La Tunisie est appelée à identifier avec “plus de visibilité” et de “clarté”, ses sources de financement pour stabiliser sa note souveraine, souligne Mickaël Gondrand, analyste à l’agence de notation américaine, Moody’s.
Intervenant lors d’une conférence en ligne, organisée par le Club finance de l’Association des Tunisiens des Grandes Ecoles (ATUGE), sur le thème “Le Risque de défaut des pays est-il réel?”, l’expert a estimé que le secteur domestique (ménages, entreprises et gouvernement) est incapable, à lui seul, d’assurer ces financements.
“En l’absence d’un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) qui permettrait de cristalliser les autres sources de financement concessionnel, la sortie sur le marché international demeure actuellement problématique pour la Tunisie”.
Selon lui, “avec un déficit budgétaire et un endettement élevés, les besoins de financement du pays restent énormes non seulement pour cette année mais également pour les années à venir… En tant qu’agence de notation financière, nous ne préconisons pas de réformes particulières. Seul le profil de crédit du pays nous intéresse. Par conséquent, si les sources de financement ne sont pas assurées, la Tunisie risque un défaut de paiement de sa dette”, a-t-il indiqué.
Pour rappel, l’agence de notation Moody’s a abaissé la note souveraine de la Tunisie en octobre 2021 de “B3” à “Caa1″ avec une perspective négative, ce qui la classe dans la liste des pays appartenant à la catégorie ” Risque élevé ” de non remboursement de la dette.
Pour Gondrand, cette notation, révisée tous les deux ans, reflète l’affaiblissement de la gouvernance et une incertitude accrue quant à la capacité du gouvernement à asseoir des mesures pour garantir un accès renouvelé aux sources de financement.
Et de réitérer qu’un accès à un financement de type concessionnel reste tributaire d’un nouveau programme avec le FMI, faisant remarquer qu’un tel programme nécessite un plan de réformes “crédible”, qui soit surtout soutenu par les partenaires sociaux.
Ces réformes doivent impérativement porter sur la maîtrise de la masse salariale, la révision de la subvention et la restructuration des entreprises publiques comme le préconise le FMI, a-t-il insisté, déplorant, dans ce contexte, l’incapacité des gouvernements successifs à mettre en œuvre un programme de réforme “cohérent”.
Un accord avec le FMI reste l’indispensable clé…
Rejoignant l’avis de l’analyste de Moody’s, l’économiste Radhi Meddeb a relevé que le gouvernement actuel n’a plus d’autre choix, aujourd’hui, que de parvenir à un accord avec le Fonds monétaire international qui reste “la clé qui permettrait de déverrouiller d’autres sources de financement”.
D’après lui, plusieurs accords de financement bilatéraux sont assujettis à un accord avec le FMI, à l’instar de ceux qui ont été discutés avec l’Arabie saoudite et les Etats-Unis d’Amérique.
“Nous sommes, donc, dans l’obligation de trouver un accord avec le Fonds, lequel ne veut plus d’un accord formel, mais exige cette fois-ci un accord exécutable, crédible et qui soit surtout adopté par les centrales syndicale et patronale”, a-t-il souligné.