La hausse des prix du blé, qui a atteint des niveaux records dans le monde suite à l’attaque militaire russe en Ukraine, jeudi 24 février 2022, aura des répercussions directes sur la Caisse de compensation de Tunisie. C’est ce que pense Béchir Mestiri, président de CONECT Agri, dans une déclaration à la TAP
80% du blé tendre utilisé dans la fabrication du pain ordinaire (produit subventionné) sont importés de l’étranger et particulièrement de l’Ukraine, a t-il précisé. En raison de l’escalade en Ukraine, le prix de blé a flambé, atteignant les 344 euros, soit environ 1 112 dinars la tonne sur Euronext, principale place boursière européenne.
L’impact sur la caisse de compensation ne se limite pas au blé tendre dont 20% seulement, sont produits en Tunisie, il concerne également l’ammonitrate, engrais subventionné utilisé dans l’agriculture et importé de la Russie, rappelle Mestiri.
La mer noire par laquelle transite une bonne partie des importations des matières premières provenant aussi bien de la Russie que de l’Ukraine, est actuellement un terrain de conflits, ce qui ne manquera pas d’avoir un impact sur les prix de ces produits pour la Tunisie et le reste monde. Ceci étant, ces répercussions dépendent de la durée du conflit, a souligné le président de CONECT Agri.
S’agissant du blé dur utilisé dans la fabrication des pâtes, les risques sont limités étant donné que 80% de la consommation sont assurés par la production locale.
Par ailleurs, afin de faire face à la hausse des prix du blé tendre et assurer une bonne gestion de la saison actuelle, le responsable de la CONECT a préconisé de suivre l’exemple de l’Egypte et de lancer rapidement, un appel d’offres pour l’achat du blé tendre.
Cependant, cette mesure est confrontée à un obstacle de taille en l’occurrence la capacité de stockage limitée (environ 3 mois de consommation) de la Tunisie dans ce domaine.
Même si l’Etat peut recourir à la location d’entrepôts, lesquels ne répondent pas tout à fait aux normes de stockage exigées, ll est difficile de porter cette capacité de stockage de 3 mois à 6 mois au minimum, en l’absence de stratégie dans ce domaine, a-t-il dit.
Mestiri déplore la politique suivie dans le secteur agricole depuis 2011, étant donné que les mêmes directeurs occupent toujours les mêmes postes et sont atteints du syndrome de la “réunite” vaine, alors que des structures formelles, à l’instar du conseil scientifique de l’institut national des grandes cultures, n’a tenu aucune réunion depuis sa création, a-t-il relevé.
A fin septembre 2021, les dépenses de compensation ont augmenté de 11%, pour se situer au niveau de 2,6 milliards de dinars par rapport à la même période de 2020, selon le document des Résultats provisoires de l’Exécution du budget de l’Etat, publié par le ministère de Finances.
47% de ces dépenses sont orientés vers la subvention des produits de base (1,2 milliard de dinars), alors que la compensation des carburants et celle du transport accaparent respectivement 35% et 17,5% de l’ensemble de dépenses.