Le niveau du PIB en volume de 2019 ne serait atteint qu’en 2024, en Tunisie, a indiqué mardi, la Banque mondiale, sur la base d’un rapport intitulé “Réformes économiques pour sortir de la crise”.
“Cette prévision suppose que l’économie reviendra à son potentiel – modeste – d’avant la crise après que la pandémie ne soit sous contrôle “. Le gouvernement tunisien est invité à ” implémenter de façon vigoureuse et sans délais les réformes structurelles “, à dessein de maintenir la confiance des investisseurs et assurer la stabilité macroéconomique.
” L’action est d’autant plus urgente que les déséquilibres macroéconomiques sont pressants. Vu l’impossibilité des financements extérieurs sur les marchés internationaux et la baisse probable des réserves à cause du déficit courant structurel et le service de la dette extérieure, le gouvernement – et toutes les parties prenantes – devraient agir en urgence pour éviter une crise économique qui se transformerait en une crise sociale “, a averti la Banque Mondiale.
Elle a appelé, ainsi, le gouvernement à contenir l’évolution de la pandémie, à travers particulièrement, la poursuite des efforts de vaccination, et aussi à réussir à financer les déficits publics, rembourser la dette et maintenir la stabilité macroéconomique du pays.
Pour cela, il est indispensable de favoriser un climat politique, économique et social propice à la mobilisation des ressources et au regain de la confiance des investisseurs tant nationaux qu’étrangers.” C’est dans ce sens que les négociations pour un programme avec le FMI, indispensable pour le soutien des institutions internationales et régionales ainsi que la coopération bilatérale, ont été entamées “, note la BM.
Par ailleurs, elle a souligné la nécessité de ” décongestionner les principaux goulots d’étranglement de l’allocation optimale des ressources “, dont les restrictions à l’accès aux marchés ainsi que les barrières à la concurrence.
Pour ce qui est du déficit budgétaire, la BM s’attend à ce que ” la baisse progressive se poursuive à moyen terme, pour atteindre 5 à 7% du PIB en 2021-2023, grâce à la couverture vaccinale, et ce, à condition de maintenir la trajectoire modérément positive des dépenses et des recettes.
Cela suppose le maintien des recettes fiscales (en % du PIB) constants, une maîtrise de l’évolution de la masse salariale ainsi qu’une réduction des transferts et subventions pour compenser le coût croissant du service de la dette.En revanche, ” le déficit courant devrait se creuser légèrement pour fluctuer entre 7 et 7,5% du PIB en 2022 et 2023 grâce à la reprise des échanges et en supposant le maintien du prix du pétrole à son niveau actuel “.
La Banque Mondiale a estimé aussi, que les risques pour les équilibres externes restent élevés, notamment la lenteur de la reprise des exportations (le tourisme notamment), compte tenu de l’impact assez lourd de la pandémie sur les capacités des entreprises.
L’institution financière n’a pas manqué, en outre, de noter que le recours accru à la monétisation de la dette fait peser des risques sur la stabilité financière et monétaire. ” Ces risques sont exacerbés par le fait que la Banque Centrale absorbe les liquidités du système bancaire et par le niveau élevé des prêts non productifs (13,6% en 2020) “.De même, elle a estimé que les risques de choc d’offre négatif découlant de l’augmentation des prix internationaux ne sont pas négligeables sur l’économie.
D’après le rapport, ” la croissance économique en Tunisie se situera au niveau de 3,5% en 2022 et 2023″.