C’est désormais une habitude : la présidence de la République tunisienne ne communique pas avec la presse locale, et donc à priver l’opinion publique nationale d’éclairages sur les décisions qu’elle prend. Malheureusement, cela commence à donner des résultats contreproductifs. En témoigne le communiqué publié sur le site officiel de cette institution concernant les 27 accords conclus avec l’Algérie à l’occasion de la récente visite officielle du chef d’Etat algérien en Tunisie, Abdelmadjid Tebboune.
Ce communiqué insipide nous apprend, sommairement, que les accords concernent les domaines de la justice, des entreprises publiques, l’intérieur, la coopération décentralisée, la communication et les médias, les PME, l’environnement, le commerce extérieur, l’énergie, la formation professionnelle, la pêche, l’emploi, la femme, les enfants et les personnes âgées, la jeunesse et le sport, l’éducation et la santé.
Sous-informés, les Tunisiens seront marginalisés
La présidence et les départements ministériels concernés par ces arrangements n’ont pas jugé utile, pour l’instant, de fournir des précisions sur les détails de ces accords dont les retombées sur le quotidien des Tunisiens et sur l’avenir de leurs enfants peuvent être importantes.
Mais on le sait, la nature ayant horreur du vide, les Tunisiens ont essayé de s’informer, hélas à travers des officiels algériens lors de leurs sorties en public. C’est le cas, par exemple, de l’accord sur la pêche.
Lors d’une visite, mardi 21 décembre 2021, à une exposition de produits de la mer, Hichem Sofiane Salaouatchi, ministre algérien de la Pêche et des Productions halieutiques, a révélé qu’Alger et Tunis ont convenu de créer un Institut mixte spécialisé dans l’économie de la mer et l’aquaculture.
A première vue, il s’agit d’une information stratégique de taille que les Tunisiens auraient pu et dû en connaître davantage de précisions, étant donné que la Tunisie pourrait former des cadres et des jeunes, à travers cet institut, dans les nouveaux métiers de la mer et d’offrir aux centaines de biologistes et ingénieurs chômeurs de nouveaux débouchés potentiels dans ce secteur porteur.
Quelle serait la portée dudit institut de formation ?
L’ultime objectif de la création de cet institut pour la Tunisie est de pouvoir, un jour, exploiter économiquement ses atouts naturels maritimes. Il s’agit de développer de nouvelles activités telles que l’industrie maritime, la biologie, le dessalement d’eau de mer, le tourisme insulaire, l’aquaculture à grande échelle, l’exploration de ressources minérales…
Il faut rappeler que la Tunisie dispose d’un littoral de plus de 1 300 km et d’un plateau continental d’une superficie de 80 000 km2, soit presque la moitié de sa superficie continentale.
L’article 77 de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM) accorde à l’Etat côtier « des droits souverains sur le plateau continental aux fins de son exploration et de l’exploitation de ses ressources naturelles ». Les ressources naturelles visées par ladite convention « comprennent les ressources minérales (gaz) et autres ressources non biologiques des fonds marins et de leur sous-sol ».
La Convention des Nations unies sur le droit de la mer accorde à l’Etat côtier « des droits souverains sur le plateau continental aux fins de son exploration et de l’exploitation de ses ressources naturelles »
Cela pour dire que le futur institut tuniso-algérien de l’économie de la mer et de l’élevage aquatique devrait aider la Tunisie à disposer des ressources humaines requises pour la valorisation de son positionnement stratégique au centre de la Méditerranée.
Même si elle arrive assez tardivement, la création de cet institut constitue une avancée importante sur la diversification de l’économie tunisienne à travers son enrichissement par l’économie de la mer.
On ne le dira jamais assez, la Tunisie, qui a tourné le dos à la mer, est appelée à rattraper le temps perdu et à valoriser ses eaux territoriales, sa zone économique et son plateau continental.
Abou SARRA