Trois cent-quarante-cinq (345) coupures de l’eau potable ont été enregistrées durant l’été 2021 à Kasserine, qui figure parmi les gouvernorats les moins raccordés réseau national de distribution d’eau.
La région souffre depuis des années d’une situation hydrique exceptionnelle en raison de l’absence de politiques locales et de mécanismes de bonne gouvernance à même d’assurer une distribution équitable de l’eau au profit de tous les citoyens dans les zones rurales et urbaines sans exception, constate une étude réalisée par l’ONG “ALERT” en partenariat avec l’Association tunisienne “Nomad 08″.
Les résultats de cette étude réalisée dans le cadre du projet ” Renforcement de la gouvernance démocratique et participative de l’eau dans le gouvernorat de Kasserine “, ont été présentés dimanche à l’issue d’une rencontre organisée à Sbeitla, avec la participation des militants de la société civile et des responsables régionaux.
“L’étude a permis de dresser un diagnostic de la situation hydrique dans la région de Kasserine et d’impliquer les citoyens dans la gouvernance des ressources en eau, dans ce gouvernorat, classé dernier en matière d’indicateurs de développement local”, a déclaré à TAP, le coordinateur de ce projet, Aymen Amayed.
Il a indiqué que bien que la Constitution 2014 consacre le droit du citoyen à l’accès à l’eau, “aucune réforme législative n’a été adoptée et aucune politique n’a été élaborée afin de garantir ce droit, pour tous les citoyens dans les différentes régions du pays”.
La Tunisie se réfère jusqu’à ce jour, au Code de l’eau publié en 1975, qui s’intéresse surtout à l’aspect technique dans ce domaine, a-t-il rappelé.
Un documentaire a été réalisé sur la situation de l’eau dans la région de Kasserine, dans le cadre de l’étude et une série de formations au profit des associations et organisations civiles, selon Amayed. L’objectif est de concevoir des stratégies participatives pour défendre le droit d’accès à l’eau pour tous les citoyens.
Le représentant du ministère de l’Environnement à Kasserine, Majed Hagui, a fait savoir que la région dispose de 270 millions m3 d’eau, dont 60% sont des eaux de ruissellement valorisées, contre 40% non valorisées et gaspillées.
D’après Hagui, il est important de valoriser les eaux de ruissellement, à travers la construction de barrages, la sensibilisation des citoyens quant à l’impératif de rationaliser leur consommation en eau, l’amélioration des techniques d’irrigation et la valorisation des eaux produites par les stations d’épuration.
L’étude présentée, dimanche à Kasserine appelle, par ailleurs, à soutenir les groupements d’eau dans le gouvernorat de Kasserine et à établir des partenariats entre ces groupements et la STEG, la finalité étant de trouver une alternative énergétique et sécuriser l’action de ces associations.
Elle recommande aussi la réalisation d’une carte agricole qui définit les cultures appropriées et adaptées au climat de chaque région et évalue (carte agricole) leurs besoins en eau en plus de la sensibilisation des petits agriculteurs à la rationalisation de la consommation de l’eau.