Les Editions Nirvana annoncent dans un communiqué de presse la sortie du livre genre essai de Kamel Jendoubi intitulé “La Tunisie vote, récit d’un acteur engagé “.
Au travers d’un récit en 240 pages en langue française décrivant comment des élections libres et honnêtes ont finalement pu se tenir en octobre 2011, l’auteur délivre son témoignage.
Instruit par cette expérience citoyenne que son parcours militant lui a permis de mener à bien, qui pouvait mieux que lui en raconter les différentes étapes.
“Dix ans après, et alors que quelques acquis ont été maintenus moyennant beaucoup de gâchis, j’ai trouvé la motivation pour consigner ce témoignage et raviver la flamme de la mémoire. Je ne veux pas que l’oubli efface les premiers pas de notre peuple dans l’exercice de sa citoyenneté et dans le rétablissement de sa souveraineté”.
L’ISIE constitua à ses débuts, voilà dix ans, une conquête qui a marqué la mémoire collective de nombre de femmes et d’hommes. Un acquis, à l’instar de la liberté d’expression, qui ne peut souffrir d’être dénaturé au risque de remettre en cause la dynamique démocratique.
Pourquoi ce témoignage ? Les propos qui vont suivre ne sont ni ceux d’un chercheur, ni ceux d’un commentateur neutre. Ce n’est donc pas un précis de droit électoral, ni une analyse sociologique du processus électoral. Ces propos émanent d’un acteur directement concerné et impliqué dans la création de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) pour en avoir été le premier président de mai 2011 à janvier 2014.
“Propulsé à un moment clé de l’histoire de mon pays sur le devant de la scène pour mener à bien une mission à laquelle je n’étais pas forcément préparé, j’ai voulu faire ici le récit de ce défi peu commun qui m’a profondément marqué : présider l’ISIE, une institution qu’il a fallu créer de toutes pièces, avec pour mission d’organiser et de superviser les premières élections démocratiques de la Tunisie.
Longtemps, en dépit des diverses sollicitations pour m’inciter à écrire, je me suis abstenu de raconter comment les choses se sont déroulées. L’envie n’y était pas, outre ma réticence à revenir sur certains faits et événements douloureux qui ont pesé sur mon entourage.
Pourquoi écrire quand on a le sentiment de ne pas être entendu ? Remuer un passé que certains ont noirci et que d’autres ont tout simplement oblitéré. Pour ressasser les erreurs et parfois les fautes qu’il ne faut plus commettre ou tout au moins qui doivent servir de leçons ?
Personne en général n’aime les remises en cause, ni l’exercice de l’autocritique. Que dire de ces politiques qui préfèrent passer vite à autre chose arguant de l’urgence ou du temps prétendument perdu à l’analyse et à la réflexion. Ils préfèrent oublier et s’emploient à ce qu’il en soit ainsi.
Et par ailleurs, ne dit-on pas communément que ” le peuple a la mémoire courte ” ! Je pourrais continuer à me cantonner dans un mutisme prudent et confortable, ou m’en tenir à une langue de bois lénifiante et stérile. Je choisis de prendre le risque de sortir d’une réserve qui a peut-être trop duré au risque de m’exposer aux critiques, à commencer par celles qui visent à réduire au silence ceux qui ont eu le tort d’avoir essayé, et quelque peu réussi, là où d’autres ont organisé l’échec. L’état du pays étant ce qu’il est, je décide de m’exprimer”, note l’auteur Kamel Jendoubi, militant des droits de l’Homme, Commandeur de l’Ordre de la République tunisienne (2011) et Prix Hermès pour la promotion de la liberté d’expression et de l’échange des informations en Méditerranée (2016).
Kamel Jendoubi a été nommé, le 23 janvier 2015, au poste de ministre auprès du chef du gouvernement chargé des Relations avec les institutions constitutionnelles et la société civile dans le gouvernement de Habib Essid. Le 6 janvier 2016, il prend aussi en charge les Droits de l’Homme.
Le 5 décembre 2017, il est désigné par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme à la tête d’un groupe d’experts internationaux et régionaux pour enquêter sur les violations des droits de l’Homme au Yémen.
Il a à son actif deux publications : “Que vive la République ! Tunisie (1957-2017)”, Tunis, Alif, 2018, et l’ouvrage collectif “Tunisie, dix ans et dans dix ans”, Tunis, Leaders, 2018.