Depuis les années 80, le FMI et la Banque Mondiale se basent sur un discours qui consiste à ne pas remettre en question les conditionnalités économiques des plans d’ajustements structurels des années 80/90, malgré leurs limites relevées, mais à affirmer que ces mêmes réformes libérales auraient été plus efficaces dans un meilleur « environnement institutionnel et de gouvernance ».

Ainsi, on a vu s’ajouter aux conditionnalités économiques des conditionnalités liées aux réformes de « gouvernance » et de « renforcement de capacité ».

Comme constaté ci-dessus, « l’amélioration de l’environnement institutionnel et de gouvernance » via l’application à la lettre des recommandations du FMI, sans prendre en considération les réalités socioéconomiques du pays n’ont mené qu’à la dégradation de la situation socio-économique qui devient insoutenable.

Incapables de fournir de véritables alternatives, les conditionnalités de ces institutions financières internationales reproduisent indéfiniment la dépendance de la Tunisie aux marchés internationaux en imposant des conditions qui visent à davantage intégrer la Tunisie dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, attirer les investisseurs étrangers, exploiter « l’avantage comparatif » de la Tunisie mais qui en réalité influencent directement les modèles de développement du pays.

En effet, ces financements sont une des causes qui a conduit à la perte de marge de manœuvre de la Tunisie dans les choix de développement conduisant par conséquent à la perte de sa souveraineté sur ces choix économiques.

Ainsi, il serait plus cohérent pour la Tunisie d’évaluer les effets des conditionnalités des prêts accordés pas le FMI et la BM avant d’entrer en négociation avec le FMI. En effet, l’audit de ces financements a pourtant été l’une des premières revendications économiques et sociales à avoir émergé lors de la première phase de la révolution en Tunisie. Cela permettrait également de renforcer le pouvoir de négocier du pays avec ces institutions.

Conclusion

Parallèlement aux résultats de l’audit du FMI, la dégradation de la note de la Tunisie par l’agence Moody’s de B2 à B3 a affaibli la position de la Tunisie sur le marchés financiers internationaux. Les négociations entre le FMI et la Tunisie s’annoncent tendues, mais une fois l’accord de principe obtenu, le premier déboursement devrait ensuite être conditionné à la mise en œuvre effective de certaines « mesures préalables », peut-être même avant l’accord de principe comme ce fut le cas pour la réforme des statuts de la Banque centrale qui sont à l’origine de la dévaluation du dinar.

Une fois ces mesures entreprises, le FMI continuera à exercer un contrôle sur les choix économiques des gouvernements, en liant le versement effectif des montants en fonction de l’avancement du programme de réformes avec des examens réguliers de la part du FMI.

Ainsi, si l’accord est signé, et au vu des éléments du programme, cela risque de détériorer d’autant plus la situation économique et sociale, déjà lourdement impactée par les précédents accords avec le FMI et les impacts économiques et sanitaires liés à la crise de la pandémie.