En perte de terrain en matière d’innovation, la Tunisie devrait, selon une récente note de l’Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives (ITCEQ), instaurer une série de réformes visant à améliorer ses performances dans les domaines innovants en commençant par une révision de son système éducatif en l’orientant fortement vers les sciences et les technologies.
En effet, la Tunisie a été classée au 71e rang du Global Innovation Index 2021 (GII), publié en septembre 2021, et qui classe les pays selon leurs capacités d’innovation, reculant ainsi de 6 rangs en une année (65e en 2020). Elle a été classée 7e parmi les 34 économies du groupe à revenu intermédiaire inférieur et 3e au niveau du monde arabe.
La note sur le score de la Tunisie pour cette décennie, intitulée “Global innovation index 2021 : la Tunisie au top 3 des pays arabes”, publiée en décembre 2021 par l’ITCEQ, montre que la tendance en matière d’innovation est plutôt baissière et que pour cette année, la Tunisie enregistre le deuxième plus bas score depuis 2011.
Impact de la baisse des dépenses de l’Etat en R&D
Cette tendance va de pair avec les résultats du rapport du Forum économique mondial sur l’Indice Global de la Compétitivité au niveau du sous-indicateur “Capacité d’innovation”, où la Tunisie accuse un recul dans son classement durant la même période. Cette baisse coïncide avec la baisse des dépenses de l’Etat en R&D durant la même période.
Les domaines où la Tunisie a été le moins performante, selon le “Global innovation index 2021”, sont essentiellement, du côté des inputs de l’innovation, l’infrastructure, la sophistication du marché, le crédit, l’investissement, la sophistication des affaires (liens d’innovation, absorption du savoir, développement des clusters, les coentreprises / les alliances stratégiques/PIB, le payement de la propriété intellectuelle en % du commerce, l’importation des TIC en % du commerce …).
Du côté des outputs de l’innovation (Production de la créativité), le document de l’ITCEQ note également une légère baisse au niveau du score observé (20,6 contre 21,1 en 2020 et 24,1 en 2019) et un recul de 17 positions en une année (80e contre 63e en 2020).
Miser sur les sciences et les technologies modernes
Pour remédier à ces insuffisances, toujours selon l’ITCEQ, la Tunisie devrait réviser et améliorer le système éducatif et l’orienter fortement vers les sciences et les technologies modernes en se basant sur la R&D et l’innovation et en s’assurant que les domaines dans lesquels se spécialisent les étudiants et les programmes d’études correspondent bien aux besoins réels de l’économie pour permettre à la Tunisie de se hisser aux premiers rangs des pays innovants.
Elle devrait également renforcer davantage la recherche publique-privée et la mobilité intersectorielle des chercheurs publics, réformer le système financier afin de permettre différentes options de sortie des entreprises, notamment l’introduction sur les marchés de capitaux, alléger les procédures administratives liées aux SICAR et aux Fonds Commun de Placement à Risque (FCPR) tout en les adaptant à la nature spécifique des activités de R&D et d’innovation.
Améliorer le cadre légal et fiscal du capital-investissement
Elle gagnerait par ailleurs à améliorer le cadre légal et fiscal du capital-investissement afin de permettre, notamment, aux SICAR de pouvoir bénéficier efficacement de plusieurs moyens de participation dans le capital des entreprises, d’investir à l’étranger et de sortir du capital des entreprises dans des délais raisonnables et à accorder plus de transparence et de professionnalisme aux pratiques de l’essaimage conventionnel pour mieux s’adapter aux activités de R&D et d’innovation.
Le Global Innovation Index 2021 (GII), publié le 20 septembre 2021, est coédité par l’Université Cornell, l’INSEAD et l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle OMPI et a couvert 132 économies. Il vise à saisir les facettes multidimensionnelles de l’innovation et à fournir les outils pouvant aider à l’adoption des politiques permettant la promotion de la croissance à long terme de la production, l’amélioration de la productivité et la création d’emplois.