L’aggravation du déficit commercial avec la Chine et la Turquie contribue à l’hémorragie des réserves en devises et menace sérieusement, la production locale. C’est ce qu’affirme une revue de l’Observatoire tunisien de l’économie (OTE) publiée mardi 25 janvier 2022.
L’OTE rappelle que le déficit commercial de la Tunisie avec la Chine s’est élevé à 6,326 milliards de dinars en 2021, contre 5,740 milliards de dinars en 2019 : celui avec la Turquie s’est établi à 2,656 milliards de dinars en 2021 alors qu’il était à 2,412 milliards de dinars en 2019.
De ce fait, la dominance des pays de l’Union européenne sur les importations tunisiennes ne cesse de diminuer en faveur de la Chine qui occupe désormais le troisième rang derrière l’Italie et la France ; pour sa part, la Turquie se hisse au septième rang derrière l’Algérie (6ème) et l’Allemagne (5ème).
Pour l’OTE, “les rangs avancés occupés par la Chine et la Turquie en matière d’importations nationales constituent une menace pour certains secteurs qui perdent de plus en plus de terrain sur le marché local. Les secteurs du textile et du cuir ont accusé des pertes colossales depuis la signature de l’accord de libre-échange avec la Turquie qui a causé la fermeture d’environ 7000 usines de fabrication de chaussures”.
Citant les données de la Banque centrale de Tunisie, l’Observatoire considère également que le déficit de la balance commerciale, nourri en grande partie par le déficit abyssal enregistré avec ces deux pays, contribue fortement à la détérioration des réserves en devises de la Tunisie qui couvrent actuellement 136 jours d’importation, en baisse de 6% par rapport à 2020 (162 jours d’importation à fin décembre 2020).
Dans cet ordre d’idées, l’OTE estime que l’intention de réviser l’accord de libre-échange avec la Turquie, annoncée par le département du Commerce ainsi que l’article 57 de la loi de finances 2022 qui prévoit une révision des droits de douane perçus sur environ 3 000 produits industriels et agricoles importés, constituent un premier pas vers la rationalisation de l’importation, la protection du produit local et l’atténuation de l’hémorragie des réserves en devises.
Toutefois, l’OTE s’interroge sur le degré d’engagement du ministère du Commerce et du développement des exportations à réviser les accords commerciaux qui désavantagent la Tunisie, lequel constitue une condition sine qua non pour rationaliser l’utilisation des devises et protéger le tissu économique national.