Les statistiques officielles de la Banque centrale de Tunisie (BCT) ne dévoilent aucune injection directe de liquidité avec ou sans planche à billets, alors que des rumeurs ont circulé récemment sur l’impression de billets par la BCT, afin de couvrir les salaires de janvier 2022. C’est ce qu’a affirmé l’expert en économie et en marché financier, Moez Hadidane.
En effet, toute injection de liquidité par la BCT (avec ou sans planche à billets) doit se retrouver nécessairement dans les statistiques de l’Institut d’émission, a-t-il expliqué dans une déclaration, vendredi 28 janvier, à l’Agence TAP, faisant savoir qu’aucune trace d’injection directe de liquidité ni à travers l’achat direct de BTA (Bon de trésor assimilable) dans le cadre d’une adjudication réservée à la banque centrale, ni à travers une injection dans les comptes des banques ou du trésor.
Il a indiqué que la dernière opération de monétisation directe remonte au 5 août 2021, notant qu’une hausse éventuelle du solde du compte courant du Trésor n’est pas nécessairement causée par une intervention directe de la Banque centrale, et encore moins par l’utilisation de la planche à billets (qui peut être parfois légitime lorsque la taille de l’économie s’accroît ou les réserves en devises ou en or augmentent).
L’expert a souligné que la variation du solde du compte du Trésor au mois de janvier 2022 est expliquée d’abord par l’échéance du délai réglementaire mensuelle de paiement de certaines taxes comme la TVA (qui doit être payée avant le 25 de chaque mois), la conversion (dinarisation) du crédit algérien en dinars (300 millions de dollars), le placement périodique d’une partie des dépôts d’épargne de la Poste chez le Trésor et enfin l’émission de Bons de Trésor.
A ce titre, le trésor a levé lors de l’adjudication de BTA du mois de janvier 2022, un montant de 113,4 millions de dinars et 118,3 millions de dinars lors de l’adjudication bimensuelle du mois de janvier 2022.
Il s’apprête d’ailleurs à encaisser, le 2 février 2022, 651 millions de dinars suite à l’émission de Bon de trésor de court terme (BTCT), de 26 semaines en date du 27 janvier 2022.
Hadidane a souligné que la BCT injecte périodiquement, de la liquidité dans l’économie à travers ses interventions à son initiative pour le refinancement des banques notamment les appels d’offre (à une semaine, un mois, trois mois et six mois) et les achats fermes (Open Market) de Bons de Trésor (de seconde main) dans le cadre de sa politique monétaire.
La BCT intervient, également, à l’initiative des banques : facilités de prêt et de dépôt à 24 heures. Ces interventions sont matérialisées par l’échange en contrepartie d’un collatéral soit des actifs négociables et non négociables qui répondent aux critères d’éligibilité prévus par la circulaire n° 2017-02 du 10 mars 2017, relative à la mise en œuvre de la politique monétaire de la Banque Centrale de la Tunisie.
Par dérogation et dans le cadre des mesures prises pour soutenir les agents économiques face à la pandémie du COVID 19, la BCT (circulaire n °2020-10 du 17 avril 2020) peut admettre, en garantie des opérations de refinancement, des actifs négociables et non négociables qui ne répondent pas aux critères d’éligibilité.
Plus rarement, la BCT peut injecter directement de la liquidité dans l’économie, soit à travers l’achat direct de Bons de Trésor sur le marché primaire, comme ça été le cas au mois de février 2021, pour un montant de 1 milliard de dinar, soit par le dépôt d’argent sur les comptes des organismes qui disposent de comptes chez la BCT (les Banques et le Trésor).
La liquidité des banques évolue en fonction de l’impact expansif ou restrictif des facteurs autonomes de la liquidité à savoir : la conversion de la monnaie centrale en billets en circulation, la fuite de monnaie centrale vers le compte du trésor et la conversion de la monnaie centrale contre devises (solde des opérations avec l’extérieur), a-t-il encore précisé.