La valorisation de l’eau passe par une maîtrise des gaspillages comme par une augmentation de la productivité de l’eau d’irrigation, selon une étude sur ” les approches d’évaluation des indicateurs de la productivité de l’eau des systèmes irrigués et la valeur économique de l’eau d’irrigation ainsi que les facteurs qui les affectent “, que vient de publier l’ONAGRI.
D’après les auteurs de ce document, Noura Ferjani et Hamed Daly, la valorisation de l’eau est incontestablement, le plus grand défi auquel doit faire face l’agriculture irriguée en Tunisie, d’autant que le pays est confrontée au stress hydrique avec un ratio au-dessous des normes internationales, de 420m3 par an et par habitant.
En Tunisie, les périmètres irrigués présentent environ 8,2% de la surface totale agricole utile (environ 5 millions ha), soit une superficie totale irrigable de l’ordre de des 435 mille ha (2020, dont 243 mille ha de périmètres publics irrigués (PPI) et 192 mille ha de périmètres irrigués privés (PIP), selon le rapport national du secteur de l’eau de 2019.
L’étude de l’ONAGRI affirme que le palmier dattier constitue la plantation arboricole présentant la plus faible valeur en termes de productivité de l’eau d’irrigation (0,29kg/m3).
Le suivi de la variation de la productivité des cultures par étage bioclimatique a également montré que dans l’étage bioclimatique subhumide la culture de tomate présente la valeur la plus élevée en termes de productivité de l’eau d’irrigation (8,5 kg/m3 suivie de la culture de pomme de terre (2,7 kg/m3), suivie par la culture de blé.
S’agissant de l’étage bioclimatique humide, l’étude montre que le citronnier présente la meilleure valeur économique de l’eau d’irrigation avec 8, 2 D/m3.
En semi-aride supérieur, la fraise et la vigne de table en pergola ont les meilleures valeurs avec respectivement 7,1 D/m3 et 5,7 D/m3.
En semi-aride inférieur, la pomme de terre de saison et le pommier présente une productivité qui dépasse les 2,6 D/m3, suivis par le pêcher (2,4 DT/m3).
Dans l’étage biologique aride inférieur, il serait intéressant de pratiquer la culture de pomme de terre d’arrière-saison. La vigne de table en pergola est la culture qui présente la meilleure valeur économique de l’eau dans l’étage bioclimatique aride supérieur.
Néanmoins, dans cette analyse la comparaison entre les cultures de point de vue valorisation économique de l’eau d’irrigation a ses limites étant donné que l’eau d’irrigation a différentes qualités en termes de salinité selon sa provenance (eau des barrages, eau profonde, eau profonde du sud). Ainsi, l’orientation vers la substitution/conversion de certaines cultures par d’autres dépend des caractéristiques du sol et de la qualité de l’eau.
D’après ce document, pour améliorer la valeur de l’eau et par conséquent augmenter la capacité des agriculteurs à payer l’eau d’irrigation, il est important de considérer deux options.
Il s’agit d’améliorer l’efficacité de l’usage de l’eau d’irrigation au sein des exploitations agricoles, moyennant le pilotage de l’eau d’irrigation et l’adoption des technologies innovantes d’irrigation (TIC), ainsi que d’un meilleur accès des petites et moyennes exploitations aux marchés moyennant la commercialisation collective à travers GDA, coopératives, et ce afin d’avoir un prix de vente plus élevé.
Le secteur irrigué participe à hauteur de 35% en valeur de la production agricole du pays, répartis entre 95% de la production maraîchère, 70% de la production arboricole et 30% de la production laitière.
Sur le plan socio-économique, le secteur irrigué contribue à 20% des exportations agricoles (agrumes, dattes, primeurs…), toujours selon la même source.