Joli coup du sort ! La Francophonie et la TICAD 8 s’offrent à nous sur un plateau d’argent. Deux opportunités pour relancer le secteur exportateur. Deux essais en or pour -enfin – amorcer le nouveau modèle de développement, introuvable jusque-là.
A regret, on constate que l’éclaircie n’est pas au rendez-vous en ce début d’année 2022. Notre horizon reste de courte vue. Il commence, et pourrait hélas se terminer au mois de mars, date du round, tant attendu, avec le FMI.
Pour leur part, les hypothèses de croissance retenues par le plan 2023-2025, dont on ne comprend pas les raisons du décalage, ne mènent pas bien loin. Leur perspective est si réduite car on nous projette dans un trend de croissance de 2,3 % en 2022 et puis 2,6 % en 2023. Ces prévisions exprimées en langage parlé lequel possède une version économique de “Propos de café de commerce“, on sera à 2 et quelques poussières. De quoi faire exploser, au figuré, les objectifs.
A parler vrai, cela revient à faire du surplace en se surexposant à toutes les formes de contestation sociale. Ce climat contrariant nous fait oublier qu’en tout début d’année et dans un épais silence, le gouvernement a enfin officialisé la tenue du Sommet de la Francophonie, ainsi que la 8ème édition de la TICAD (Tokyo International Conference on African Development). Deux ballons d’oxygène qui nous tombent du ciel, et non du labeur de notre diplomatie économique. Nous y voyons des dividendes que nous devons à l’aura dont s’est drapé l’Etat de l’indépendance et de sa diplomatie inspirée et fort active.
Voilà deux radeaux de la méduse qui nous offrent une possibilité concrète de nous redéployer à l’international et principalement sur le reste du continent africain. Cela fait longtemps que le pays entretient cette ambition. Sans jamais parvenir à la concrétiser. Voici venue l’heure de vérité.
“The Gate of Africa“
Longtemps on s’est collé l’étiquette du pays qui possède un potentiel bien doté et à qui s’offrent des opportunités prometteuses et structurantes. Mais ne sachant transformer l’essai, notre tableau de chasse est resté fort démuni.
En effet, notre secteur exportateur peine à améliorer sa position en UE concentrée sur trois pays, à savoir la France, l’Italie et l’Allemagne. Il sature sur le Maghreb avec un maigre 2 %, et sur le reste du continent où il a à peine atteint 5 % de ses volumes d’échanges.
Rappelons-nous que nous allons héberger, cette année, deux événements phares. Il y a de quoi éclipser le round avec le FMI, tant l’audience continentale que cela nous procurera pourrait nous donner du champ sur le continent.
Il y aura d’abord le Sommet de la Francophonie, lequel devait avoir lieu en 2021. Ce dernier a été décalé pour “impréparation“, semble-t-il. En fait, c’est ce qui reste des explications laconiques qui ont circulé à l’occasion. C’est un miracle qu’il ne nous ait pas échappé car les compétiteurs se bousculaient au portillon, devant notre nonchalance et notre mutisme. Un événement à si fort retentissement devrait être en tête de nos sujets de communication à l’international. Quel meilleur sujet de relance de notre travail d’“Image Building“, pouvions-nous rêver ? Nous y voyons, pour notre part, une réédition du Sommet Afrique-France étant donné le nombre non négligeable de pays africains francophones.
Ensuite, la TICAD 8, c’est-à-dire que le Japon, la toute puissante économie du Soleil Levant, nous a élu “carrefour de l’Afrique“. Elle nous intronise “Continent Gate“, passage obligé pour “partenariser“ avec le reste du continent africain. Pourquoi ne pas se remettre à rêver plus grand, les yeux ouverts et en toute conscience, et faire de cette opportunité une reconnaissance de nos atouts d’un “Dragon“ ?
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Jamais auparavant la vie ne nous a réservé deux possibilités aussi énormes de redéploiement de notre secteur exportateur. A ce jour, les investisseurs étrangers nous snobaient au motif que notre marché domestique était étroit. Si avec ces deux tremplins on travaillait à rendre captive une partie du marché continental, les perspectives seraient améliorées pour notre secteur industriel. Quelle meilleure première marche pourrions-nous rêver pour nous engager sur la voie d’un nouveau modèle de développement ?
On va avoir de l’audience, sachons nous donner une profondeur de champ qui commerce. La France et le Japon, deux puissances du peloton mondial, du “Top-5“ planétaire, l’ont rêvé pour nous. Il nous appartient de le réaliser. Enfin que les atomes accrochent avec le reste du continent.
Au pas de charge !
Le Sommet de la Francophonie nous fait revenir la France, et ses réseaux continentaux sur un plateau d’argent. A bien des égards, on a le sentiment que la France s’est “désintéressée“ de la Tunisie. Renault et Peugeot, que nous devions accueillir sur notre sol, sont partis là où nous savons. L’embryon aéronautique est sous menace de transfert. A l’occasion du Sommet, on doit pouvoir rebâtir des schémas de partenariat en triangulation avec la France et le reste du continent africain.
Le même schéma d’expansion s’offre à nous en partenariat avec le Japon. Et la TICAD est l’occasion de matérialiser une ambition que nous n’avons pas su exploiter en accédant à la Zone de libre-échange africain (ZLECAf). Nos partenaires japonais sont en train d’auditer sept de nos secteurs économiques pour lesquels nous avons construit un standing avancé. C’est une véritable radioscopie du tissu économique tunisien que pratique la Chambre tuniso-japonaise en compagnie des experts japonais. Ensemble nous ferons focus sur l’Ouest africain. C’est une zone pour laquelle nous pouvons assurer une triangulation “gagnant-gagnant“.
Avoir le Japon comme binôme dans un tandem destiné à une intégration africaine, c’est en soi une riposte à la route de la soie. Grace à la TICAD, nous jouerons dans la cour des GRANDS.
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On ne comprend pas pourquoi, en annexe au plan que nous présenterons au FMI, on ne ferait pas mention de ces deux sommets si structurants pour notre devenir économique. Jamais auparavant le pays n’a eu entre ses mains des possibilités aussi importantes pour acter sa diplomatie économique. C’est ici et maintenant. Et quand il faut y aller, il faut y aller !
Ali Abdessalam