Les représentants de l’Observatoire tunisien pour une justice équitable appellent le président de la République à promulguer un décret présidentiel de dissolution du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et à réformer le système judiciaire.
Dans cette optique, un rassemblement est prévu le 14 janvier 2022 devant le siège du CSM, pouvant aboutir à un sit-in ouvert jusqu’à l’exécution de cette requête, ont-ils annoncé, samedi 8 janvier 2022, lors d’un colloque organisé à la Fondation Temimi pour la recherche et l’information sur la “Réforme judiciaire post-révolution”.
La présidente de l’Observatoire, Wafa Chedly, a déclaré que “la dissolution du CSM est désormais une demande collective, surtout que le mouvement Ennahdha a permis à ses partisans de contrôler le Conseil qui détermine le processus professionnel des magistrats”.
L’ancien ministre de la Justice, Noureddine Bhiri, a œuvré, après 2011, à assujettir la justice et prendre contrôle du secteur pour servir ses intérêts et ceux de son parti politique, a-t-elle accusé.
Elle qualifie le Conseil supérieur de la magistrature de “conseil des frères musulmans et des lobbies corrompus”, estimant que la détermination d’Ennahdha à maintenir ce Conseil a pour objectif de garantir la longévité de son parti et éviter à ses membres la reddition des comptes.
Toujours selon Wafa Chedly, les décisions du 25 juillet sont déterminantes et ont été prises en raison de l’existence d’un grave danger et pas seulement d’une menace pour l’unité de l’Etat.
De son côté, Hend Belhadj Ali, membre de l’Observatoire, a déclaré que “la justice s’est détachée de l’Etat” et s’apprête à déclarer “sa désobéissance”, ce qui nécessite “une confrontation” avec ceux qu’elle a qualifiés de “rebelles de l’Etat”.
Quant au président de la Fondation Temimi, Abdeljelil Temimi, il estime qu’aucun avenir possible pour la Tunisie n’est envisageable sans une justice indépendante et efficace. Cependant, il appelle le président de la République à “modérer ses attaques contre les magistrats tout en présentant une vision d’avenir à même de permettre la réforme de ce secteur”.
Une série de mouvements de protestation ont démarré après le lancement de l’initiative “Tunisiens pour une justice équitable” devant le Tribunal de première instance de Tunis, le siège du CSM et la Cour des comptes.
Parmi les revendications: identifier les violations commises au sein du secteur de la justice, réaliser un audit de l’utilisation des fonds alloués à l’amélioration du système judiciaire, poursuivre en justice tous ceux qui ont couvert des crimes terroristes et financiers du domaine de la justice et rendre des jugements en se basant sur le rapport de la Cour des comptes.