Lancement du premier fonds d’investissement spécialisé dans le financement de l’innovation et le “Capacity building“ pour les PME.
Mercredi 23 février 2022, le fonds d’investissement InnovaTech voit le jour. Son lancement a été fait en grandes pompes. C’est une carte gagnante pour le gouvernement actuel. Un tel fonds, destiné au financement de l’innovation en faveur des PME des secteurs traditionnels, comprenez autres que celle relevant de l’IT, est une véritable fenêtre sur l’avenir.
Certes, il s’agit d’un acte de résistance économique à la suite de l’engourdissement d’activité que nous a fait subir la pandémie de Covid-19. Mais c’est aussi une “hirondelle“ qui pourrait annoncer l’amorçage d’une renaissance de l’écosystème de financement de l’innovation perçu de tous comme un signe de vitalité. Toutefois, n’allons pas vite en besogne !
Lever de rideau sur InnovaTech
Trois ministres étaient au rendez-vous du lancement d’InnovaTech. Nejla Gharbi, DG de la CDC, était également de la partie. Ainsi qu’Alexandre Robiot, directeur représentant de la Banque mondiale, partenaire financier de l’opération avec l’AFD (Agence française de développement), de même que KFW (banque allemande).
Samir Saïed, ministre de l’Economie et de la Planification, y voit une brique nouvelle dans l’écosystème de financement de l’innovation par les entreprises opérant dans les secteurs traditionnels. Leur élan d’innovation leur procurerait un supplément de productivité et de compétitivité, deux atouts décisifs dans la concurrence internationale. Il appelle à conférer au Fonds une dimension horizontale.
C’est ce que confirme la ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Energie, Neila Gongi, qui y voit une possibilité de Up grading pour les entreprises des secteurs traditionnels qui veulent se lancer dans l’innovation.
Ancienne DG du Technopark du textile elle voit dans ce fonds spécialisé une opportunité pour l’ensemble du tissu “Technopolitain“, coquette fantaisie linguistique de Neila Gongi, afin de rebondir et de retrouver ses ambitions quelque peu rentrées après l’éclipse infligée par la transition.
Sihem Nemsia, ministre des Finances, rappelle que l’enveloppe de 125 millions de dinars qui serait mobilisée par le Fonds aiderait à conforter la structure financière des entreprises éligibles aux concours du Fonds sans les exposer aux aléas du crédit bancaire. Outre que les concours d’InnovaTech, qui interviennent en apport de fonds ou de quasi fonds propres, constituent un précieux levier de rentabilité.
Nejla Gharbi, DG de la CDC, partie prenante dans la structuration du Fonds, se voulait rassurante quant à l’opérabilité organisationnelle d’InnovaTech et de son champ d’activité.
Alexandre Robiot, directeur représentant de la BM, rappellera que la Banque avait bien anticipé la dotation du fonds à travers une enveloppe de financement de 75 millions de dollars US. Cette dernière, représentant la contrevaleur de 230 millions de dinars totalement dédiée à l’écosystème de l’innovation, englobait bien InnovaTech. C’est la preuve que la BM croit dans le volet “SMART renaissance“ de l’économie tunisienne.
L’apport bienveillant de Smart Capital
De même que le rappelait Alaya Bettaieb, InnovaTech est mis sur pied une année environ après le Fonds Anava lancé le 23 mars 2021. Cette année de décalage a été mise à profit pour bien résoudre tous les préalables à résoudre avant la mise en service d’InnovaTech.
Et Tarak Triki, DG d’InnovaTech, annonce que le fonds a déjà, dans la foulée de son montage, statué sur des sollicitations d’entreprises et deux accords de financement ont été consentis. Ce démarrage à l’américaine est un signe positif de réactivité opérationnelle qui vient rajouter du tonus à la cause de la PME innovante laquelle n’arrivait pas à se faire entendre car le premier volet du programme national de Start Up Tunisia focalisait sur les jeunes pousses technologiques.
Voilà les secteurs traditionnels, en dynamique de compétitivité disposeront d’un fonds à leur écoute. Et qui plus est, bien doté d’une réactivité opérationnelle solidement éprouvée par l’encadrement de la CDC et de son ainé, Smart Capital.
Des concours bien ciblés
InnovaTech dispensera deux types de concours aux entreprises innovantes. Le Fonds peut prendre des participations au capital ne dépassant pas 40 %, laissant ainsi la possibilité de cofinancement à d’autres institutionnels.
Il pourrait également intervenir par le biais d’obligations convertibles en actions, opération dite de quasi fonds propres. De même qu’il peut selon son appréciation accorder une simple subvention financière. Les concours du fonds peuvent aller de 1,5 MDT à 7 MDT et sont consentis pour une période pouvant aller de 5 à 7 ans. Outre les opérations de financement des programmes d’investissement de l’innovation InnovaTech peut également intervenir dans le programme de structuration organisationnelle et d’accompagnement des modules de formation des cadres d’entreprises. Cela rentre dans le financement des plans de repositionnement stratégique.
Tarak Triki, avance que le Fonds statuerait sur dix accords de financement par an ce qui fait un total de 50 entreprise pour son premier mandat. Cela ne suffira pas à un basculement global de l’économie nationale mais il y a fort à parier que cela servira de programme pilote pour un plan global et des initiatives à plus vaste échelle.
Bon vent à Innova Tech.
Ali Abdessalm