L’Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives (ITCEQ) appelle, dans un rapport sur la “Réforme de ciblage des subventions alimentaires”, à étaler sur le temps la phase de démantèlement ainsi que la mise en place du nouveau système des transferts directs de subventions alimentaires”.
L’ITCEQ pense que l’apaisement sur les marchés mondiaux des denrées alimentaires de base peut constituer une opportunité pour le déclenchement de la réforme surtout si une démarche progressive serait privilégiée.
Le rapport indique que l’évolution des subventions alimentaires n’a cessé de progresser ces dernières années constituant un réel défi de politique publique dans un contexte budgétaire tendu, au vu que le poids moyen de ces subventions dans le PIB a progressé de 1,3% entre 2003-2010 vers 1,8% du PIB entre 2011-2017.
L’ITCEQ recommande aussi à ce que la réforme soit conçue dans le cadre d’une démarche globale de soutien à l’investissement et accompagnée par des politiques qui viseraient une meilleure exploitation du redressement de l’épargne publique suite à la rationalisation des subventions.
Par ailleurs, il préconise que ce ciblage dynamique intègre des mécanismes de garantie de revenus contre d’éventuelles pertes d’emploi et de revenu, à travers l’utilisation d’une partie des économies réalisées sur les dépenses de compensation pour promouvoir l’employabilité et la mise à niveau des compétences des travailleurs.
L’ICTEQ estime ” nécessaire d’accompagner la transformation dans les secteurs où la rentabilité risque fortement de baisser suite à la réforme, telles que les activités des filières de transformation du blé (minoteries, boulangeries , pâtisseries, autres industries utilisant la semoule ou la farine), qui connaîtront probablement un désinvestissement conséquent.
Il souligne en outre l’impératif de pérenniser la réforme de ciblage en optant pour un ciblage par les investissements plutôt que par la distribution de revenus. ” Ceci concernerait surtout les investissements visant à améliorer la qualité et l’efficience des services publics de base tels que les transports publics, la santé, l’éducation… L’utilisation d’une partie de la marge fiscale dégagée pour intensifier les investissements dans ces services peut avoir des conséquences, en matière de réduction du coût de la vie plus durable que les transferts directs de revenus “, explique l’ITCEQ, ajoutant que cette démarche serait bénéficiaire non seulement pour les catégories à faible revenus mais aussi pour l’ensemble des ménages notamment, pour la classe moyenne.