Pour une bonne nouvelle, c’en est vraiment une. C’est du moins si on croit les conclusions d’une visite effectuée, le 25 janvier 2022 à Gafsa, par une délégation ministérielle composée du ministre des Affaires sociales, Malek Ezzahi, et de la ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Energie, Naila Nouira Gongi, en compagnie de l’ambassadeur de la Corée du Sud en Tunisie, Sun Nahmkook.

Abou SARRA

Le communiqué officiel, qui a sanctionné cette visite, nous apprend que « le problème lié à la réalisation de l’usine du triple superphosphate de Mdhilla 2 a également été abordé et résolu ».

M’dhilla 2 va doubler la production de superphosphate

Il s’agit de l’un des grands projets industriels du Groupe chimique tunisien (GCT). Il vise le renforcement de la capacité de la production nationale en triple superphosphate, acide sulfurique, acide phosphorique liquide et concentré, produits destinés à l’exportation.

Toujours selon la littérature du GCT, cette unité permettra aussi de doubler la production nationale de triple superphosphate et de renforcer la place de la Tunisie dans les marchés mondiaux des engrais.

De même, et toujours selon les conclusions de la délégation, il est prévu de commencer les travaux peu après avoir terminé les procédures techniques nécessaires, et ce après la période d’interruption des travaux, avec la nécessité de les achever dans la deuxième unité industrielle pour qu’elle entre en exploitation.

Il est utile de rappeler que cette usine aurait dû entrer en exploitation depuis 5 ans, mais les perturbations sécuritaires, les mouvements de protestation et les sit-in survenus dans région, au cours des dernières années, ont retardé les travaux et provoqué le report des échéances

L’appel d’offres pour construire cette usine a été lancé par le GCT en 2010, alors que les travaux devaient durer environ 24 mois.

Les entraves à l’origine du retard

Cette usine, qui emploiera à terme environ 700 personnes dont près de 200 agents ont déjà été recrutés, n’a pas pu voir le jour dans les temps en raison de trois problèmes majeurs : le retard enregistré en matière de raccordement des unités de l’usine au réseau de gaz naturel, la difficulté d’acquérir un terrain pour stoker le phosphogypse, et les problèmes de terres collectives dans la délégation d’El Mdhilla lesquels rendent difficiles l’appropriation du terrain sur lequel est construit l’usine.

Autres entraves : au bout de dix ans, les travaux n’ont pas pu être achevés à cause des sit-in et autres manifestations qui se sont répétés tout le long de cette période.

Dans une interview accordée récemment à un magazine de la place, le nouvel ambassadeur sud-coréen en Tunisie, Sun Nahmkook, a estimé qu’« un retard de dix ans, c’est long, c’est même très long ».

Pas de nouvel investissement sans l’ouverture de M’dhilla 2

Le diplomate coréen a ajouté que l’achèvement des travaux de cette usine « peut constituer un feu vert voire un signal fort pour les entreprises coréennes pour venir en Tunisie. Il faut qu’on les rassure. Terminer les travaux de M’dhilla 2, c’est désormais d’une grande importance et d’une brûlante actualité », a-t-il dit.

Pour mémoire, M’dhilla 2, comparée au reste des usines du bassin minier de Gafsa, serait un joyau industriel. L’usine, qui a nécessité un investissement de 640 millions de dinars (MDT), a été conçue conformément aux normes internationales en termes de préservation de l’environnement. Ainsi, l’unité de production d’acide sulfurique est équipée par un des systèmes les plus modernes dans le domaine de lutte contre la pollution de l’air et les émissions de gaz, ce qui lui permet d’absorber le dioxyde de carbone.

Elle dispose également d’un système de récupération de la température sous forme de vapeur pour la transformer ensuite en électricité.

Par ailleurs, abstraction faite des difficultés rencontrées par l’usine du triple superphosphate de M’dhilla 2, les autres entreprises sud-coréennes implantées en Tunisie ou ayant des affaires en Tunisie sont satisfaites de leur situation dans le pays. Elles sont mêmes citées comme des success stories.

C’est le cas notamment de la société Yura Corporation, compagnie coréenne spécialisée dans la fabrication des câbles et composants électriques automobiles. Installée à Kairouan, l’usine emploie 1 500 personnes. Selon l’ambassadeur de la Corée, qui a visité cette usine au mois d’août 2021, cette société est particulièrement satisfaite de la productivité des travailleurs tunisiens.

Idem pour le groupe Hyundai Rotem, société sud-coréenne spécialisée dans la fabrication de locomotives et de matériel de roulement ferroviaire qui a remporté le marché de construction des 112 rames du réseau ferroviaire rapide (RFR).

​Cela pour dire in fine que la Tunisie, qui entretient un partenariat de qualité avec la Corée du Sud dans d’autres domaines stratégiques (digitalisation, automobile…), a tout intérêt à faciliter au maximum l’implantation des investisseurs sud-coréens sur son sol. Dans ce contexte, la décision d’accélérer l’achèvement des travaux de M’dhilla 2 ne peut être que saluée.