les villes et dans les métiers urbains qui se sont ouverts à leurs arts et à leur culture “.
Le directeur de l’Académie cite le récit des historiens, qui témoignent d’un accueil chaleureux trouvé auprès des populations et des gouverneurs des zones où ils se sont installés. Cet acte de générosité a été gratifiant, puisque les nouveaux venus ont apporté de très grandes contributions au développement, aux arts et à l’éclat de leur entourage. C’est ce que l’académicien appelle aussi “brassage et métissage” entre les populations et leurs nouveaux venus.
Pr Ben Romdhane a évoqué également un évènement scientifique et festif de grande importance pour l’Académie et son département des Lettres qui en est la pièce maîtresse. Le côté festif s’inscrit dans la continuité de l’héritage andalou qui a eu sa contribution dans tous les aspects de la vie culturelle et artistique dans les principales villes du Sud de la Méditerranée.
Guillermo Ardizone Garcià a rendu un ” hommage aux andalous, à tous ces hommes et femmes qui au fil des siècles ont dû quitté leur terre natale dans des circonstances difficiles “. L’hommage espagnol va aussi “aux descendants andalous qui ont tissé un lien entre le passé et le présent” en parvenant à “garder un énorme patrimoine culturel de génération en génération”.
Il rappelle également l’œuvre d’historiens de notre époque et tous ceux qui les ont précédés dans l’exploration, la récupération et la consolidation de ce précieux héritage.” Parmi les vagues de migrations d’andalous, celles provoquées par l’expulsion des mauresques, reste, dit-il, la plus tragique et une page triste de l’histoire de l’Espagne”.
Cependant, cet épisode douloureux ne manque pas de servir de leçons, pour nos sociétés actuelles, qui nous parviennent du passé, estime l’ambassadeur espagnol. En dehors des enjeux politiques, son ultime conviction est que “tant de leçons sont à apprendre sur les défis qui se posent à nos sociétés d’aujourd’hui : l’exclusion, le fanatisme et l’intolérance “.