C’est dans l’espace Madiha Trabelsi, un nom lié à celle qui a décroché trois fois la Khomsa d’Or (2015, 2017 et 2019) et le deuxième prix “Notre Belle Tunisie” en 2018 que se déroule le Festival international de l’héritage culinaire organisé dans sa deuxième édition à Sfax par l’association “Saveurs de mon pays”.
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Inspirant l’authentique dans le décor, les arômes atypiques et les différents produits de terroir exposés (harissa, chriha, produits cosmétiques naturels, pâtisserie, habillement), les lieux, destination prisée des passionnés de l’habit traditionnel ont été durant les jours du festival une véritable pépinière d’échange et de partage du patrimoine local et international entre les différents clubs de “Saveurs de mon pays”.
Défendant haut et fort l’identité tunisienne avec sa touche moderne et artistique, Madiha Trabelsi a tenu à préciser que l’organisation de ce festival a été un véritable défi en cette conjoncture marquée encore par les lourdes conséquences économiques de l’après-coronavirus. Ce sont des femmes et des hommes qui ont cru à l’idée et qui se sont portés volontaires pour prendre part à cet événement qui s’est fixé pour mission non seulement de valoriser le patrimoine immatériel dans tous ses aspects mais aussi de renforcer l’esprit du réseautage au service du patrimoine.
Avec des moyens financiers très limités face à l’absence du sponsoring, Latifa Khairi, présidente de “Saveurs de mon pays”, a souligné que ce sont les clubs de l’association notamment le club de Sfax présidé par Madiha Trabelsi (organisateur principal) qui ont mis le paquet et l’âme, chacun à sa manière, pour organiser cette deuxième édition du festival “né en moment de crise” a-t-elle mentionné vu le temps réduit de préparation et le manque de soutien public et privé.
En effet, pour cette édition 2022, ce sont les clubs de l’association qui ont porté secours et tenu bon pour organiser l’édition en l’occurrence les clubs de Monastir (avec en chefs de file le chevronné Fredj Ahmed et la cheffe Hajjoura), Kairouan, Nabeul, Ariana, Cameroun, Sultanat d’Oman, Libye et l’Afrique sub-saharienne… et ce sous l’œil méticuleux du Grand chef et conseiller Nebil Rokbani, président-fondateur de l’Association “Maîtres des Saveurs et gastronomes de Tunisie” et formateur en fooding et restauration…un ambassadeur de la gastronomie tunisienne venu directement du Cameroun qui a fait appel pendant six mois à son expertise et à son savoir-faire pour le lancement d’une nouvelle chaîne hôtelière.
La marraine des clubs, a ajouté Latifa Khairi, a voulu, à travers ce festival, attirer l’attention encore une fois sur la nécessité d’oeuvrer davantage en vue d’aider les porteurs de petits projets à trouver des pistes pour exposer et pour commercialiser leurs produits purement traditionnels… chose promise et concrétisée par de véritables soldats de l’ombre.
Un festival né en moment de crise
Loin de l’aspect folklorique et des propos anodins de certains officiels n’ayant même pas pris la peine de goûter aux plats préparés avec engouement par des chefs et cheffes venus de tous bords, le festival, a-t-elle mentionné, est une occasion pour rassembler la société civile active et les personnalités publiques dans les différents secteurs pour les sensibiliser à l’importance de telles manifestations.
Preuves à l’appui, le festival a pu réunir de grandes figures de la région et d’ailleurs qui ont appuyé chacun à sa manière l’association dans sa démarche originale et singulière en matière de mise en valeur du patrimoine culinaire et traditionnel.
Parmi les personnalités présentes l’on cite notamment le chercheur Ridha Kallel et l’une des anciennes de la radio de Sfax, Najiba Maalej Derbel, secrétaire générale de l’Union des écrivains tunisiens (connue pour son émission télévisée “Miiaad maa edhad…” et son programme radiophonique ” Sadafet “) qui a précisé que ce sont de telles activités qui sont à même de promouvoir notre riche patrimoine à l’échelle nationale et internationale.
Femme active depuis de longue années dans le société civile, la géologue et auteure Asma Baklouti a fait part de son émerveillement quant à l’ambiance qui a régné dans l’espace allant de la présentation de plats traditionnels variés en provenance de Monastir (Chebtia, Leftia, l’Akid, le brik de Mahdia…) de Sfax (Charmoula, Mhammes aux légumes, Homs et foul Moklis…) ou encore du Sénégal (Thiebou, riz au poisson), de Libye (Bazina, El Marfousa…) jusqu’à l’exposition des différents produits de terroir à laquelle ont participé des porteurs de projets dont le souci est d’innover chacun dans sa discipline pour ne citer que la diplômée universitaire Monia Guesmi ou encore le jeune créateur Mahdi Trabelsi.
Se portant bénévole pour le festival, Amira Ouanes Ghorbel, Docteur chercheuse en biologie marine à l’Institut National des Sciences et technologies de la mer de Salammbo a indiqué que notre patrimoine malheureusement délaissé mérite une attention particulière des citoyens en attendant l’appui requis de l’Etat.
Grande voyageuse en mer et dans le monde et membre de “Beit El Khebra”, la plus grande association de développement à Sfax, elle a relevé l’importance de la valorisation du patrimoine en matière de développement économique et d’attraction des touristes avides de découvrir notre propre patrimoine culinaire malheureusement absent dans l‘hôtellerie tunisienne en général.
Présent sur les lieux, Khaled Ammar, propriétaire d’une bibliothèque privée de son grand père Cheikh Mahmoud Ammar, a tenu à préciser que cet effort mené sur tous les plans pour redonner au patrimoine tunisien une valeur ajoutée est à saluer surtout qu’il est entrepris par des femmes tunisiennes dont le talent est confirmé.
Auteur du livre en arabe “Deux figures emblématiques de Sfax au 19ème siècle: Mohamed et Mahmoud Ammar, deux exemples de la scène culturelle et sociale”, il a tenu à signaler que de tels efforts en matière de préservation du patrimoine historique et civilisationnel devraient être soutenus à plus large échelle.
Venant du Kef, Ammar Thligene président de l’association de sauvegarde et de développement de la médina du Kef a indiqué que l’association ” Saveurs de mon pays ” est en train de fournir depuis sa création des efforts considérables en matière de valorisation du patrimoine tunisien.
Sa présence s’inscrit d’ailleurs dans le cadre du partenariat avec ” Saveurs de mon pays ” qui date de plus de cinq ans et qui consiste entre autres en l’échange entre les deux parties en ce qui concerne la participation aux foires de l’artisanat organisées au cours des événements, et ce, dans le cadre de la promotion du produit artisanal (tissage, habits traditionnels patrimoine culinaire)… Un partenariat qui touche également l’organisation d’ateliers de préparation des plats spécifiques de chaque région comme le fameux “Borzguene” que certains donnent au “Festival de Mayou” le nom de ce plat.
D’emblée, cette collaboration, a-t-il ajouté, consiste en l’organisation annuelle du festival patrimonial du Kef qui valorise le patrimoine matériel et immatériel de la ville et de la région qui fêtera cette année sa 32ème édition du 18 au 22 mai 2022.