Les travaux des 2èmes Assises internationales du journalisme de Tunis ont démarré, jeudi 17 mars 2022, à la Cité de la culture à Tunis et se poursuivront jusqu’au 19 mars. Quelque 700 journalistes de 30 pays arabes, européens et africains y ont pris part.
A l’ouverture des travaux, Francesco Akusa, chef adjoint de la Délégation de l’Union européenne à Tunis, a affirmé que les Assises de Tunis se tiennent dans un contexte de pandémie qui bat son plein et d’une guerre entre l’Ukraine et la Russie qui fait rage; deux événements majeurs qui viennent compliquer la donne et rendre le paysage mondial plus compliqué que jamais.
Face à ces défis de taille, ajoute le responsable européen, les sociétés d’aujourd’hui se retrouvent lassées et espèrent se relever de nouveau à travers un paysage médiatique où la liberté d’expression et l’indépendance des médias sont de mise.
Dans ce contexte, il a souligné l’importance de fournir aux citoyens une information fiable et crédible, dès lors qu’elle est un des piliers essentiels du système démocratique.
“Il n’y a pas de lendemain sans des médias libres et intègres, notamment dans un contexte où les journalistes sont visés et la liberté d’expression est menacée “, a-t-il martelé.
Il a, par ailleurs, estimé que toute atteinte à la crédibilité des médias, à la liberté d’opinion et aux droits des journalistes est un affront à l’essence et la quintessence du travail journalistique, appelant les professionnels des médias à défendre résolument la liberté d’expression et à transmettre la vérité, rien que la vérité face à la montée en puissance des réseaux sociaux et la propagation virale de la désinformation sur la toile.
De son côté, Jérôme Bouvier, directeur de l’Association Journalisme et citoyenneté, a souligné l’importance du rôle de la presse dans toute démocratie, affirmant qu’il : ” ne peut y avoir d’avenir commun, sans presse libre et sans information loin de l’hégémonie du pouvoir. ”
Prenant la parole, la vice-présidente du Syndicat national des journalistes tunisiens, Amira Mohamed, a dressé un état des lieux de la situation du journalisme en Tunisie durant les dernières années. Elle a accusé le gouvernement Chahed d’avoir inlassablement ” muselé ” le secteur des médias et s’est efforcé d’acheter la conscience de certains journalistes. ” Il est sans nul doute un gouvernement prédateur de médias et des journalistes “, a-t-elle dit.
Preuve à l’appui, ” il s’est abstenu de publier l’accord-cadre des journalistes au Journal officiel alors qu’il s’agit d’un texte-clé pour l’avenir de la profession en Tunisie “, a-t-elle rappelé.
Même reproche envers le gouvernement Mechichi qui, a-t-elle souligné, a tenté de domestiquer les journalistes, rappelant à ce titre “la grande bataille” menée par les journalistes pour défendre le décret-loi n°116.
Elle a également critiqué le président Kais Saied qui, a-t-elle dit, poursuit une ” stratégie de communication virtuelle ” qui exclut le journaliste et les médias et se contente de faire appel aux publications via la page officielle Facebook, réduisant ainsi le journaliste à un simple récepteur de messages.
Il en est de même pour la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, qui n’a tenu aucune conférence de presse depuis sa nomination. Bien plus, elle s’est empressée de publier la circulaire n°19 qui vise à porter atteinte au droit d’accès à l’information et au décret-loi n°20 ciblant l’action syndicale.
Les travaux des 2èmes Assises internationales du journalisme prévoient plus de 150 activités, dont des séances-débat sur le journalisme face aux urgences sanitaires, le journalisme en tant qu’acteur agissant dans l’urgence démocratique, le besoin impérieux d’un journalisme d’investigation, l’éthique professionnelle et l’auto-organisation.
Des ateliers seront également organisés sur l’initiation aux podcasts, l’état des lieux, la présentation des perspectives du journalisme environnemental dans la rive sud de la Méditerranée, l’échange des expériences sur les radios communautaires et la protection des femmes journalistes lors de la couverture des crises.