La loi de finances (LF) pour l’exercice 2022 reste irréaliste par rapport aux changements qui s’opèrent au niveau mondial et comporte de nombreuses contradictions dans les hypothèses sur la base desquelles elle a été adoptée. C’est ce qu’a indiqué le président de l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE), Taïeb Bayahi, dans une interview accordée à l’Agence TAP.
“La LF 2022 ne peut jouer un rôle d’incitateur pour les entreprises, notamment avec les contraintes qu’elle recèle et le manque de clarté qui permettrait de parvenir à un accord avec le Fonds monétaire international (FMI)”, estime Bayahi.
Il indique qu’une lecture de la LF 2022 met en lumière cinq erreurs qui se répètent dans chaque projet de loi de finances et remet en cause leur crédibilité. La première erreur est le manque de précision dans les hypothèses retenues lors de son élaboration, ce qui nécessite l’adoption d’hypothèses objectives basées sur des prévisions acceptables et claires, et ce dans l’objectif de réduire la marge d’erreur entre ces hypothèses et les résultats effectifs.
Pour Bayahi, la deuxièmement erreur est la contradiction qui existe entre la LF 2022 et le programme de réforme annoncé avec le FMI.
Parmi les autres éléments, il a cité le degré de crédibilité et d’efficacité des mesures prises en matière d’identification des sources de l’endettement extérieur et de l’appui aux entreprises en difficulté, outre l’absence d’évaluation des risques potentiels.
Les mesures fiscales de la nouvelle loi de finances ne reflètent aucune vision réformiste
Sur un autre volet, Bayahi pense que les mesures fiscales de la LF 2022, lesquelles ne reflètent aucune vision réformiste du gouvernement, ne sont qu’une continuité par rapport au parcours des anciens gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays depuis la révolution.
A cet égard, il critique les mesures fiscales de la LF de 2022, notamment l’article 52 qui annule le régime suspensif de la TVA pour les sociétés de commerce international (SCI) et les entreprises de services exportatrices.
Aucune pression n’est exercée par le FMI
En ce qui concerne l’évaluation de l’IACE de la situation économique actuelle et suite à la polémique relative aux négociations entre la Tunisie et le FMI, et la capacité de la Tunisie à appliquer les recommandations du Fonds en matière de mise en œuvre de réformes -forcément douloureuses – pour obtenir un financement extérieur, Bayahi a nié l’existence de pression exercée par l’Institution de Bretton Woods. Cependant, il a expliqué que tout prêteur impose l’obtention de garanties quant à la capacité de remboursement de l’emprunteur.
Le FMI, poursuit-il, veut des garanties sur la capacité de l’Etat tunisien à rembourser ses emprunts, et ce soit à travers l’amélioration de ses ressources fiscales, ou la réduction de ses dépenses, soit les deux à la fois.
Selon le président de l’IACE, les réformes doivent être importantes et convaincantes et capables de restaurer la croissance économique et de fournir l’environnement approprié pour les générations futures avant de dire qu’il s’agit de réformes douloureuses ou non.
” Si elle est mise en œuvre de manière claire et efficace, le bénéfice de toute réforme est supérieur à ses répercussions “, a-t-il encore souligné.