“SOS borjs en péril”, c’est le thème du circuit culturel qui sera organisé les 19 et 20 mars 2022 par l’Association des propriétaires des anciennes demeures à Sfax.
Présent à la foire internationale de l’olivier à Sfax, Nejib Fourati, le trésorier de l’association, a expliqué que ce circuit vise à tirer la sonnette d’alarme encore une fois sur la situation dégradante de quatre borjs, en l’occurrence Borj Mzid, Borj Ben Mrad, Borj El Fakhfakh et Borj Kammoun.
Avec l’appui notamment du ministère des Affaires culturelles, de l’Association des amis des arts plastiques et de l’Institut français de Tunisie (IFT), l’Association des propriétaires des anciennes demeures à Borj Kallel organise cette manifestation pour la visite de ces demeures anciennes à Sfax avec au programme du samedi 19 mars 2020 un circuit dans ces quatre demeures à raison de deux le matin et deux l’après-midi.
Le même circuit sera répété le dimanche 20 mars 2022. Le programme prévoit le vendredi 18 mars à partir de 18H00 une table ronde ” Thème symbolique ” animée par Sofiene Souissi à Borj Kallel et une comédie musicale qui sera donnée par Mouja et Takmira (Ce spectacle est pour 20 Dinars).
Les journées du samedi 19 et dimanche 20 mars seront réservées au même circuit pour les deux jours : à Borj Kamoun (chant et danse espagnole), à Borj Mzid (aoula banbalouni, et présentation des ghorbels), à Borj Fakhfakh un slam effectué pat Hatem Karoui et faïence tunisienne présenté par Nahed Bayrouti, et à Borj Ben Mrad (chorégraphie présenté par Jilan). Mais ce n’est pas gratuit: il faut compter 70 dinars par personne pour le circuit, les animations et le déjeuner.
Cette manifestation vise à sensibiliser la population, la société civile et l’Etat à la nécessité d’œuvrer d’urgence à sauver ces anciennes habitations à Sfax de la menace dangereuse de l’expansion urbaine anarchique. En effet, les borjs ont enregistré une régression importante durant les dernières années sous cette menace.
Déjà un cri d’alarme avait été lancé auparavant par l’historienne de l’Institut national du patrimoine (INP), Sihem Kallel Ben Amor, mettant à l’indexe la transformation de certains borjs en locaux pour des activités industrielles polluantes.
Les dangers qui pèsent sur les borjs menacent aussi de disparition une panoplie de métiers et de savoir-faire traditionnel autrefois intimement liés à ce style architectural des habitations traditionnelles à Sfax. Il s’agit en particulier des ustensiles de cuisine, des instruments agricoles ou encore des éléments de décoration, les meubles et les costumes traditionnels qui sont autant de composants reflétant des aspects du mode de vie traditionnel des familles sfaxiennes.
Les borjs qui dégagent les relents d’une histoire riche de souvenirs et de traditions reflètent l’attachement fort des sfaxiens à leur région.
Les premiers borjs selon les historiens ont été construits au 18ème siècle mais d’autres spécialistes datent les premiers du 17ème siècle. Ils étaient au début petits à rôle défensif écrit Zaher Kammoun, ingénieur géologue de formation, photographe de passion, blogueur, documentaliste de patrimoine et journaliste citoyen. Ce sont des habitations de forme carré d’un seul étage avec une seule entrée et quelques petites fenêtres.
Bâties comme des citadelles avec de hautes murailles, les borjs sont apparus au 17ème siècle avec l’émergence dans la vie des sfaxiens de résidences secondaires pour la saison d’été et le printemps pour profiter de la fraîcheur de cette zone et surtout des fruits de la saison.
Le modèle architectural des borjs est aujourd’hui reproduit dans une certaine mesure dans les habitations modernes et constituent une source d’inspiration pour les architectes et les décorateurs d’intérieur dans la région de Sfax. Des associations œuvrent à préserver les Borjs en essayant de les inclure dans le dossier de candidature de Sfax sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.